Simone Bertière, enseignante et historienne, préfacière des Livres de Poche de la trilogie de Dumas consacrée aux mousquetaires publie l'histoire de ce chef-d'oeuvre.
Fils d'un général de la Révolution,
Alexandre Dumas né en 1802, commence sa carrière comme gratte papier chez le Duc d'Orléans, ce qui lui laisse du temps pour écrire des pièces de théâtre et entrer en relation avec
Victor Hugo et les romantiques. L'accession du Duc au trône en 1830 favorise sa carrière et il connait un triomphe avec sa pièce Anthony jouée à la Porte
Saint Martin.
L'évolution politique, l'évolution culturelle, l'émergence d'une presse cherchant le moyen de fidéliser les lecteurs contribuent à la naissance du « roman feuilleton » que «
Les mystères de Paris » d'
Eugène Sue consacrent, ce qui incite Dumas, pour d'évidentes raisons financières, à s'inscrire dans ce courant.
Secondé par
Auguste Maquet, son documentaliste, il industrialise l'écriture des feuilletons et publie entre 1844 et 1848 l'essentiel de ses chefs d'oeuvres en livrant parallèlement plusieurs quotidiens.
Les trois mousquetaires,
le Comte de Monte-Cristo,
La Reine Margot,
Vingt ans après,
le chevalier de Maison Rouge,
La Dame de Monsoreau, Joseph Balsamo,
Les Quarante-cinq paraissent dans le Siècle,
Le Journal des Débats, La Presse, le Constitutionnel et Démocratie pacifique. En quatre ans, la gloire et les profits comblent Dumas et profitent dans l'ombre à Maquet.
Les révolutions de 1848 brisent cet élan. Dumas essaye de se lancer en politique et laisse Maquet commettre quasiment seul
le Vicomte de Bragelonne. Les théâtres perdent leurs spectateurs et les journaux ont une telle actualité à couvrir que les romans-feuilletons perdent une part de leur justification … Adieu veau, vache, cochon …
La faillite rattrape Dumas, qui juge prudent de se réfugier en Belgique ; Maquet privé de revenus attaque en justice le romancier, ce qui signe la fin irrévocable de leur partenariat … Il leur reste à survivre chacun de son côté.
Simone Bertière analyse les sources documentaires des Mousquetaires et, tout en signalant quelques erreurs, souligne leur fidélité à l'histoire qui contribue à forger le roman national.
Cette étude, limitée à la vie professionnelle de Dumas n'est pas une biographie classique et ne remplace pas la monumentale étude qu'
André Maurois consacra aux « Trois Dumas », elle la complète et d'une certaine façon, l'introduit.
Un ouvrage que tout amoureux des mousquetaires se doit de lire assurément !