Les textes d'hommes sont plus dans la recherche d'efficacité, dans l'idée d'aller à l'essentiel (...).
La progression du désir que l'on trouve dans l'écriture féminine n’intéresse pas les hommes. Les femmes peuvent décrire avec plus de subtilité tout le chemin qui mène au lit, elles peuvent décrirent avec plus de violence ce qu'est pour elles la pénétration.
Imaginons un texte d'homme: une femme habillée comme une pute, en talons aiguille, bas nylon et mini-jupe, fait du stop Porte d'Orléans.
L'homme la prend dans sa voiture, l'emmène, et voilà que Porte de Bagnolet. Elle le prend dans sa bouche, porte des Lilas il la sodomise, tout se termine dans un gang bang avec 40 personnes.
Imaginons maintenant le même texte écrit par une femme: la même héroïne est présente sur le bord de la route pour une raison bien précise qui nous est expliquée (...). Elle est habillée de manière tout à fait normale. Elle se retrouve avec l'homme de la voiture qui la dépanne et là l'émotion prend le dessus, l'odeur du cuir ou de la cigarette lui tourne la tête, s'installe une description de la montée du désir. Les deux personnages s'en vont et les mêmes événements que dans le texte masculin peuvent survenir mais tout cela s'inscrit dans une évolution bien plus réaliste, en même temps, modulée, sensible.
Dans les romans masculins, les héros sont incroyablement gâtés par la nature et toujours très performants ou endurants. (...)
Esparbec a d'ailleurs toute une théorie sur ce qu'est un bon écrit pornographique: "un récit pornographique est un récit qui fait bander".
Une chose est sûre : malgré la banalité de la littérature trash, l'écriture érotique a gardé toute sa force. Elle puise par nature son énergie dans le seul fait de révéler ce qui est tu, ce qui ne peut être que secret.