Nicolas Beuglet, après trois romans avec l'inspectrice norvégienne Sarah Geringen, introduit dans
le Dernier message un nouveau personnage principal, l'inspectrice écossaise Grace Campbell. Il y a un an, elle a un peu raté une intervention et, depuis, mise de côté, elle se morfond en regardant avec désespoir sa silhouette un peu enrobée.
La voilà appelée par son chef pour mener discrètement une enquête sur un meurtre commis dans un monastère. La voilà à affronter les tempêtes de l'ouest écossais jusqu'à l'île d'Iona, où un inconnu qui faisait retraite depuis un an et demi dans une petite communauté de moine a été trucidé d'une manière horrible.
Qui était cet inconnu qui avait manifestement trouvé refuge dans cette abbaye ? de quoi s'entretenait-il avec les plus érudits des moines locaux ? A quoi correspondent les équations mathématiques découvertes dans sa cellule ?
Les thrillers de
Nicolas Beuglet cachent sous leurs dehors mystérieux des données scientifiques exactes et un état des théories qui y sont liées. le succès suit et ce quatrième roman semble très apprécié, si on en croit les critiques publiées sur Babelio. de fait, la partie scientifique, développée essentiellement à partir du quatrième quart de l'ouvrage, est très intéressante.
Pourtant ce roman pèche un peu, voir beaucoup, sur l'aspect thriller. Beuglet enchaîne les scènes, déplace son héroïne d'un pays à l'autre (remerciant au passage un de ses collègues qui a déjà écrit une série sur le même pays), développe une amitié qui tient vraiment à coeur à son inspectrice… de quoi attirer et captiver le lecteur. Certes... Mais quand on écrit un roman policier de ce type, la moindre des chose est de rester un minimum crédible. Là, nous trouverons une policière qui parcours des kilomètres, suite à l'appel de son chef, arrive avant tous les autres, et intervient seule dans un lieu fermé. Où sont le reste de l'équipe, médecins légistes, officiers de police, agents techniques ? Ne vous inquiétez pas, ils arriveront quand ils seront utiles à l'intrigue, mais pas avant.
Spoilions un tantinet. Grace va faire de la spéléologie là où personne n'est passé, alors qu'elle n'avait jamais pratiqué ce genre de sport. Elle va rencontrer le fils de l'ambassadeur américain en Écosse. L'idée d'indépendance écossaise est à la mode, mais pour le moment M. Beuglet, les États-Unis se contentent d'un Consulat général à Edinbourg. Je vous passe quelques autres réussites sur les conditions d'admission dans un avion dans un aéroport, les conditions des trajets sur la glace… Autant d'incohérences qui passent dans un film d'action, lorsque le spectateur reste scotché sur ce qu'il voit à l'écran. Dans un livre, le lecteur un minimum attentif se dit qu'on lui fait avaler n'importe quoi.
Et c'est vraiment dommage, car il y a de l'idée dans ce roman. de quoi faire réfléchir aussi. Bref, en terme de fond, la présentation faite par Beuglet vaut le détour, mais la forme est discutable.