AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Pchabannes


Notre civilisation occidentale a annoncé la mort de Dieu (“Dieu est mort ! Dieu reste mort ! Et c'est nous qui l'avons tué !” in le Gai Savoir de Friedrich Nietzsche) comme condition d'entrée dans la Modernité. Et pourtant l'homme occidental ne se satisfait pas du matérialisme de la modernité. Il est à la recherche d'une spiritualité compatible avec elle obligeant les religions à modifier leur message tout en restant compatible avec leurs textes fondateurs. L'Islam pourra-t-il franchir cette étape et Mohammed Iqbal devenir le Luther de l'Islam prouvant que Nietzsche s'est trompé ? Dieu est-il réellement mort ?

Mohammed Iqbal (1877 – 1938), inconnu ou presque en France, honoré comme Père fondateur du Pakistan - le Iqbal Day, le 21 Avril, marque l'anniversaire de sa naissance – et comme son poète officiel, est un profond connaisseur de la modernité occidentale et de ses philosophes tels Henri Bergson (1859-1941) ou Friedrich Nietzsche (1881-1900). A cheval sur les deux rives de ces continents culturels, il questionne l'Islam qui, après sa période flamboyante finissant au milieu du XIIIème siècle, se trouve pris dans les serres d'un conservatisme religieux anéantissant la pensée, interdisant l'exégèse des textes fondateurs et ne songeant plus qu'à “maintenir une vie sociale pour le peuple, en excluant jalousement tout innovation dans la loi de shari'a”.

En cet ouvrage, Abdennour Bidar se propose d'étudier, non le politique, mais le penseur de la destinée humaine en s'appuyant sur son maître livre composé de sept conférences données en anglais entre 28 et 32 : Reconstruire la pensée religieuse de l'islam. L'intérêt est double : parce qu'elles sont données en anglais, les risques d'interprétation sont réduits et la pensée de Iqbal est à son sommet. le lecteur découvrira cet Islam asiatique fortement teinté de soufisme et des traditions indiennes.

Abennour Bidar, fils d'auvergnate convertie dans mes années 60, aimerait croire que la vigueur de la pensée d'Iqbal pourrait permettre ainsi à la civilisation musulmane d'entrer dans la modernité tout en proposant au monde une spiritualité disparue dans le matérialisme et l'utilitarisme.

Ce livre est très intéressant quoique souvent difficile à lire et les grilles de lectures de l'ouvrage sont nombreuses et seul le regard du lecteur lui donnera la vie.
Toutefois l'Occident a commencé à lutter contre la Modernité. La condamnation de ce monde fondé sur l'oubli de l'être au profit d'un utilitarisme totalitaire a déjà été prononcée par Heidegger (1889 – 1976), contemporain d'Iqbal, décrivant le système, Gestell, et ses quatre idoles : la technique, l'argent, la masse et l'ego. Ce système où l'hédonisme, ou le plaisir de l'ego, est la cause finale du comportement moderne. Iqbal recherche aussi un égo, un Ego ultime que l'ouvrage développe longuement. Iqbal est contemporain de géants de la pensée et ses réflexions se retrouvent chez Jung, Heidegger, Bergson, Einstein, Nietzsche etc…Bidar pose Iqbal non comme l'un d'entre eux mais comme le primum inter pares, tout en ramenant tout à l'islam comme seule solution.

Pour ma part, Iqbal, pair des philosophes du XXème siècle, et témoin d'une culture voisine justifie en soi la lecture de l'ouvrage d'Abdennour Bidar.

Lien : http://quidhodieagisti.kazeo..
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}