Bifrost, n°76 : J.R.R. Tolkien

Une cohorte d'imitateurs reprennent les codes du "Seigneurs des Anneaux", considéré désormais comme une sorte de canon littéraire, et produisent de longs cycles romanesques en narration entrelacée, mettant en scène des mondes secondaires dont, bien souvent, on fournit la carte et les appendices...Inévitablement, il s'ensuit des réactions et l'apparition de romans de fantasy cherchant à se démarquer du "Seigneur des Anneaux", sur le plan thématique ou formel. De telles démarches, en visant à renouveler le genre, restent des hommages en creux à l'extraordinaire influence du roman. On ne cherche à se distinguer d'un modèle que lorsqu'il est devenu un classique.

Jean-Philippe Jaworski

Quand on gagne quelque chose, on perd toujours autre chose.

["Noc-kerrigan" - Thomas Day]

Quelque part, nous le savions, il existait des femmes assez dépravées pour s'accoupler avec des singes, des ânes ou des trolls des montagnes - voire avec des gars comme nous.

["Le Récit du Changelin" - Mickael Swanwick]

Cet intérêt pour le mode de transmission des récits est lié, bien sûr, à la formation de philologue de Tolkien, à son expérience des textes médiévaux. Mais, plus profondément, il s'accorde à l'idée qu'il se fait de sa création : ce n'est pas une mythologie "d'imitation" qui situerait ses histoires dans un passé hors d'atteinte pour séduire les lecteurs, c'est une mythologie "vraie", qui, bien que née sous la plume d'un auteur moderne, ouvre une fenêtre réelle sur un passé apparemment disparu, mais dont des traces subsistent dans la musique de la langue.

Isabelle Pantin

"Le Seigneur des Anneaux", c'est le livre qui donne la Fantaisie pour vraie.

Jean-Philippe Jaworski