Une
partie de chasse qui réunit des grands dignitaires de l'URSS dans une datcha somptueuse, propriété d'état, située à la croisée de l'URSS, la Tchécoslovaquie, la Pologne, et la Roumanie.
Sont représentés les pays frères européens: le puissant mais aphasique apparatchik vassili le géorgien, Janos le hongrois, Ion le roumain, Tadeusz le polonais, Evgueni l'ukrainien, Vasil le bulgare, Pavel le tchèque et Günther l' allemand de l'est. Tous sont des amis politiques et ont eu un poids considérable dans l'histoire à un moment ou à un autre.
Une
partie de chasse aux gibiers à poils et à plumes, petit et gros avec ses joies, gueuletons et vodka, battues avec les chiens, démonstration de chasse de faucon et ses inconvénients les inévitables accidents...de chasse bien entendu.
En ce qui concerne le Graphisme Bilal est égal à lui-même
On a droit a de magnifiques paysages sous la neige dans une contrée boisée a la limite du tableau du Monet sans la pie, du Bruegel avec aussi les chasseurs, un magnifique train soviétique bleu aux formes galbées perdu dans la neige là aussi il y a du du Monet « train dans la neige»
Un train aux banquettes somptueuses et, à peine esquissées, des boiseries princières, train fatigué dans le froid qui a vécu mais encore robuste et qui assume.
De magnifiques couleurs: les blancs immaculés ou sales de la neige, le rouge du feu, des arbres et surtout du sang et des magnifiques églises orthodoxes
de curieuses couleurs or sur les têtes ou visages de certains personnages du passé, les auréolant de sainteté et de mystère, ainsi que pour les dômes des églises tout cela ressemble un peu à de vieilles photos sépia. Des couleurs du passé des dignitaires qu'on ne retrouve pas dans les scènes du présent de la narration c'est à dire la
partie de chasse.
Et toujours cette note de bleu très cru et sale du train que l'on retrouve un petit peu de partout, à petite dose, dans la piscine, dans les montants d'une fenêtre, sur un dôme d'église.
du gibier et des oiseaux de proies : rapaces, faucons, tête de faucon, le faucon est vraiment l'animal fétiche de Bilal, épervier, gibier à ailes perdrix et corbeaux omniprésents sur les charognes. Ours et cerfs sur pied ou abattus sanguinolents.
Des personnages très typé notamment les moujiks, les popes, les militaires baignant dans une ambiance toujours sépia en moins violacé
Les dignitaires aux traits affaissés, lourds et tristes, vieillards fatigués et patibulaires que même leur raout alcoolisé ne déride pas sont souvent représenté en discussion et en gros plan : des viandards impénitents qui abattent tout ce qui leur déplaît.
Une exception la femme décédée de Vassili représentée sous des traits purs nimbés d'or et de sang quoique que d'une pâleur maladive angoissante.
Pour le reste on notera la superbe tatra 603, la voiture de Pavel, modèle d'avant 1962 avec ses trois phares et supposée avoir un V8 arrière voiture officielle des apparatchiks mais aussi appelée par le peuple la «tueuse de ministres»
Bref un festival de formes et de couleurs qui semblent très vraies.
Pour le scénario s'attaquer à la période soviétique n'est pas une mince affaire. Il y a tellement de choses à dire de cette période et de cet empire: des atrocités, des mythes, des mensonges, des omissions, des propagandes, des meurtres, des massacres, du KGB et de ces dignitaires au début enthousiastes et idéalistes dans leur jeunesse et désabusés et abattus après quelques décennies de pseudo pouvoir. Christin se débrouille bien pour rendre cette atmosphère angoissante, les dialogues, les souvenirs des uns et des autres par des analepses qui viennent éclairer le parcours de ces dignitaires. Un sans faute pour cette période de l'histoire complexe et encore assez mal connue, mais on y croit.
En fait l'association Bilal/Christin fonctionne bien et met le graphisme et le scénario à valeur égale les deux s'imbriquent parfaitement
Un petit reproche toutefois la disposition des personnages lors de discussions d'une case à l'autre les personnages ne se retrouvent pas à la position adéquate: il y a une confusion d'emplacements et de positions de ces personnages c'est pas grand chose mais une petite erreur de script
A lire, relire ou découvrir.