Une lecture décevante par le décalage marqué entre l'ambition du projet et la médiocrité du produit final.
Manifestement, l'auteur n'avait pas la capacité de pousser l'hypothèse jusqu'au point où la sensation du réel naît et prospère.
Ajoutons à cela des phrases bancales, comme celle-ci : « Il dit et consenti qu'au cas où un navire égaré, appartenant à l'une des quatre nations susdites, empruntât une voie maritime qui ne soit pas la sienne sans accord préalable, sa sécurité serait assurée jusqu'à bon port, moyennant le paiement d'un cinquième de sa marchandise. » (p. 312) « Au cas où » appelait le conditionnel, pas le subjonctif. Ou encore : « forteresses flottantes à la puissance de feu sans égal. » (p. 345) « Égal » aurait dû être accordé en genre.
Ce ne sont pas que des détails. le relâchement de la langue corrobore la faible ampleur de l'effort intellectuel par lequel a été produite la fable. Celle-ci relève du genre infiniment ressassé de la littérature du nombril si florissante dans le monde de l'édition.
On s'attendait à un affrontement épique et titanesque entre les civilisations, surtout si l'on considère l'époque tourmentée et convulsée où la fable a choisi de se situer.
On aurait par exemple pu imaginer une réconciliation entre la branche réformée et la branche catholique de la religion chrétienne, une union sacrée pour bouter l'envahisseur hors d'Europe et non ce jeu d'alliances improbables parce qu'impossibles entre les Incas, les marranes et les morisques. L'invasion étrangère aurait suscité des aversions et des convulsions violentes (le livre de Nathan Waechtel, La vision des vaincus, livre l'idée de ce que peut être l'affrontement entre deux mondes, l'un s'écroulant avec l'arrivée d'un autre).
Rien de tel dans le roman de Binet, auquel manque cruellement le goût de fin du monde que l'on attendait.
On se demande par quel tortueuse combine microcosmique l'Académie française a pu récompenser un roman qui maltraite la langue et met si peu de nerf à rendre crédible l'uchronie, pourtant séduisante, imaginée par l'auteur.
Commenter  J’apprécie         50
Lecture abandonnée malgré un enthousiasme de départ important... Sûrement à cause de la même raison qui m'ont fait décroché assez vite pendant les cours d'Histoire...
Non à cause du sujet, fort attrayant donc, mais à cause d'une avalanche de noms, de dates, de moments qui s'enchainent sans plus de cérémonies ni de liens apparents. Larguée j'ai été.
Il m'a manqué du romanesque. Il m'a manqué la patte de l'écrivain qui m'entraine dans une Histoire revisitée. J'ai eu l'impression de lire un catalogue. Sans personnage à qui m'accrocher.
Je retenterai peut-être un jour...
Commenter  J’apprécie         30
Roman uchronique abracadabrant de bas étage, sans imagination ni amusement. Pour quelqu'un qui a déjà lu ce style de littérature, il y a mieux, beaucoup mieux. Je déconseille fortement.
Commenter  J’apprécie         31