Et si on refaisait le monde… Et si…
Et si
Christophe Colomb n'avait pas découvert l'Amérique, et si… C'est le postulat de départ du dernier livre de
Laurent Binet.
Une uchronie où l'auteur semble s'être amusé à jouer en transposant certains évènements, en parodiant, en inventant.
Vous me feriez bien une petite valse à l'envers, allez, hop !! les filles d'Erik le Rouge voguent en descendant vers le sud, conquièrent des contrées où les habitants meurent après quelques mois de cohabitation. Et oui, ils possèdent ces fameux anticorps qui les protègent de maladies et leurs permettent de gagner des pays inconnus et puis, la tribu de Freydis possède le fer, ce qui change beaucoup de choses. Les populations se mélangent au gré des amours et des naissances.
Dans son journal (quelque peu différent de l'original!) Christoph Colomb raconte qu'il est prisonnier du roi Taïnos, et enseigne le castillan à sa fille, Higuénamota -nous verrons plus tard l'utilité de cet apprentissage-.
Tout n'est pas d'or au pays des Incas. Huascar qui règne à Cuzco, l'empire des quatre quartiers défait son demi-frère Atahualpa. Ce dernier quitte Cuba sur les caravelles de
Christophe Colomb, prend la direction de l'est et se retrouve à Lisbonne, lors d'un tremblement de terre. Ils sont recueillis par des tondus qui vénèrent un dieu clouté (traduction : dans un monastère tenu par des moines).
Fidèle d'entre les fidèles, la princesse taïno Higuénamota, vous savez celle qui a appris le castillan avec Colomb, sait aussi bien enflammer le regard que négocier habilement. L'inca Atahualpa, personnage omniprésent, omnipotent et quelque peu sage, sans se départir de ses traditions, mène la danse. Il défait Charles Quint, prend le pouvoir en Espagne. Atahualpa a du génie et impose sa façon de gouverner et régenter la vie des populations. Question religion, l'empereur est tolérant à condition que l'on vénère également son dieu Soleil. Il continue sa progression vers l'est et fonde un Empire. Mais... les mexicains, aidés des anglais vont jouer un bel air de carioca à Atahualpa
Les incas découvrent et adorent un certain breuvage noir qui enivre, le vin bien sûr. Nos moutons deviennent, c'est quasi logique, de petits lamas blancs, les tondus lisent des livres qui parlent.….
A Tolède, une réécriture du massacre de la Saint Barthélémy avec celui des catholiques de Tolède par Atahualpa et ses amis. Une autre vision du camp du Drap d'Or...
Je me demande si
Laurent Binet ne profite pas de l'occasion pour évoquer, appeler de ses voeux, une société plus égalitaire, plus humaine comme celle qu'Atahualpa met en route avec le soutien des pauvres, des hérétiques selon la doctrine catholique
L'écriture imagée, imaginative de
Laurent Binet fait que je ne me suis jamais ennuyée à lire ce livre jubilatoire. Une fois refermé, cette uchronie prend une autre dimension et amène à réfléchir sur notre monde actuel. Parce que, en tout premier, il y a le plaisir jubilatoire de la lecture, puis vient la réflexion.
Ce que je viens d'écrire est plat, très loin de la jubilation des mots de ce livre qui parle. J'espère vous avoir donné, un tout petit peu, l'envie de le lire.