Citations sur Personne ne gagne (88)
Je n'ai pas choisi cette vie du jour au lendemain, je ne peux pas la lâcher du jour au lendemain. Je m'y suis enfoncé petit à petit, et si je m'en sors, ça sera petit à petit.
Chaque changement de cap dans ma vie a été abrupt, soudain. Je ne me rappelle pas en avoir entrepris un seul avec élégance, douceur, facilité.
Sur le chemin du retour, je passai devant le poste de police et imaginai l'enfer à l'intérieur : le grand Noir brandissant sa louche au-dessus de la horde rugissante des prisonniers à moitié morts de faim dans les boyaux puants de la prison, prêts à en venir aux mains pour se nourrir.
Je ne les traitais pas de gogos ou de péquenauds sous prétexte qu'ils étaient différents et qu'ils travaillaient pour vivre. Ils représentaient la société. La société représentait la loi, l'ordre, la discipline, le châtiment. La société, c'était une machine conçues pour mettre en pièce. La société étaient l'ennemie. Un mur immense nous séparait, elle et moi ; un mur que j'avais peut-être moi-même érigé - je n’étais pas sûr.
Ma vanité juvénile, cette confiance excessive qui naît de l'ignorance, me soufflait que je pouvais gagner à un jeu dangereux et pervers où personne ne gagne. Au lieu de réfléchir et de faire un bilan lucide, je partis avec joie en quête de nouvelles aventures.
Je m’achetai du tabac et du papier à cigarettes dans une épicerie, et allai m’allonger dans l’herbe verte chauffée par le soleil de l’été indien, histoire de réfléchir à tout ça, faire le point, penser à l’avenir.
Il n’y a que trois niveaux de malchance : mauvais, pire et catastrophique. Quand vous atteignez le dernier, vous avez au moins la satisfaction de savoir que si ça tourne, ce ne peut être qu’en votre faveur.
En de rares occasions, le voleur brisé trouve des amis sympathiques, compatissants, prêts à l’aider. Des mains puissantes et bienveillantes le soutiennent, lui font passer les moments difficiles en douceur et le guident à travers le monde vers un endroit où il sera utile. Certains saisissent cette chance et remontent le courant en y mettant tout leur cœur ; d’autres ne la voient pas, ou n’y arrivent pas, et comme des poissons morts ils dérivent et disparaissent à jamais.
J’étais un membre respecté de la confrérie des yeggs. Ce voleur dont on ne sait rien. Silencieux, méfiant, dissimulé ; un voyageur sans attache, un « travailleur » de la nuit qui fuit la lumière, s’éloigne rarement des siens et reste sous la surface. Sillonnant les espaces, un automatique chargé à portée de main, le yegg règne sur un autre monde, un monde souterrain, le monde des criminels.
Qu'est-ce qui fait le pouvoir d'un livre? Qu'est-ce qui fait cette magie? Qu'est-ce qui fait qu'en nous racontant des histoires, quelqu'un nous offre un peu plus de vérité, l'apesanteur en moins, le rêve en plus. Qu'est-ce qui fait qu'on peut dans ces moments là, plus précieux que le lithium, à la fois rester des hommes et redevenir des enfants? Préface.