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Critique de colimasson


L'heure est au nettoyage des portes de la perception. Cela se passe comme une opération alchimique –mais c'est sans doute l'époque qui exigeait une telle symbolique.


« Soudain, d'entre les araignées noires et les blanches, un nuage de feu éclata et roula dans les profondeurs de l'abîme, obscurcissant toutes choses. Les régions inférieures devinrent noires comme un océan et soudain explosèrent en un terrible bruit. […]
Mon ami l'Ange remonta vers le moulin. Je restai seule et cette apparition se dissipa. Je me retrouvai assis au bord d'une plaisante rivière, au clair de lune, écoutant le chant d'un harpiste : « Celui qui jamais ne change d'opinion est pareil à l'eau stagnante : il engendre les serpents de l'Esprit. »
Je me levai et cherchai le moulin. J'aperçus l'Ange qui, surpris, me demanda comment j'avais pu m'échapper.
Je répondis : « Tout ce que nous avons vu n'était dû qu'à ta métaphysique. Car, lorsque tu as fui, je n'ai plus vu qu'un joueur de harpe sur une rive, au clair de lune. A présent que nous avons vu mon destin dans l'éternité, me laisseras-tu te montrer le tien ? » »


J'aime beaucoup lire ce genre de témoignage d'expériences mystiques et j'y creuse avec la petite rage de découvrir que derrière tout ça, que nenni, sinon déraillage de la cervelle ou abduction immémoriale. Ça me réconforterait parce que moi, je n'ai guère connu ce genre d'expérience –quoique, en cours de physique au lycée, de 8h à 9h par une matinée d'hiver, encore ensommeillée et sous un étrange néon qui clignote, j'ai pu avoir des crises se rapprochant de l'extase. Ou alors, j'aime lire ce genre de témoignage pour voir que toute mystique qu'elle soit, l'expérience ne change finalement pas grand-chose à la vie de l'élu.


Et pourtant. Prenez la Bible. Qui vous empêche de l'interpréter à votre sauce ? Qui sait si elle n'a pas été écrite pour que chacun y parte à la recherche de soi-même, en-dehors de toute exégèse traditionnelle ? le bon, la pute et le truand, s'ils sont honnêtes vis-à-vis d'eux-mêmes (on ne demande rien de plus) pourraient y retrouver leur histoire personnelle. Ainsi, William part-il à l'assaut contre le Christ qu'on nous a donné à connaître, lui cassant sa gueule à cette pauvre idole. William nous invite à considérer Jésus avant le Christ, cet homme partant à la recherche de son âme comme espace privilégié à l'intérieur duquel l'anthropomorphose divine entraîne la théomorphose de l'homme.


« Jésus est-il né d'une Vierge Pure
A l'Ame étroite et l'air réservé ?
S'il souhaitait prendre sur lui le Péché,
Il aurait dû avoir pour Mère une Prostituée,
Exactement comme Madeleine
Avec sept démons dans les Veines,
Les Vierges Juives étaient-elles plus exécrables,
Nourrissaient-elles des démons plus dévorants ?
Ou qu'avait-il pris sur lui
Pour prétendre apporter le Salut ?
Un corps soumis à la Tentation,
Un corps assujetti à la Souffrance et la Peine ?
Ou bien une sorte de corps insensible
Aux passions qui travaillent les Pécheurs ?
[…]
Il méprisa les Parents de cette Terre, le Dieu de cette terre,
Il s'est moqué du Sceptre des uns et de l'Autre. […]
Il a abandonné le commerce de son Père
Pour Traîner les routes comme un Vagabond,
Et pour vivre au-dessus des Contraintes
Il a volé le travail d'autrui
Les financiers et les Prostituées,
Il en a fait sa Compagnie
Il a détourné de la femme adultère
La juste Loi de Dieu, qui ainsi perdit sa Proie.»


Ne lisez pas ce texte quand vous vous sentez prêt à exploser, ou prenez-vous un exutoire de côté pour éviter les débordements, pensez par exemple à vous inscrire à la prochaine soirée mousse à la patinoire, ce pourrait être sanglant, les patins sont souvent bien aiguisés.


Revenons-en au Mariage. Vous trouverez dans ce texte –traduction d'enfer de d'Alain Suied- les aphorismes qui plairont toujours à ceux qui n'aiment pas lire. Vous pourrez vous les approprier pour mettre sur facebook, dans vos signatures de profil personnel ou dans tous les formulaires où on vous demande de vous en référer à une personnalité d'autorité pour vous distinguer. Je vous en choisis une, pas prise au pif pour un sou :


« le meilleur vin est le plus vieux.
La meilleure eau, la plus fraîche. »


J'ai aussi fait des choses intéressantes aujourd'hui, malgré tout. Par exemple, j'ai retrouvé une citation de Nietzsche, dans son bouquin, là, « Ainsi parlait Zarathoustra ». Eh bien, ça collait parfait avec le Blake. Voilà ce qui se dit :


« La douleur est aussi un plaisir, la malédiction est aussi une bénédiction, la nuit est aussi un soleil, - allez-vous-en ou bien apprenez-le : le sage est aussi un fou. »


Voilà. Après, quand on n'a ni vraie douleur, ni vraie malédiction, que la nuit n'est jamais noire et qu'on ne se sent même plus vraiment trépigner sur place, allez comprendre le plaisir, la bénédiction et la lumière… le sol a tremblé sous mes pieds à cet instant. C'est un bon début.
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