"Le regard dans le vide, complètement absent, sûrement sous tranquillisant, le gamin marchait de manière automatique.
– Voici votre premier patient.
Le chirurgien haussa les sourcils.
– De quoi est-il atteint ? A-t-il un dossier médical ? Des analyses ? Des radios ou un scanner ? De quelle pathologie devons-nous nous occuper ?
– On ne s’est pas bien compris. Repartons d’un bon pied tous les deux. Pas question de le soigner d’une maladie ni de l’opérer d’une quelconque lésion. Non, non… Les termes désormais à employer sont : ablation, amputation, réduction…"
La soudure rouillée était tombée depuis longtemps. L' interstice qui en résultait serait providentiel. Quelques millimètres de lumière. L' air entrait. En quantité pas suffisante pour tout le monde. Elle s' en rendu compte au fil des heures.
Pas question de le soigner d’une maladie ni de l’opérer d’une quelconque lésion. Non, non… Les termes désormais à employer sont : ablation, amputation, réduction…
Tu verras, petite, là-bas, des hélicoptères survolent la capitale, Paris, et déversent du parfum. Les gens sont gentils et accueillants. Pas de souci. Tu auras des sourires. Tu trouveras rapidement du travail et tu gagneras beaucoup d’argent.
Encore des heures à attendre. Mais l’espoir était revenu et avec lui de nouvelles forces pour survivre.
Attention où tu mets les pieds. Les dalles métalliques sont bouffées par la rouille. Vouloir se balancer d’un pont est une chose, tomber par inadvertance, ça serait trop bête.
Avec le temps, j’ai appris à distinguer les couleurs en y substituant les nuances de gris. Tel degré de blancheur ou de noirceur me donne le jaune, le rouge et le bleu. En accentuant les mélanges, j’arrive au vert, violet et orange. Les teintes deviennent des gris-rouge, des gris-bleu…
Pour sauver sa famille, il avait renié ses engagements, ses serments… Pour sauver sa femme et sa fille, il était devenu un monstre. Il avait exécuté consciencieusement les consignes qu’on lui avait données. Même dans l’horreur, il avait travaillé en respectant les règles de son art.
On n’oublie pas certaines odeurs, comme celles d’un corps en putréfaction. Des animaux, bien sûr, mais aussi des hommes morts, abandonnés non loin de son village natal.
Elle avait déjà entendu des histoires racontant la longue attente avant d’embarquer vers une terre meilleure. Tous les autres mondes étaient préférables au pays qu’elle quittait… Son pays.