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Critique de Bartleby


Nostalgie du baroque. Jean-Marie Blas de Roblès, Là où les tigres sont chez eux.

Extrait :
Là où les tigres sont chez eux est un bon roman et c'est déjà pas mal. Il s'agit pourtant du livre sans doute le plus décevant de cette rentrée littéraire parce qu'il n'est qu'un bon roman qui n'a pas tenu ses promesses, qui n'a pas réalisé ses ambitions.
L'ambition réside d'abord dans l'ampleur et la structure narrative de ce roman dont l'action se déroule au Brésil, une structure complexe qui va se mettre en place dès le premier chapitre. le prologue commence ainsi :

« – L'homme a la bite en pointe ! Haarrk ! L'homme a la bite en pointe ! fit la voix aiguë, nasillarde et comme avinée de Heidegger. Brusquement excédé, Eléazard von Wogau leva les yeux de sa lecture ; pivotant à demi sur sa chaise, il se saisit du premier livre qui lui tomba sous la main et le lança de toutes ses forces vers l'animal. A l'autre bout de la pièce, dans un puissant et multicolore ébouriffement, le perroquet se souleva au-dessus de son perchoir, juste assez pour éviter le projectile. Les Studia Kircheriana du père Reilly allèrent s'écraser un peu plus loin sur une table, renversant la bouteille de cachaça à demi pleine qui s'y trouvait. Elle se brisa sur place, inondant aussitôt le livre qui s'y trouvait. – Et merde !... grogna Eléazard. Il hésita un court instant à se lever pour tenter de sauver son livre du désastre, croisa le regard sartrien du grand ara qui feignait de chercher quelque chose dans son plumage, la tête absurdement renversée, l'oeil fou, puis choisit de revenir au texte de Caspar Schott. »

Eléazard dont le nom et le prénom sont eux-mêmes atypiques pour un Français est atopon à plus d'un titre. Géographiquement d'abord, puisqu'il vit à Alcântara dans le Nordeste, loin de tout ; professionnellement, puisqu'il est correspondant de presse dans une région où il ne se passe presque rien ; affectivement, puisqu'il vient de se séparer de sa femme Elaine, paléontologue en mission dans le Pantanal au sud-ouest du pays, qui ne supportait plus son cynisme et que sa fille, Moéma, vit à Fortaleza où elle est inscrite à l'Université et qu'il vit maintenant seul avec son perroquet imbécile qui répète sans cesse que « l'homme a la bite en pointe » au lieu du vers de Hölderlin « l'homme habite en poète » et Soledade, sa femme à tout faire qui ne fait d'ailleurs rien si ce n'est regarder la télévision, l'aimer en secret et lui servir à boire ; intellectuellement enfin puisque en plus d'être un spécialiste d'Athanase Kircher, un jésuite du XVIIème siècle qu'il a cessé d'étudier par désenchantement pour se consacrer à l'inactivité la plus totale, il a également renoncé à écrire, Bartleby moderne. Mais voilà qu'en cette matinée de juin 1982, Eléazard vient de recevoir d'Europe un manuscrit inédit, une biographie de Kircher par son disciple et ami Caspar Schott.

La suite ici : http://bartlebylesyeuxouverts.blogspot.com/2008/10/nostalgie-du-baroque-jean-marie-blas-de.html
Lien : http://bartlebylesyeuxouvert..
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