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Citations sur Là où les tigres sont chez eux (114)

Plus que l'idée de Dieu, c'est le dogme qui est malsain, comme la systématique en philosophie ou toute règle fondée sur les préceptes lubrifiés à la vaseline de l'Absolu.
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Mon maître allait s'attaquer à une nouvelle énigme, lorsque le valet revint nous faire patienter : Son Altesse ne tarderait plus, mais elle nous engageait à nous asseoir. Ce disant, le serviteur nous indiqua de la main quelques sièges disposés devant un tableau qui représentait le prince en habit de chasse.
A peine m'étais-je assis, que j'éprouvai une vive douleur au fondement : le coussin de mon fauteuil était hérissé de petites pointes qui me pénétraient les chairs & me causaient un insupportable désagrément. Je me relevai aussitôt, le plus naturellement possible, & sans dire quoi que ce fut, pour obéir aux ordres de mon maître. Ce dernier, je crois, réalisa sur-le-champ ma situation.
- Oh, excuse-moi, Caspar, dit-il en se levant de même, j'avais oublié cette hernie qui t'interdit les sièges trop confortables. Prends ma chaise, tu y seras mieux.
Aussitôt dit, il s'installa dans le fauteuil que je venais de quitter, sans paraître souffrir le moins du monde. J'admirai cette force de caractère qui lui permettait d'endurer un supplice auquel je n'avais pas résisté cinq secondes. La chaise où j'étais assis n'était pas exempte d'inconfort : ses deux pieds de devant étaient plus courts que les autres, & l'on y glissait de telle façon qu'il fallait raidir les muscles de ses jambes pour ne pas tomber. Incliné vers avant, le dossier augmentait encore la gêne de cette position, mais à comparaison de mon fauteuil, ce siège était un lit de roses, & je sus gré à Kircher d'avoir proposé un échange si peu équitable.
- Mais revenons à nos charades, continua mon maître. Legendo metulas imitabere cancros... Oh, oh ! du latin, maintenant, & du meilleur ! A toi, Caspar...
A cet instant, le laquais réapparut derrière nous comme par enchantement ; il annonçait le prince de Palagonia.
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Personnellement, j'ai la faiblesse de croire encore à certaines valeurs désuètes. Je reste persuadé, par exemple, que la corruption, le népotisme ou l'enrichissement de quelques uns au dépend de tous les autres ne sont pas des choses normales, quand bien même elles auraient dix mille ans d'histoire pour les cautionner. Je crois que la misère n'est pas une fatalité, mais un phénomène entretenu, géré rationnellement, une abjection indispensable à la seule prospérité d'un petit groupe sans scrupules...
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- ... J'y comprends rien, moi, à vos histoires !
- Eh bien, tu devrais faire un effort. C'est notre présent qui est en jeu. Chaque fois qu'un arbre disparaît, c'est un Indien qui meurt; et chaque fois qu'un Indien meurt, c'est le Brésil tout entier qui devient un peu plus ignare, c'est-à-dire un peu plus américain...
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Nous avons des trains à grande vitesse, des Airbus et des fusées, João, des ordinateurs qui calculent plus rapidement que nos cerveaux et contiennent des encyclopédies complètes. Nous avons un grandiose passe littéraire et artistique, les plus grands parfumeurs, des stylistes géniaux qui fabriquent de magnifiques déshabillés dont trois de tes vies ne suffiraient pas à payer l’ourlet. Nous avons des centrales nucléaires dont les déchêts resteront mortels pendant dix mille ans, peut-être plus, on ne sait pas vraiment…Tu imagines ça, João, dix mille ans ! Comme si les premiers Homo Sapiens nous avaient légué des poubelles assez infectes pour tout empoisonner autour d’elles jusqu'à nos jours. Nous avons aussi des bombes formidables, de petites merveilles capables d’éradiquer pour toujours tes manguiers, tes caïmans, tes jaguars et tes perroquets de la surface du Brésil. Capables d’en finir avec ta race João, avec celle de tous les hommes ! Mais grâce à Dieu nous avons une très haute opinion de nous-mêmes.
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Il pensa : «Je porte le deuil de mon amour, de ma jeunesse, d'un monde inadéquat. Je porte le deuil pour le deuil lui-même, pour son clair-obscur et la tiédeur apaisante de ses lamentations...»
Mais il dit :
- Je porte le deuil de ce qui n'a pas réussi à naître, de ce que nous nous acharnons à détruire, pour d'obscures raisons, chaque fois que le germe s'en manifeste. Comment dire... Je ne parviens pas à comprendre pourquoi nous ressentons toujours la beauté comme une menace, le bonheur comme un avilissement...
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Une religion fondée sur la charogne d'un crucifié correspond forcément une vision vermiculaire du monde.
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- Tu penses que ça ne suffit pas de croire en l'homme ?
- Tu parles d'une valeur absolue ! Autant d'hommes, autant de définitions de l'humain, et avec un grand H, s'il te plait... La vie, à la rigueur, l'ensemble de ce qui est vivant, mais pas l'homme, pas le seul être qui soit capable de tuer pour le plaisir...
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«Vous, les Blancs, disait encore Aynoré, vous entrez dans vos églises et vous parlez à votre foutu Dieu pendant une heure, nous, les Indiens, nous allons dans la jungle et nous parlons avec le nôtre, avec tous les nôtres, durant des jours entiers...»
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Les hommes sont médiocres de nature; l'infortuné qui a ressenti pareille évidence ne peut rien ensuite contre la masse innombrable de ceux qui la nourrissent.
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