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3,67

sur 507 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le lecteur est prévenu dès la page 9: le "journaliste" Tötges s'est pris quelques balles qu'il n'a certes pas volées... Et en est mort, bien sûr.
Heirich Böll, dans ce bref et passionnant roman, s'en tient aux faits: Comment, poussée à bout par les articles d'un torchon de la presse-caniveau allemande, Katharina Blum est devenue une meurtrière.
Ce roman percute Horus Fonck, qui a vu le film voici vingt-cinq ans.
Le livre date de 1974, mais reste d'une actualité encore amplifiée par Internet et les réseaux sociaux... Une actualité qui perdure depuis l'avènement de la presse écrite au XIXe siècle... Ou comment salir et détruire la vie et la réputation de celui ou celle victime de journaux sans scrupules.
Au reste, Katharina Blum, dont l'honneur du titre est perdu, garde la seule attitude digne par rapport à son geste: Aucun remords.
Et Heinrich Böll, je lui en sais gré, évite de nous asséner une quelconque morale sur l'acte de Katharina.
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J'étais persuadée que L'honneur perdu de Katharina Blum était un rien sordide, et au minimum hyper triste - il faut dire que le peu que j'avais lu de Heinrich Böll se résumait jusque-là à quelques nouvelles franchement pas gaies. Et les autres lecteurs babeliautes qui ont écrit une critique sur ce roman ont beaucoup insisté sur son côté sombre, sur son écriture clinique. Je ne suis pas tellement en accord avec ça.


L'honneur perdu de Katharina Blum, publié en 1974, est sous-titré (ce qui a disparu de la couverture des dernières éditions en poche) "ou comment naît la violence et où elle peut conduire". C'est l'histoire d'une jeune femme employée de maison modèle, bien sous tous rapports et même considérée comme prude, qui va rencontrer à une soirée un jeune homme qu'on peut difficilement qualifier de "bien sous tous rapports" (il braque des banques, ce qui n'est généralement pas jugé comme vertueux) qu'elle ramène chez elle (ce qui tendrait à prouver qu'elle n'est pas si prude que ça). Or nous sommes en plein dans la première décennie des années de plomb en Allemagne de l'Ouest, donc à l'époque de la Fraction armée rouge, surnommée "Bande à Baader". le petit braqueur est suspecté de faire partie du groupe terroriste, la police se demande plus ou moins si Katharina est sa complice, la presse à scandale s'en mêle et tout ça finit par Katharina abattant le journaliste qui la harcèle avec un revolver. Je ne révèle rien : aucun mystère, tout est dit dès le début. Il ne s'agit aucunement d'un roman policier. le narrateur prétend disséquer l'affaire Katharina Blum (affaire toute fictionnelle, précisons-le bien) de la façon la plus objective possible - rapports de police et toutes sortes de documents à l'appui -, afin de démontrer comment une jeune femme extrêmement naïve peut en arriver à commettre un meurtre.


Sauf que sous les dehors d'un narrateur d'une neutralité à toute épreuve surgit très vite l'auteur, Heinrich Böll, qui donne dans l'ironie la plus mordante. Les rapports de police et autres documents s'effacent donc au profit d'un pamphlet s'attaquant à la presse à scandale, en mettant en scène le quotidien le Journal prêt à tout - c'est-à-dire à raconter n'importe quoi sur n'importe quel citoyen lambda par n'importe quels moyens, mais aussi à masquer les turpitudes d'autres citoyens beaucoup moins lambda, mais aussi à voir des communistes et des terroristes partout. Mais il n'y aurait pas de journal à scandale sans lecteurs naïfs, pour ne pas dire complètement idiots, parmi lesquels on peut compter Katharina Blum, victime donc d'une presse dont elle est la consommatrice. D'ailleurs, il n'est pas un personnage qui ne soit épargné. Katharina est à la fois rusée (un peu trop pour que ce soit crédible, d'ailleurs, et je suppose que c'est voulu) et incroyablement niaise (plus on avance dans le roman, plus on se rend compte qu'elle en tient une sacrée couche), les hommes mûrs sont au mieux agités par des fantasmes de romances platoniques avec leurs jeunes employées, au pire de gros pervers, etc., etc. Non, L'honneur perdu de Katharina Blum n'est pas un roman sordide ; c'est un roman à l'humour certes insistant (on peut trouver que c'est un peu trop, bon, c'est une question de goût), où Heinrich Böll se lâche carrément par moments. Rien que les pages consacrées aux écoutes téléphoniques valent franchement le détour...


Je ne sais pas pourquoi l'humour de ce roman est si peu mis en avant par ses lecteurs. Oui, le sujet de fond est sérieux. Mais Heinrich Böll a justement choisi de le traiter de manière légère. En 1972, Böll eut maille à partir avec la presse à scandale, plus précisément avec le journal Bild, qu'il accusait de publier des mensonges sur la Fraction armée rouge et d'entretenir un climat de violence dans le pays. Bild avait alors déversé son fiel sur Böll et on peut considérer L'Honneur perdu de Katharina Blum comme sa réponse sous forme de roman pamphlétaire, où la presse à scandale est proprement ridiculisée. On comprend donc que la place de l'humour y soit prépondérante, puisqu'il ne s'agissait ni de répondre de manière agressive à Bild, ni de donner dans le tragique.


On peut trouver des parallèles avec notre époque si l'on veut, on peut penser aux fake news, pourquoi pas, mais aussi aux chaînes d'info en continu traitant de l'actualité de manière ultra-subjective et presque toujours biaisée. Mais est-ce que c'est un roman si universel que tout le monde le dit ? Mouais, pas si sûr que ça...


Bref, lisez L'honneur perdu de Katharina Blum. Au mieux, vous rirez un bon coup mais vous aurez l'air plus intelligent et cultivé que si vous avouez avoir ri en regardant un film avec Dwayne Johnson (car les gens sont terriblement snobs). Au pire, vous n'avez pas d'humour (c'est pas de pot, à tous les coups vous n'aimez pas non plus Dwayne Johnson et vous faites partie des snobs) mais vous aurez quand même l'air intelligent et cultivé car vous aurez lu un Nobel. Je pense avoir usé des bons arguments pour convaincre tout le monde.
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Katharina Blum est un personnage vraiment sublime.
Peu choyée par le destin, elle conserve un comportement irréprochable moralement en restant toujours fidèle à son caractère propre, peu importe les circonstances.
Soudain soumise, suite à la rencontre d'un homme recherché par la police, aux précédés douteux d'un journaliste à sensation qui traduit tout les éléments irréprochables de sa vie en moyens de provoquer l'attention et l'intérêt d'un public toujours blasé et insatiable, elle perd tout intérêt pour la vie qu'elle menait jusqu'alors et en vient, en quelques jours seulement, à commettre un meurtre sans aucun remord de conscience.
Les événements sont exposés de manière très précise, efficace, avec de petites pointes d'humour qui permettent de ne pas accorder trop de grandeur aux méprisables procédés employés par l'indigne gratte-papier.
J'ai été frappé de trouver que les procédés méprisables montrés dans le roman sont très près de ce que l'on peut observer dans la réalité. Quiconque a eu affaire en personne à l'actualité sait à quel point la vérité est souvent présentée par les médias sous son jour le plus sensationnel, souvent strictement anecdotique, en laissant beaucoup trop fréquemment l'essentiel complètement dans l'ombre.
Lorsque les règles du jeu pervers sont connues, c'est à ceux qui veulent passer leurs messages de faire bien attention à éviter le moindre faux pas, le moindre mot de trop, tout en arrivant à donner aux journalistes de quoi vendre leurs papiers. Par contre, lorsque ce n'est pas le cas, lorsqu'il s'agit d'une personne qui ne demande qu'à poursuivre son honnête vie modeste dans l'anonymat, l'ignominie du phénomène devient vraiment frappante. On touche ici clairement à un aspect essentiel de tout système démocratique, l'information du public, qui fonctionne actuellement extrêmement mal puisqu'elle se vend à la sensation, ce qui peut tout à fait déborder de la manière cauchemardesque, tel que présenté par Böll.
Le roman a été écrit dans les années 1970 et a malheureusement constamment gagné en actualité depuis. Avec l'arrivée d'Internet et des médias sociaux, c'est vraiment pire que jamais.
Puissent la vigilance, l'esprit critique et l'ironie toujours nous accompagner dans ces vallées d'ombres et de morts au rabais!
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Après un billet sur « Je hais les matins » de Jean Marc Rouillan, Michèle nameless et Michèle michefred m'ont gentiment conseillé « L'honneur perdu de Katharina Blum ». Merci à elles pour cette piste.

Au pays de l'injustice, je voudrai le milieu journalistique. Dans le rôle des donneurs de leçons, les journalistes. Tous nos remerciements à ces millions de lecteurs dont la bêtise a rendu possible la diffamation gratuite qui vient régulièrement se répandre en premières pages de torchons à travers les siècles.
Donneurs de leçons, oui, mais d'honneur, non.
Ici, au siècle dernier, c'est-à-dire hier dans les années 70, la presse allemande ou plutôt une certaine presse, la gazette des poubelles, va en quelques jours s'emparer de la vie d'une paisible jeune femme et la pousser au crime à force de harcèlement et de diffamation.
Ce livre dénonce la perversité et les dérives d'un droit à l'information tout à fait justifié quand il ne sort pas de son rôle.
Les années passent et rien ne change, au contraire. Ce que certains appellent progrès, permet d'aller chaque jour un peu plus loin dans les bas fonds de l'homme. Internet, facebhêêêê et autres réseaux sont responsables de « perte d'honneur » de combien de Katharina Blum ?
Heinrich Böll par son écriture et la forme qu'il lui donne dans ce bouquin, pourrait servir d'exemple à certains pseudos journalistes. On a la sensation de lire des rapports de police (enfin l'idée que je peux m'en faire) avec juste des faits bruts sans jugement. Les faits sont rapportés sans tentation d'orienter le lecteur. de l'information quoi, ni militante, ni moralisante, ni normalisante, ni lobotomisante et surtout pas racoleuse.

Aujourd'hui qui peut citer un titre qui ne fait que de l'information ?
Les faiseurs d'opinion appartiennent aujourd'hui à de grands groupes industriels et quelques familles. Les lignes éditoriales changent au rythme des acquisitions ou entrées de nouveaux actionnaires dans le capital des journaux. Je n'en vois que deux moins pire que tous les autres car tapant avec la même force et la même énergie sur les dérives des uns ou des autres sans être autant bridés, Médiapart et le Canard.
D'un autre coté, il faut bien dire que certains diffamés d'aujourd'hui et diffamant d'hier et inversement) jouent avec la presse et s'en servent. Un Mélenchon qui fait sa vierge effarouchée en se filmant pendant une perquisition, encourageait ces mêmes flics à tout fouiller chez un Fillion ou un Sarkozy par exemple et quand on sait que j'ai voté Mélenchon, c'est dire si ce système me débecte de plus en plus.
Et puis de temps en temps, une Katharina Blum est jetée en pâture à l'opinion comme on jette une carcasse dans la fosse aux lions. Un peu de « sang… sationnel » c'est toujours bon pour les affaires.

Bien qu'on nous dise qu'il y a une presse à sensation et une presse d'information avec des journalistes qui font bien leur métier et blablabla, tout cela n'est qu'un jeu de dupes où la complicité des uns encourage l'escalade des autres au pays des fake news comme on dit aujourd'hui.
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Poussée vers ce livre par sa présence sur plusieurs listes de "livres qu'il faut avoir lus", j'en ressors en état de légère sidération, plutôt agréablement surprise.
Surprise par son mode narratif d'abord, ce récit journalistique, essentiellement factuel, n'étant pas du tout ce à quoi je m'attendais.
Surprise par sa violence aussi, accentuée à la fois par la brièveté du roman et par le ton sarcastique de l'auteur qui met de l'ironie sur l'infamie de ce qu'il relate avec un mélange déroutant de colère et de jubilation.
Peut-être était-ce bien là l'intention d'Heinrich Boll que de susciter cette sensation chez le lecteur afin de l'associer à son indignation face aux agissements de la presse à scandale dont il a lui-même été victime, et auquel ce court roman réagit. C'est plutôt réussi car cette intention fonctionne encore quarante ans plus tard, malgré que le sujet soit aujourd'hui , au vu des pratiques actuelles d'une certaine presse, plutôt galvaudé.
Il est vrai que le thème sous-jacent du livre, explicité dans son titre complet (L'honneur perdu de Katharina Blum ou comment peut naître la violence et où elle peut conduire), est pour sa part tout à fait intemporel...

Une occasion de découvrir le prix Nobel de littérature 1972, et d'avoir envie d'y revenir.
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Après le Musée de l'innocence et le funambule de Manhattan, je reste dans les années 1970 avec ce presque classique.
C'est un petit roman, au ton faussement documentaire, mais vraiment distancié, et clairement ironique, voire dénonciateur.
Que dénonce-t-il? Apparemment les excès de la presse à scandale qui ravage sans scrupule la vie d'innocentes victimes (encore l'innocence!).
Sauf que la victime n'est pas si innocente que cela et surtout que la presse à scandale agit pour des motifs politiques. Böll dévoile les dessous de la République fédérale allemande, notamment son anticommunisme viscéral, bien pratique pour excuser l'inavouable comportement de la génération précédente.
Et ce petit roman prend une autre dimension. Sous les dehors florissants de la réussite économique pourrit une société gangrénée par des maux qu'elle refuse de voir en face.
S'y ajoute une condition féminine très difficile, surtout quand on est issu d'une famille dysfonctionnelle et dans le besoin. Les hommes ne manquent de trouver tout naturel d'en profiter. L'anticommunisme et la goujaterie comme les deux faces d'une même pièce, de mauvais aloi.
Émerge de cette fange un très beau personnage de femme, dont le portrait est brossé par petites touches. Elle est celle dont l'honneur est bafoué, dans la presse mais aussi par la police et par ses employeurs ou leurs "amis". Mais elle réagit de façon déterminée, ferme sur ses principes, même si elle commet l'irréparable. Et en fin de compte, elle est guidée par l'amour.
Malgré une certaine froideur due au ton adopté, un petit roman bien riche et bien intéressant.
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Cologne, 1974. Katharina Blum est une jeune femme de vingt-sept ans qui travaille comme aide chez les Blorna, entre autres, quand elle ne fait pas quelques autres petits boulots pour arrondir ses fins de mois. Belle, morale et prude, elle est décrite comme étant sans histoire, sauf que tout être humain est plus complexe qu'il n'en paraît… Heureuse de se rendre à une fête chez sa marraine où il y aura de la danse, en tout bien tout honneur, au contraire de certains endroits où la dépravation règne, elle y fait la connaissance d'un homme qu'elle ramène chez elle, qui s'avère suivi par la police; il réussit à quitter l'immeuble au petit matin sans que la filature ne s'en aperçoive… Amenée au poste pour y être interrogée, la presse a vent de ce qui se passe, on prend Katharina en photo au sortir de l'ascenseur de son immeuble, et de ce point de départ, c'est toute sa réputation qui s'en trouve mise à mal, ce qui se conclura quelques jours plus tard par un geste fatal dont nous apprenons la teneur dès le début du roman. L'honneur perdu de Katharina Blum est la réponse littéraire d'Heinrich Böll, prix Nobel de littérature, à la diffamation qu'il a lui-même subi pour avoir dénoncé les propos d'une certaine presse quant à l'affaire de la « bande à Baader ». Au thème contemporain - une presse plus avide de vendre que d'informer -, et porté par une ironie fort amusante, ce « témoignage-enquête » questionne les ressorts psychologiques menant à l'usage de la violence chez Katharina Blum, par la présentation des éléments factuels de l'affaire, nous laissant en juger - mais le problème n'est-il pas là justement, dans le fait de juger ? Conflit interne entre des représentations de soi conflictuelles, geste puéril d'une jeune femme amoureuse, reprise de pouvoir ? Un texte que j'ai trouvé féministe pour l'époque à laquelle il a été écrit, et que j'ai pris plaisir à lire.
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Comment se défait une réputation ? Quel est le point de bascule ? Voici une femme, Katharina Blum, raillée par la bien-pensance parce qu'elle ne coche pas les bonnes cases du moment. Aussi, une presse caniveau ne reculera devant rien pour l'accuser de meurtre.

Ce qui est effrayant dans cette fiction, c'est la mécanique de la calomnie qui prend le pas sur la vraisemblance avec cette étrange sensation que cela peut nous arriver. Nous, êtres ordinaires qui au détour d'une rencontre impromptue pouvons nous retrouver sous les huées moralisatrices. Huées qui ici, ont poussé l'héroïne au coup de feu fatidique. Salutaire ou vengeur ?

L'histoire est saisissante et interpelle sur les effets dévastateurs du racontar inquisiteur. Toutefois l'usage de la "note" comme style d'écriture m'a laissée au bord du chemin.
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Roman polémique mais très lucide sur une époque sombre (celle des années de plomb du début des années 70 où la fraction Armée rouge fait régner la terreur en Allemagne de l'Ouest), sur les dérives d'une presse à sensations toujours plus cynique.
La vie de Katharina Blum (jeune gouvernante chez un avocat d'affaires) bascule lors d'une soirée organisée par sa marraine où elle se lie passionnément à un jeune inconnu qui se trouve être un dangereux criminel activement recherché par les services de police. Poursuivi, le jeune homme doit prendre la fuite.
Dès cet instant, les enquêteurs vont interroger l'héroïne sur ses relations avec le fugitif pour déterminer le rôle qu'elle a pu tenir auprès de lui. La presse à sensations ne prendra pas d'égards pour détruire tout son honneur. Articles mensongers, calomnieux diffusés à grands tirages. le combat pour la vérité est totalement inégal. L'issue du livre paraît alors presque inexorable.

Ce court roman d'Heinrich Böll est un livre incisif, sans concessions, qui donne à comprendre les tensions qui parfois s'affrontent dans une société confrontée à la terreur (ici, celle de la fraction Armée rouge dans l'ex-RFA), où l'opinion publique, désorientée, rivalise avec la sphère privée allant jusqu'à la réduire à presque rien et où les moyens employés pour établir la vérité peuvent totalement différer, s'opposer.
J'ai été touché par le personnage de Katharina Blum mais également par le couple Blorna, proche de la jeune héroïne, qui aura tout perdu à la soutenir (prestige social, amitiés, travail).
Un très beau roman.


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Un formidable pamphlet digne De Voltaire.

Heinrich Böll commence son roman en précisant ceci :
" L'action et les personnages de ce récit sont imaginaires. Si certaines pratiques journalistiques décrites dans ces pages offrent des ressemblances avec celles du journal "Bild", ces ressemblances ne sont ni intentionnelles ni fortuites mais tout bonnement inévitables.

Le roman de Böll est une satyre sociale de cette Allemagne des années 70 qui vit dans la peur du terrorisme et dans laquelle les journaux peuvent détruire une vie impunément en publiant des rumeurs ou fausses informations qui n'ont pour seul but d'attirer les lecteurs avides de ragots malsains et d'augmenter ainsi les tirages et bénéfices, sans aucune considération du sort que subiront les gens jetés en pâture dans leurs tabloïds. La feuille de choux Bild est toujours à ce jour la spécialiste des amalgames faciles et clivants et des potins.

Nul doute que dans son livre, Böll règle ses compte avec cette presse radicalement anti-communiste qui l'a régulièrement attaqué pour les articles de presse écrits par Böll lui même ou pour les positions de celui-ci sur le clergé bien qu'il ne déclare son apostasie qu'en 1977 soit 3 ans après la publication de @l'honneur perdu de Katharina Blum.

Une chose est sûre, c'est qu'aujourd'hui rien n'a changé sinon que les rumeurs se propagent maintenant à la vitesse de la lumière à travers le Web, influant non plus seulement sur la vie d'une katharina quelconque, mais aussi sur les élections dans "les grandes démocraties". Les dernières élections présidentielles américaines, avec notamment les fake news colportées par Sputnik, l'agence de presse multimédia internationale lancée par le gouvernement russe en novembre 2014, en est l'un des exemples parmi tant d'autres.

@l'honneur perdu de Katharina Blum est remarquablement écrit avec une ironie féroce qui m'a fait sourire plus d'une fois malgré le sujet dramatique abordé. Heinrich Böll rappelle, s'il était besoin, qu'il faut rester bien éveillé et ne pas sombrer aux chants des sirènes de la manipulation orchestrée par les grands groupes de communications. Un grand roman et un prix Nobel bien mérité.


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