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Critiques filtrées sur 5 étoiles  


L'hiver, cette saison froide qui pousse au retranchement, à l'isolement. Pour Victor, ce provincial transparent perpétuellement solitaire monté à Paris pour intégrer une Prépa, ce percheron de seconde classe acharné sans vie sociale confronté aux futures élites, cet hiver 1984 va radicalement changer sa vie. de façon inattendue, le suicide d'un camarade va le propulser au centre de toutes les attentions, lui faire intégrer le cercle fermé de ceux qui connaissent les codes pour réussir. Mais comment vivre sur un mensonge ?

Ce roman résonne étrangement, peut-être parce qu'il décrit si bien la vie d'un adolescent qui se cherche, qui frôle la mort, qui comprend ce monde auquel il n'appartient pas avec autant de lucidité. Dès les premières pages, vous êtes happé par le récit que vous lisez d'une traite et qui ne vous quitte plus. Blondel décrit avec justesse l'ambiguïté de son personnage, la sensation de culpabilité lorsqu'un ami se suicide et que vous avez été impuissant, la ligne ténue entre la vie et la mort.


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Au début du roman, nous faisons connaissance avec Victor, professeur et écrivain. Il revient de vacances et dans son courrier, il trouve une lettre du père d'un de ses anciens copains qui s'était suicidé trente ans auparavant. Nous plongeons avec lui dans ses souvenirs.
Après son bac, Victor arrive à Paris pour effectuer ses deux années préparatoires dans un lycée prestigieux.
Les professeurs sont froids, cassants.
Les autres élèves appartiennent souvent à la société parisienne.
Victor est seul dans ce monde inhumain, mais grâce à un recul, une observation lucide, une étude acharnée, il tient le coup et réussit sa première année.
En deuxième, un camarade de la classe inférieure avec qui il avait commenceé à nouer un lien de sympathie se suicide.
Victor va être tout à fait secoué par cet évènement.
Sa vie étudiante va changer de cap et il va rencontrer quelques fois le père du copain décédé.
Le roman de Jean-Philippe Blondel est très bien exprimé, très bien écrit, sincère et attachant.
Les états d'âme de Victor sont profondément exprimés.
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Ce n'est pas si courant de lire l'histoire d'un adolescent et de comprendre, grâce à forces détails et descriptions venus "du dedans", ses problèmes, son désespoir. Une histoire qui a marqué l'auteur au fer rouge et d'où il n'est pas ressorti indemne. Une histoire qu'il a vécu et qu'il nous transmet avec talent, rigueur, et tout le poids de la vérité.
Une classe de prépa, le travail à n'en plus finir, la compétition, l'acharnement, l'épuisement, un univers impitoyable dont on sort vainqueur ou vaincu, on l'on peut devenir tout ou rien. Une réflexion anodine pour certains mais qui peut agir comme un flèche en plein coeur. Une interprétation hasardeuse qui peut détruire, salir, perturber. Une ambiance lourde où les résultats décident de l'avenir tel un glaive sur celui qui a démérité. le poids trop lourd. La lutte contre l'adversité, l'incompréhension, l'épuisement physique et moral. Et puis l'irréparable.
Texte magnifique qui donne un certain nombre d'éléments tangibles sur la compétition de haut niveau que ce soit dans le sport ou dans les études et qui conseille de garder un oeil ouvert sur les plus fragiles.
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Premier livre de Jean Philippe Blondel qui me passe entre les mains, et certainement pas le dernier. Lu en une journée, j'ai beaucoup aimé l'écriture de l'auteur et l'analyse fine qu'il fait des personnages et des situations.
J'ai trouvé son écriture juste et pertinente, dans un style fluide et en apparence simple, mais où je pense chaque mot est soigneusement étudié.
Je vais de ce pas me procurer d'autres titres de l'auteur...
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Une découverte magnifique que cet auteur et ce livre !

Depuis quelques jours, la présentation de son dernier roman et sa photo sur Babelio m'attiraient irrésistiblement.Je ne connaissais l'auteur que de nom . J'ai acheté deux de ses livres dont celui-ci.Et j'ai bien fait !

J'ai aimé profondément cette histoire, pour différentes raisons. Tout d'abord, j'ai connu sensiblement le même parcours que le narrateur( double troublant de l'auteur, quand on observe sa biographie). Je peux dire que l'auteur a su rendre avec beaucoup de justesse l'univers des classes préparatoires.L'hypokhâgne et certains de ses professeurs, qui du haut de leur arrogante érudition regardent avec mépris les étudiants.J'ai eu aussi, comme Victor, l'impression d'être " un tâcheron" à qui on peut se permettre de faire des remarques blessantes.

J'ai été interpelée également par le drame central.Au cours d'une formation que j'ai suivie il y a quelques années sur les conséquences psychologiques de ce type de drame, un professeur très traumatisé - qui ne le serait pas ?- avait été témoin de la même scène.

J'ai apprécié surtout la sensibilité de l'auteur,son style à la fois lyrique et concis, avec un sens de la formule, de l'expression juste que j'ai trouvé admirable.

Le personnage de Victor, qui mûrit à travers ce drame faisant tout basculer, son rapport au monde et aux autres , me hantera longtemps, je pense.Ainsi que la nostalgie lancinante qui émane de ce beau roman.

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Roman lu et relu dans la même journée... Jean-Philippe Blondel a une écriture faussement simple qui éveille toujours en moi un intérêt et un questionnement durable. Victor, le personnage principal, jeune provincial, vient d'obtenir brillamment son bac. Il a postulé pour entrer en hypokhâgne au prestigieux lycée D. à Paris, qui a accueilli favorablement sa demande. A la rentrée 1984, il intègre donc une classe pour "les purs-sangs", ceux à qui l'on répète en boucle qu'ils constitueront l'élite de la Nation. Perçu par ses condisciples et ses professeurs comme un percheron, il passe en deuxième année, en khâgne. Il est vrai que l'absence totale de vie sociale pendant une année entière favorise un travail acharné.

La deuxième année débute, Victor la pressent encore d'une solitude extrême. Il noue cependant de fragiles liens avec Mathieu, qui arrive de Blois et est frappé du même ostracisme. Courant octobre, Victor est en cours d'Anglais quand les élèves entendent une porte qui claque, celle de la classe de Lettres de l'autre côté du couloir, un "connard" retentit, quelques secondes passent et puis un cri : quelqu'un s'est défenestré... C'est Mathieu.

Jean-Philippe Blondel va garder à cette mort tout son mystère, nombreux seront ceux qui chercheront à donner un sens à cet acte mais il n'y aura pas de réponse définitive. A-t-il franchi la balustrade parce que Clauzet, leur professeur, s'est montré encore plus odieux que d'ordinaire ? Ressentait-il trop fortement la pression en classe préparatoire, cette fameuse classe supposée séparer le bon grain de l'ivraie, les forts des faibles ?

Victor, étiqueté un peu rapidement ami de la victime, devient soudain intéressant. Une aura dramatique l'entoure et le voilà introduit dans le cercle des "Populaires". Ce malentendu lui ouvre la porte des cafés où les "happy few" se réunissent, la porte des soirées dans les quartiers huppés et lui ouvre même le coeur d'une demoiselle "formatée" pour épouser quelqu'un de sa caste. Notre jeune homme se laisse porter par cette vague de sympathie qui va l'amener à rencontrer le père de Mathieu, un homme devenu l'ombre de lui-même à la recherche de ce fameux pourquoi qui a motivé son fils à se suicider. Une relation "biaisée" s'établit entre eux : un père qui est en recherche d'un fils, un garçon que des études poussées ont éloigné de sa famille à l'horizon intellectuel plus limité.

Ce roman parle de cet âge tendre où la mue s'opère, où l'adolescent devient peu à peu adulte. C'est l'âge de tous les possibles, de tous les égarements, de tous les dangers. Tout au long de mes lectures, je me suis demandée si Jean-Philippe Blondel,qui avait l'âge de ses héros en 1984, avait entendu ce cri, un cri qui continuerait de le hanter...

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A voir la couverture de ce livre, avec son ciel laiteux dominant des immeubles parisiens, on s'attend à entrer dans un monde parfaitement ordonné empreint d'un confort feutré.
Or derrière cette apparente tranquillité se cache une violence inouïe. Sans pathos, sans acrimonie, avec au contraire une élégante réserve, Jean-Philippe Blondel lève le voile sur un moment de rupture dans un univers considéré comme le nec plus ultra de notre système éducatif : celui des classes préparatoires.

J'avoue avoir été fortement remuée dès les premières pages de ce livre, tant tout ce qu'il présente soulève en moi de révolte et d'indignation ! Car Blondel nous dépeint un monde où règnent la suffisance, l'appartenance de castes, l'humiliation, la domination et son pendant, la soumission consentie. Il s'agit d'un système d'enseignement basé sur l'acceptation de ces «valeurs», sous peine de s'en trouver exclu d'une manière plus ou moins brutale et radicale, pouvant aller jusqu'au suicide, comme c'est le cas ici.

Le héros de Blondel, Victor, est un jeune provincial qui a été pris dans une classe préparatoire littéraire d'un lycée parisien. Il est en khâgne, c'est à dire en deuxième année, lorsqu'il se rapproche d'un élève de première année (hypokhâgne) ayant un profil comparable au sien. Il est à même de saisir les affres que connaît le jeune homme : le déracinement, la solitude, le mépris des autres élèves, majoritairement issus de la petite ou plus grande bourgeoisie parisienne, dont il ignore les codes. L'humiliation, que certains professeurs ont érigée en méthode pédagogique, est alors d'autant plus difficile à supporter. La charge écrasante de travail prive de pouvoir s'épanouir ailleurs, - libérer son esprit au cinéma, dans des lectures personnelles ou dans de simples déambulations. La crainte de donner à voir sa détresse consécutive aux mauvaises notes et à la difficulté de créer des liens creuse la distance avec la famille. Lorsque tous les éléments sont réunis, l'abîme peut se révéler vertigineux...

Alors on peut dire que Blondel rend compte d'un cas extrême. Certes. Heureusement, oserais-je dire. Mais il n'empêche que ce système n'est pas sans risque sur certains individus, très jeunes, en train de se construire. Pour avoir, peut-être, pressenti cette violence, alors que j'avais l'âge de Mathieu, j'ai claqué la porte d'un de ces établissements pour me tourner vers la fac, quelques jours seulement après la rentrée.
En outre, ce système prétend former nos élites et ce sont ces personnes-là que nous retrouvons à la tête de notre pays, qu'elles occupent des fonctions politiques ou économiques. Et on retrouve dans nombre d'entreprises des comportements calqués sur cette mentalité. Cet entre-soi, ce sentiment de supériorité qui produit les petits chefs avides d'humilier et écraser leurs subalternes pour en faire de serviles exécutants au lieu de favoriser l'expression de leurs compétences. Tout comme l'odieux professeur de français a poussé le jeune Mathieu à sauter dans le vide, alors même qu'il était un brillant et entreprenant jeune homme.

Et le pire reste bien que tout cela soit accepté, que chaque élément de la chaîne participe sciemment à faire perdurer les choses - avec la dose de cynisme que cela suppose et que Blondel ne manque pas d'épingler.

Pourtant, on peut aussi se réjouir qu'un système aussi contraignant et formateur - au sens de formater - puisse paradoxalement faire naître la créativité et le désir d'accomplissement par des voies personnelles. Car le narrateur ne saute pas dans le vide : il choisit d'emprunter la voie de l'écriture pour «tisser un filet au-dessus du gouffre». Sa vie peut alors commencer, dit-il.
Et, en mettant en mots ce moment fondateur, le narrateur, qui se confond à la fin du roman avec l'auteur par un très joli effet de miroir, nous offre le magnifique récit que nous tenons entre les mains: un récit délicat, humain, qui transcrit avec finesse la manière dont chacun accepte de tenir son rôle pour permettre à la pièce de se jouer jusqu'au bout et en tirer les bénéfices attendus. Quels que soient les incidents de parcours.

Quoi qu'il en soit, pour Blondel, le choix de la littérature fut assurément le bon.

Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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Le compte à rebours avant la rentrée des classes est déclenché et, pour certains, le passage en classe prépa tant convoité, se concrétise. Victor appartient à ses élus. Il quitte sa famille, le bac avec sa belle mention dans la poche et des rêves ambitieux plein la tête, pour rejoindre Paris et son établissement prestigieux. Face aux vicissitudes qu'il est obligé d'affronter, il déchante sitôt le premier mois écoulé. Cependant, malgré l'arrogance de ses camarades parisiens envers le petit provincial qu'il est, malgré l'indifférence perverse des professeurs et malgré le travail titanesque chargeant ses jours et ses nuits qui le retrouvent exsangue au bout de l'année scolaire, il est l'un des douze accédant à la classe supérieure, acceptés en khâgne. Victor a 19 ans, il commence à maîtriser les codes et parvient à surnager dans cet univers élitiste. Il échange même quelques cigarettes avec Mathieu, un « première année ».
C'est l'hiver 84.
Brusquement, tout bascule, Mathieu volontairement par-dessus la rampe d'escalier ainsi que Victor et son avenir, aspiré par le drame et les questions qui s'imposent puis s'enchaînent.
Des phrases lapidaires et des mots qui s'abattent comme des coups de poings participent au climat tantôt oppressant, tantôt lancinant qui nimbe ces 268 pages parcourues, quasiment en apnée, presque en état d'urgence. Jean-Philippe BLONDEL, au travers de cette rétrospective, nous permet d'approcher au plus près le cercle très fermé et impitoyable des classes préparatoires, d'en saisir les troubles enjeux et de subir avec Victor, en décalé, les impacts occasionnés sur l'adulte en devenir qu'il était à cette époque.


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L'histoire commence par la lettre que Victor reçoit de Patrick Lestaing. Et les souvenirs ressurgissent. Victor jeune provincial part à Paris en classe préparatoire littéraire, il est perçu comme un tâcheron. Personne ne le connaît, tout le monde l'ignore, jusqu'au jour où Mathieu se suicide devant lui. Parce qu'il était là, tout le monde le croyait proche de Mathieu, pris dans l'engrenage il ne nie pas. Mais il est plus marqué et hanté qu'il ne le croit. Il va jusqu'à rencontrer le père de Mathieu, et lui rendre visite chez lui, et endosser la peine alors qu'il ne connaissait pas Mathieu. Il nous conte la "jungle" des prépas, l'humiliation des professeurs, le travail insoutenable des prépas et la recherche de soi et l'épanouissement personnel à travers tous ces éléments.
Un livre acide sur l'univers des prépas, et les non-dits qui peuvent gâcher une vie.
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Du J.P. Blondel pur jus . Après une dizaine de livres de cet auteur, on retrouve toujours les thèmes récurrents qui nous font apprécier son écriture.
Cette fois, le héros est dans la peau de l'élève , en classe préparatoire littéraire à une époque où seule l'élite de nos lycéens avaient accès à ces classes, époque largement révolue aujourd'hui.
Comme souvent chez l'auteur, il y a un drame avec le suicide d'un étudiant. Et comment souvent, l'auteur fait évoluer son personnage central avec beaucoup d'intelligence et de finesse à partir de ce drame.
C'est un roman à lire d'une seule traite, prenant, sensible, intelligent. Pour ceux qui ne connaitraient pas le reste de l'oeuvre de l'auteur, ses romans sont sensiblement tous du même niveau.
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