Sélection du prix Farniente 2012
« Putain de merde.
Je sais, ça choque et surtout, ça manque d'élégance. »
Eh oui, ça commence comme ça. C'est qu'il est très fâché, ce garçon de 16 ans, lorsqu'il découvre que son père a lu son
blog. Mais bon, un
blog, ....c'est sur Internet, non ? C'est fait pour être lu... non ? Ca me fait penser à ma fille qui ne veut surtout pas que je consulte sa page Facebook. Etre « ami » avec sa mère, quelle aberration ! de toute façon, je ne suis pas sur Facebook, na.
Bref, « si vous voulez vraiment vous exprimer discrètement, vous n'avez qu'à prendre un bon vieux carnet et écrire à la main ! ». Je suis tout à fait d'accord avec le père. Mais alors le fils rétorque : « Et être lu exclusivement par des parents indiscrets ? Aucun intérêt. »
Bon. Passé les premières pages où le fils s'enferme dans un terrible silence réprobateur, où le papa se sent coupable au plus haut point, où la maman désemparée navigue d'un écueil à l'autre, nous entrons dans le vif du sujet : le manque de communication, ou plutôt la communication bancale. Ainsi que son corollaire : la difficulté à parler de soi et à creuser en soi-même au risque de découvrir, qui sait, un terrible noeud.
Lire des écrits intimes, parler de soi, c'est la même chose, finalement : la boite de Pandore est ouverte et libère une quantité infinie de non-dits.
Le père et le fils en font l'expérience. C'est difficile, ça prend la tête, mais ça fait du bien.
Quand je vois des ados complètement renfermés sur eux-mêmes, je me dis que ce tout petit roman au langage vif, très moderne – et malgré tout bien écrit -, pourrait leur faire du bien. Oui, du bien. Pas à la manière des romans « feel good » que j'ai en horreur, mais en s'identifiant à cet ado comme tant d'autres, fonceur et pudique à la fois, sincère et positif.
Et ils en ont besoin, n'est-ce pas, de ces expériences positives où le vide abyssal du silence est comblé par le contact libérateur.