Tu sais ce que ça me fait d’être avec toi, Dagmar ? C’est comme d’être dans un parc d’attractions fermé pour l’hiver, où tout est silencieux et calme. Les manèges, les montagnes russes et les autos tamponneuses sont dans l’expectative. Et vlan ! Il suffit que tu m’embrasses dans le cou pour que les lumières s’allument. Que les stands s’ouvrent. Que la roue de la chance se mette à tourner. Que les visiteurs affluent. Que les manèges se remplissent. Que les machines à pop-corn débordent. Que le train des montagnes russes remonte la pente. Et que des feux d’artifice explosent au-dessus de la ville. Et nous n’en sommes encore qu’au divan.
Festival à Marciac - C’est toujours pareil ! Dès qu’on fait un truc qui m’intéresse, tu fais la gueule !
1991, évocation – Vues de très loin à la télévision, des lumières vertes dans le ciel d’une capitale arabe. L’hiver à Paris. Un chanteur romantique meurt seul, rue de Verneuil. Et l’été, ce musicien qu’on aimait sur la scène, debout sur ses pauvres jambes. C’est la dernière fois pour lui ici. Si nous, on ne le sait pas encore, lui doit s’ne douter. On retient son souffle tant il semble que la moindre brise peut l’emporter. Il scintille comme un Noël sur les Grands Boulevards. Le cocktail extravagant d’un mauvais garçon, d’un chef indien et d’une très vieille femme. Ce soir, aux anciens abattoirs de la ville, 40 ans de partenaires sont convoqués. Les anciens, jeunes défilent, soulignant un peu plus la solitude du vieux musicien. Dans trois mois, il sera mort.
Je ne sais pas pourquoi je te raconte cette horrible histoire. Peut-être parce nous souffrons du même démon, et cette histoire nous appartient, tout comme nous lui appartenons.
C’est au sujet, ô grand sachem, du travail que j’ai commencé sur la musique du jazz, il y a bien des lunes. Il s’agit maintenant de rassembler tout ce matériel en un volume présentable. […] C’est une chance mais aussi une responsabilité. […] Le livre en question doit réunir en recueil les histoires en une page que je faisais pour Jazzman, un journal de blancs. […] Au départ, je me sentais indomptable. Prêt pour mille histoires, et voilà qu’au bout de trente-six lunes, je tombe à genoux sur le sentier. Épuisé, lessivé et pire encore. Je suis écœuré, chef. Écœuré du jazz. Depuis quinze – vingt ans, j’en ai tellement convoité, acheté, accumulé, acheté, que je suis devenu une espèce de spécialiste. C’est ma vie et je tenais mon rôle, mais aujourd’hui (ne me demandez pas pourquoi) dès que je mets un CD dans le lecteur, c’est moi que je vois, c’est moi que j’entends. Moi. Moi dans un miroir. Coltrane, c’est moi ! Miles Davis, c’est moi ! Mingus, c’est moi ! et tous les autres, les grands, les petits ! Moi moi encore moi ! Je tourne en rond. Je ressasse. Il ne faut pas trop se fréquenter soi-même. Faudrait pouvoir s’oublier. […] Seulement voilà il y a ce livre. Tenez, les premières histoires 1991 et Créole Orchestra, le brave qui les a dessinées ces pages n’existe plus. Et moi qui vous parle aujourd’hui suis aussi éloigné de ce brave que peut l’être la capitale du grand-père blanc de la réserve misérable où nous croupissons. […] Ce livre est un mensonge Chef ! Que dois-je faire ?
À partir de 1930, Bubber Miley travaille à plusieurs reprises avec l’orchestre blanc du violoniste Leo Reisman, dans des lieux où règne la ségrégation raciale. Le trompettiste joue derrière un rideau, ou se joint à l’orchestre de manière impromptue en uniforme d’employé de théâtre. – Dictionnaire du Jazz
S’il est vrai qu’un livre digne de ce nom est le reflet de l’âme de son auteur, il est le reflet de l’âme de son auteur à un moment donné. […] Il n’y a qu’une chose de sûre : le doute. Personne n’a raison et rien n’est vrai. Ce livre est le reflet d’une part de toi à une période de ta vie. Si à ce moment-là, tu as travaillé avec cœur, dors tranquille, c’est que tu auras fait de ton mieux.
« A partir de 1930, Budder Miley travaille à plusieurs reprises avec l’orchestre –blanc- du violoniste Léo Reisman –dans des lieux où règne la ségrégation raciale- le trompétiste joue derrière un rideau ou se joint à l’orchestre de manière « impromptue » en uniforme d’employé de théâtre. Dictionnaire du jazz.
CREOLE ORCHESTRA
La nouvelle-Orléans 1897.
Ce noir, ce Buddy Bolden comme on l’appelle, est comme un possédé ! Vous devriez voir ce carnaval ! Il les rend fous…
Ce livre est le reflet d'une part de toi à une période de ta vie. Si à ce moment-là tu as travaillé avec cœur, dors tranquille, c'est que tu auras fait de ton mieux.