Ce
Lune L'Envers m'avait laissé un mauvais gout dans la bouche en première lecture. Et pourtant, je ne pouvais m'empêcher d'avoir envie de le relire. Partce que Blutch fait partie des dessinateurs les plus séduisants du moment et parce que je me rappelled d'un récit très intrigant et bien construit.
Lantz est un auteur de bande dessinée à succès. Mais cela fait 3 ans que l'on attend le nouveau tome de sa série: le nouveau nouveau testament. Son éditeur, Mondomédia, decide d'une mesure radicale: remplacer Lantz. Ce dernier, homme du passé, rempli d'aigreur, ne suppoorte que très mal cette trahison. Pour lui, la bande dessinée, ça se fait à la main. On parle de le remplacer par des employés travaillant sur d'étranges machines et qui font de la bande dessinée sans en avoir conscience. Très vite, les éditeurs repèrent une jeune fille, Liebling, qui ferait plus que l'affaire. Mais rien n'est simple et le timing ne semble pas bon. C'est le moins que l'on puisse dire. Les époques se mélangent et la confrontation entre Liebling et Lantz sera surprenante.
On sent une satire assez virulente du monde de l'édition, ramenée à une espèce de fabrique de yaourt sans âme. Mais ce n'est pas cela qui m'a laisse ce mauvais gout dans la bouche. C'est, et je crois que c'est une des caractéristiques de Blutch, une image de la femme très negative.
On pourra toujours se demander quell est le propos de Blutch dans cette histoire. Finalement, les personnages masculins sont plus que pathétiques, contrairement à Liebling et Winnetou, autre personnage féminin fort. Je pense y voir un récit d'émancipation pour Liebling.
Mais tout le livre est traversé de violences et d'humiliations faites aux femmes. Elle n'y sont que fantasmes ou cauchemars de mecs (comme Mme Dutter, espèce de mégère en tablier et coiffure en petard, sorte de concierge mal repâssée). Dès les premières pages, Liebling se fait mordre les fesses par un chien. Son maître, loin de s'excuser, lui mordles fesses à son tour. Les “eurifices” ressemblent à des glory holes jusqu'à “l'exil” de Liebling dans le service de Mme Dutter qui me fait songer à un supplice SM avec son siege-godemichet.
En fait, Blutch recycle toute la mysogynie des années 70, tout en y rajoutant une couche. Je continue à trouver ce livre très beau visuellement, avec un univers original qui renvoye à Forest et à un certain état d'esprit des années 70 (la “science fantasmée” qui n'est plus qu'une simple prouesses technique mais aussi une machine à imaginer) tout en le trouvant detestable parce qu'il integre de manière naturelle un sexisme trop ordinaire.
Le discours de la mère de Liebling dans les premières sert par exemple de contrepoids à la conclusion, très ouverte, qui laisse beaucoup de place à l'imagination. Il a du sens narrativement. D'autres passages semblent n'être que gratuity, une manière pour Blutch de déverser des fantasmes malsains.