À chacun des échelons de la transmission des ordres, une procédure d’échange est nécessaire. L’exécutant doit pouvoir faire part de son vécu, et fournir un « retour du terrain » à son supérieur. Cet échange est à lui seul de nature à briser le caractère unidirectionnel de l’action et à fragiliser l’état agentique.
Les gens appuient donc sur le bouton et voient leur victime se tordre de douleur jusqu’à faire une crise cardiaque (en réalité, le rôle de la victime est tenu par un acteur qui joue de façon très réaliste et convaincante).
L’attribution à un être vivant de la capacité de ressentir relève d’un choix éthique, et non d’une prétendue différence neurologique.
Dans le monde tel qu’il continue de fonctionner, les États puissants restent en définitive les seuls à décider de leurs actions vis-à-vis de l’environnement. Aussi serait-il plus intéressant de concevoir une telle instance sur le modèle de l’Union européenne, qui dicte des lois contraignantes par l’intermédiaire du droit européen.
Pour garantir la paix sociale et contenir la menace de la récidive, le psychopathe meurtrier doit être maintenu à l’écart de la société. Il s’agit là d’un principe essentiel en criminologie et en justice pénale.
Sacraliser l’humain était une folie résultant d’une dérive empathique, cette dernière qualité ne circulant plus qu’à l’intérieur d’un cercle fermé, celui d’Homo sapiens réfugié dans sa tour d’ivoire.
Nous vivons toujours et plus que jamais dans la sacralité de notre espèce, mais l’homme de Vitruve ne règne à présent que sur un monde desséché d’où s’élèvent des colonnes de fumée noire. Et le voilà condamné à devoir répondre, dans l’avenir, à des questions insolubles.
N’oublions jamais cela : la paix n’a été gagnée que grâce à la prospérité, et la prospérité n’a été gagnée qu’au prix d’une violence inouïe exercée sur la nature.
Certaines personnes peuvent en douter en voyant les conflits et la violence se répandre sur leurs téléviseurs. Et il est vrai que le spectacle du monde qui nous entoure peut laisser penser que l’espèce humaine est de plus en plus violente. Les conflits au Moyen-Orient, en Afrique subsaharienne, au Tibet, sans compter la réalité du terrorisme généralisé qui est devenue la toile de fond de nos existences, peut donner cette image.
On dit souvent que les nazis étaient doux et aimants avec leurs enfants, leur femme ou leur chien… Cela est probablement vrai, et c’est sans doute ici que se situe le problème irréductible de la banalité du mal, à savoir qu’ils étaient pour la plupart des humains « normaux » (pour la plupart, mais pas tous – il y avait aussi quelques Hannibal Lecter dans le tas).