AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Goudal


Après « Le bug humain » qui nous a fait découvrir le striatum,
Après « Ou est le sens? » qui nous a fait comprendre le rôle du cortex cingulaire,
Sébastien Bohler nous fait pénétrer dans le cortex orbitofrontal avec « Human psycho ».
Normal, il est neurobiologiste et donc spécialiste des boyaux de la tête.
Il est aussi écolo ce qui n'est pas vraiment un défaut.
Le sous-titre du livre est « Comment l'humanité est devenue l'espèce la plus dangereuse de la planète » beau slogan mais qui pose question.

Le postulat de base est est que l'humanité est un système composé d'éléments humains. Les ensemblistes-identitaires comme les nomme Castoriadis ont découvert que les propriétés d'un système sont le plus souvent totalement différentes de celles de ses composants.
« Ce livre postule que l'humanité est une entité qui se développe, qui agit et qui ‘pense' de manière autonome. … La question est de savoir comment. … J'ai donc postulé que l'humanité possède un psychisme. Qu'elle a des émotions, un langage, une vie mentale et déploie un certaine nombre de comportements qui lui sont propres. »
Ainsi les quatre caractéristiques fondamentales de l'humanité selon Bohler sont :
1 Elle a une haute opinions d'elle-même. Elle se définit comme supérieure aux plantes et aux animaux. Voir Descartes : « L'homme, maître et possesseur de la nature ».
2 « L'humanité a un talent infaillible pour instrumentaliser la nature ».
3 « Troisièmement, sur le plan émotionnel, l'humanité se caractérise par un manque profond d'empathie. Homo Sapiens se comporte à l'égard de la planète et de toutes les formes de vie qui l'habitent avec une totale absence de compassion. »
4 « Enfin, la quatrième caractères de l'humanité est sa tendance à agir en fonction d'impératifs ou de réactions instantanées dans le but de tirer de cette action un profit immédiat. »
L'humanité aurait donc un égo démesuré; elle serait obsédée par la manipulation, dénuée d'empathie et totalement impulsive. C'est exactement le portait du psychopathe.
Donc, l'humanité est psychopathe.
La démonstration est brillante, évidente, parfaitement documentée avec plein d'expériences scientifique. On serait tenté d'y croire.
Mais que fait-on du psychopathe?
Là, les choses se gâte un peu. On sent pointer des tendances autoritaires. Une bonne petite dictature écolo, ce serait pas mal. D'ailleurs, voyez les antivax, ces connards qui refusent de protéger l'humanité!!!??? tiens donc.
On pourrait aussi avoir un super ordinateur impartial évidemment qui jugerait de tous les projets sur le long terme. Génial.
On pourrait en même temps limiter les communications numériques des individus.
On pourrait aussi mettre en place un machin comme l'ONU mais c'est vrai, ça ne marche pas.
Ces trois propositions tiennent sur les trois dernières pages.
Un peu léger le Bohler.
A sa décharge, il est neurobiologie mais pas anthropologue ni historien.

Qu'est ce qui ne marche pas dans sa démonstration?
C'est d'abord son postulat. Est-ce que l'humanité est un système?
La réponse est évidemment négative.
Un système est un ensemble organisé de principes coordonnés de façon à former un tout scientifique ou un corps de doctrine.
Il existe des systèmes politiques, économiques, philosophiques, industriels, médiatiques et les humains y existent ou y survivent comme ils peuvent.
Mais cela n'effleure pas l'esprit de Bohler. Bien qu'il écrive tout de même « Les principes de la doctrine économique néolibérale sont à la fois la libre concurrence et la libre circulation des biens et des personnes. Ces principes entraînent mécaniquement une accélération des rythmes de production et de consommation des biens. La concurrence globale ne peut pas produire de ralentissement ni prendre en compte le futur. » Il faut lui reconnaître çà. Mais pas question d'interroger ces systèmes ni ceux qui les dirigent.

Dommage.

A lire tout de même surtout si on est ignare comme moi en neurobiologie.
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}