Citations sur Laisse-moi te dire (11)
Tu as levé les yeux pourlire le ciel et tu lui as volé une gorgée d'air.
Tu souriais.
Il m'a semblé que c'était à moi.
Bonjour, Marie. Je t'aime.
On dit parfois des mots, qu'ils vous manquent, vous échappent ou qu'on les perd. Et si, tout simplement, on refusait de les prononcer, si on les bouclait en soi pour se protéger de la vérité ?
Après la perte de leur compagnon, ou de leur compagne, certains ne trouvent leur salut qu'en mettant la clé sous la porte. Impossible de continuer à vivre en un lieu où l'absence crie plus fort que ne le faisait une présence inscrite dans le quotidien. Tout rappelle le disparu, à commencer par les sujets d'énervement: ce bol ébréché qu'il refusait de jeter, ces immondes pantoufles, ces manies que l'on appelle "petites" et qui soudain emplissent tout le terrain du souvenir. Les odeurs, n'en parlons pas; elles font partie des nôtres. Une seule solution: fuir, en misant sur l'oubli.
D'autres font, au contraire, un sanctuaire de l'endroit où ils ont été deux. L'oubli est leur ennemi: ce serait accepter la solitude. Ceux-là n'existent que tournés vers le passé.
Ma soeur m’a adressé un clin d’oeil malicieux : la féministe convaincue constate que nous avons encore du pain sur la planche pour parvenir à l’égalité avec les bonhommes. Inutile de te dresser la liste des doléances, tu la connais mieux que moi. Mais, lorsqu’elle entend des enragées propager cette autre connerie, à savoir que le cerf et la biche seraient pareils, la sociologue pense qu’elles nous envoient dans le mur. Allez, on assume nos différences et on avance du même pas au lieu de se tirer dessus. Paix avec les hommes de bonne volonté, mon frère. Et guerre sans pitié avec ceux qui, sous d’autres cieux, traitent les femmes pire que du bétail et s’amusent à les lapider au moindre écart, quand ils n’en font pas un feu de joie
Ma psy te répondra qu'on n'enterre jamais tout à fait ses rêves. Pour la bonne raison qu'ils nous permettent de vivre.
L’amour, Gabrielle, c’est cette lumière vive qui subsiste après les roulements de tambour, les éclairs aveuglants de la passion. Le sexe, le plaisir que l’on se donne, y participe en créant la splendide illusion que deux êtres peuvent n’en faire plus qu’un. Alors la solitude se brise, durant un bref instant, la vie ne fait plus peur, on a rejoint, dans son odeur même, la respiration de la mer. Cette lumière vive se transforme au fil des ans tout en restant, pour certains, indispensable, comme la veilleuse qui éloigne la mort dans un coin de la chambre d’enfant. Elle peut aussi connaître des baisses de tension
Penché sur mon épaule, le doigt tendu vers l'un ou l'autre des livres sont il m'avait donné le goût et qui, assurait-il, avaient décidé de sa vie, mon père disait : "Tu vois, petit, les mots attendent leur heure. Lorsqu'elle a sonné, rien ne peut les arrêter, ni la honte, ni la peur, ni même parfois, l'amour."
L'heure est venue, Gabrielle. Sous le flot des mots que je n'ai pas osé te dire, car tu ne voulais écouter que toi, je sens rompre les digues du silence.
M'entendras-tu ?
J'imagine ton visage surpris : "Que me veut-il encore, celui-là ?" Tournant les pages, tu lanceras bientôt avec colère : "Il aurait pu m'en parler en face. Lâche, comme tous les hommes."
Lâches, les hommes le sont pour éviter de faire couler les larmes des femmes qui redonnent un cœur douloureux de petit garçon dans un corps de géant. Lâche, je l'ai été aussi pour protéger nos enfants.
Et puis je t'aimais tant.
Laisse-moi te dire... Une dernière fois.
Tu sais, Gabrielle, il y a pire qu'une arme en plastique. On peut détruire bien plus sûrement avec des mots, des attitudes.
Ce goût amer, cette impression d'avoir été dupé, sans doute est-ce ce qu'on appelle la désillusion.
Pension dorée, mais où une vue défaillante, à laquelle s'ajoutait un fort bégaiement, en avait fait la victime toute désignée des enfants, qui cherchent toujours à marquer leur territoire en en excluant brutalement les plus faibles.