Luciano Bolis nous relate son aventure en cette fin de seconde guerre mondiale dans une Italie nazie fasciste. Patriote arrêté par la garde noire, il va endurer les pires sévices. A la lecture, ce récit s'apparente à un compte rendu quasi analytique de ce qu'il se passe dans le corps et dans la tête lorsqu'on est torturé. Surpris par l'endurance du corps, c'est davantage la tête qui préoccupe. Comment s'assurer que par lassitude plus que par douleur, on ne donnera pas de noms, on ne se reniera pas ? Avec une force et une honnêteté intellectuelle sans faille,
Luciano Bolis ne cède pas, il n'est pourtant plus que l'ombre de lui-même, son corps résiste mais à quel prix, il n'est « plus un homme, mais un déchet ». C'est alors que la mort s'affiche comme la grande libératrice, l'ultime solution. Ainsi, emporté par un désir farouche de ne plus souffrir il décide d'échafauder un plan pour se suicider. Il mettra du coeur à l'ouvrage mais rien n'y fait le corps ne veut pas mourir ! Il sera transporté à l'hôpital par la garde noire convaincue des informations stratégiques que ce patriote pourrait encore livrer bien que consciente, pourtant, de la probable défaite de la coalition germano italienne.
Luciano Bolis sera soigné le temps nécessaire pour que les patriotes avertis de sa situation et soutenus par quelques médecins, préparent son évasion.
Finalement, et l'auteur ne s'en cache pas, c'est surtout le récit d'un homme qui a craint oublier avec le temps plutôt qu'un témoignage historique ou un propos ou une réflexion sur la guerre, la nature humaine ou encore la résilience. Voilà donc un livre court et percutant qui, bien que sans prétentions, nous amène inévitablement à nous poser des questions simples mais pourtant essentielles : comment aurions-nous réagi, pour quoi, pour qui serions-nous prêts à mourir?