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sur 179 notes
Le narrateur compte...... Il n'est pas comptable mais psychanalyste et ce qu'il compte c'est le nombre de consultations qu'il lui reste à faire (800) avant de prendre sa retraite. Il n'a qu'une hâte c'est d'en finir mais il va se voir contraint d'ajouter une nouvelle patiente, Agathe, sur l'insistance de sa secrétaire Madame Surrugue. Agathe est une jeune femme d'origine allemande âgée de 25 ans, mariée ayant subi de nombreux traitements dont certains très lourds pour des troubles psychiatriques et qui tient absolument à être suivie par lui.

Alors qu'il pensait que cette dernière ligne droite allait être sans surprise et l'alléger d'un poids, l'arrivée dans son cabinet de cette jeune femme va bouleverser la routine de ses journées, l'amenant, lui le psychanalyste, à porter un autre regard sur les autres et sur lui-même. 

Lui qui écoute les troubles de chacun semble n'avoir jamais porté aucune attention sur sa propre vie, sur ses relations aux autres, ayant peu de compassion pour ces voisins, secrétaire. Peu à peu on le découvre comme un solitaire qui attend avec impatience sa retraite sans avoir une idée précise de ce qu'il va en faire, un peu bougon et l'analyse du mal-être de cette jeune patiente va presque inverser les rôles le poussant à revoir son présent, sa relation aux autres et même son futur.

Au fur et à mesure des consultations avec sa patiente, le psychanalyste va se pencher sur sa propre existence et les questions d'Agathe vont finir par mettre le doigt sur ses propres souffrances, ses propres manques. A force d'écouter les autres il ne s'entendait plus lui-même.

C'est un roman qui aborde de nombreux thèmes : la mort, la vie, la solitude, le rapport aux autres et rejoint la cohorte des romans écrits pour donner des réponses à ceux qui les cherchent. Une sorte de petite histoire philosophique, particulièrement bien écrite, je dois le reconnaître, tellement on ressent la mélancolie du narrateur, sa tristesse, la routine de ses journées et sa misanthropie parfois, mais je suis restée à distance de cette lecture. L'originalité du récit tient par le narrateur, un psychanalyste, spécialiste du mal-être des autres, dont on peut penser qu'il a toutes les clés et pourtant :

"J'ignore totalement comment fonctionnent les gens ! Alors qu'en dites-vous ? Tout cela n'est qu'un grand spectacle ! (p127)"

Une agréable lecture, douce, mélancolique, je la recommande pour la sobriété de l'écriture, pour une psychanalyse accessible et rapide, un petit côté positivisme à la manière feel-good.  Je ne regrette pas de l'avoir lu, dans le genre il est réussi mais j'en attendais peut-être beaucoup plus vu la façon dont ma bibliothécaire me l'avait recommandé. 
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Agathe est un roman que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire, je l'ai lu quasiment d'une seule traite, ne faisant que de courtes pauses. J'ai été très touchée par cette tranche de vie, cette rencontre entre deux solitudes. le narrateur a 72 ans et est sur le point de prendre sa retraite. J'ai envie de dire : il était temps. Je ne dis pas ceci à cause de son âge, je dis ceci à cause de son manque criant d'investissement. Il écoute ses patients, distraitement, tout en dessinant, et en ne retenant pas grand chose de ce qu'ils lui disent, comme en un bruit de fond. Il compte les rendez-vous qui le séparent de la retraite. Oui, il pense à sa succession, il pense aussi à sa fidèle secrétaire madame Surrugue qui, il faut bien le dire, outrepasse son travail au tout début du roman : elle a accepté une nouvelle patiente, une allemande. Jamais, vu le temps qui le sépare de la retraite, il ne pourra effectuer un travail sérieux avec elle ! Il ne se rend pas compte qu'il n'effectue plus vraiment de travail sérieux avec personne.
Et puis... l'impensable se produit, lentement. Comme si la vie du vieux psychanalyste revenu de tout, qui se préparait à attendre seulement la mort, en contemplant peu à peu le temps affaiblissement de son corps, la perte de ses moyens, se mettait tout à coup à repenser les tenants et les aboutissants de son métier. Pour la première fois aussi, il s'intéresse à la vie personnelle de madame Surrugue, parce que, pour la troisième fois au cours de leurs longues années de travail commun, elle lui demande un congé, pour prendre soin de son mari, atteint d'un cancer en phase terminale. C'est comme si, pour la premi-ère fois, il prenant conscience de ce que signifiait veiller sur l'autre, prendre soin de lui, se préoccuper de lui. Monsieur Surrugue est toujours, malgré la maladie, l'homme qui aime sa femme, et sait que, si le présent est douloureux, le futur le sera aussi.
Et Agathe ? Elle se raconte, peu à peu. Elle raconte celle qu'elle n'est pas, celle qu'elle n'a pas voulu être. Qui Agathe est-elle vraiment, alors ? A elle de se (re)construire.
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Un psychanalyste au bout de cinquante ans de carrière, quelque peu désabusé, sur sa pratique et sur sa patientèle, égrène les huit cents entretiens qui lui restent à assume ravant la fermeture de son cabinet.
Une ultime nouvelle patiente, Agathe, va venir briser la tranquille routine dans laquelle il s'était enlisé, aussi bien dans sa vie personnelle que professionnelle.
Agathe, en effet, met quelque peu à mal l'autorité distanciée derrière laquelle se retranche le psychanalyste. Ce dernier sortira alors de sa zone de confort et se confrontera au plus près des angoisses et des peurs que nous partageons tous, psychanalyste ou pas.
Un roman profondément bienveillant, empli d'humanité, écrit par une psychologue danoise.
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Allongez-vous sur le divan...
Vous serez l'un des derniers patients, la retraite approche, et les séances défilent comme un long compte à rebours. Il n'est pas sûr que votre mal-être passionne notre thérapeute. Désabusé, lui aussi en proie à la sensation tenace de n'avoir rien fait de sa vie, il vous écoutera patiemment mais sans passion. Sa secrétaire aura préparé votre dossier. Il est dans la pile qu'elle lui tend tous les matins depuis si longtemps. Toute une vie...

Agathe, elle, va tout faire basculer. Elle s'impose dans ce cabinet, ignorant délibérément la retraire qui vient. Six mois seront bien suffisants, à la guérir d'une vie sûrement pas, mais à bouleverser la suite, c'est certain. Les séances s'enchaînent, de courts chapitres où elle ne dit pas grand chose sur elle, on devine un trauma d'enfance, et des émotions enfouies traitées scarifications après scarifications. En confiant sa part sombre, Agathe, interroge le psychanalyste en face d'elle, et le pousse dans ses propres retranchements. Vacuité d'une vie contre vacuité d'une autre.

Ce court texte est une plongée dans la psychologie par le biais d'un praticien. On appréhende les personnages avec finesse et le parcours professionnel de l'autrice n'y est pas pour rien. Une économie de mots mais tout sonne juste. Et deux personnages qui se comprennent à travers leur incapacité à vivre.

J'ai la chance de recevoir Anne Cathrine Bomann à la bibliothèque jeudi dans le cadre @lesboreales et j'ai hâte de pouvoir échanger avec elle autour de ce roman et du suivant En dehors de la gamme dont je vous parle très vite. En attendant, j'ajoute ma recommandation aux nombreuses croisées ici. Allongez-vous sur le divan et lisez Agathe.

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Nous sommes dans les années 40. le narrateur est un psychanalyste français de 72 ans qui va prendre sa retraite 5 mois plus tard. Il fermera son cabinet après les huit cent entretiens qu'il va assurer pendant cette période, un compte à rebours dont il suit scrupuleusement le décompte.

C'est un solitaire qui n'a établi aucune relation avec les gens qu'il côtoie depuis des années, que ce soit sa secrétaire ou son voisin, car il se dit incapable de parler aux gens en dehors de son cabinet. Il n'a ni famille, ni amis, il dit n'avoir jamais aimé quelqu'un et a la musique classique pour seul intérêt. Avec une certaine anxiété il voit la vieillesse arriver sans aucun projet pour sa retraite même s'il vit la fin de sa carrière comme une libération. Mais que faire de sa vie quand on a passé sa vie à écouter celle des autres?

L'arrivée impromptue d'une dernière patiente allemande, Agathe Zimmermann, qui a perdu le goût de vivre et qui se définit comme "enterrée vivante dans sa propre existence" va tout bouleverser. le psychanalyste ne veut plus recevoir de nouveaux patients mais Agathe réussit à forcer sa porte. Elle veut apprendre à vivre sa vie " La vie m'échappe tout le temps. Elle est juste là, si proche que je peux la sentir. Mais je n'arrive tout simplement pas à découvrir comment on y entre"

Ces deux êtres qui ne parviennent pas à trouver un sens à leur vie vont lentement évoluer, au fil des rendez-vous. Agathe va être la seule patiente à pousser le médecin dans ses retranchements en lui demandant " Comment allez-vous, vous ?" , " Mais enfin, docteur, comment pouvez-vous passer votre vie à soulager la souffrance des autres sans avoir un regard sur la vôtre ? ".

Anne Cathrine Bomann utilise dans ce roman son expérience de thérapeute pour nous proposer une réflexion sur l'importance de trouver un sens à sa vie. Elle aborde de nombreux thèmes universels, la solitude, la vieillesse et l'angoisse de la mort qui approche, l'impression qu'on peut ressentir d'avoir raté sa vie. le roman porte le nom d'Agathe mais c'est le psychanalyste qui en est le personnage principal, la jeune femme va le mettre face à lui même, face à sa souffrance, le faire réfléchir et le révéler à lui-même "Était-ce moi qui me lisais en elle ?" . Les rôles s'inversent et le psychanalyste se met à attendre et désirer la venue de la patiente qu'au départ il ne voulait pas recevoir. Ces deux êtres déprimés vont aller à la rencontre l'un de l'autre et se remplir de vie. Par petites touches, tout en douceur, avec des petites scènes du quotidien, des petits changements, cette histoire toute simple se déroule sur un rythme doux et lent. Un roman original, intimiste et émouvant.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Ce livre m'a été conseillé par un critique littéraire, et... quelle surprise !
Un roman concis et intelligent pour évoquer les angoisses de vie, qui vous prend par la main pour explorer les petits mouvements de l'âme. Par petits chapitres, le narrateur nous emporte dans ses obsessions de psychanalyste proche de la retraite : comment écouter encore avec attention quand la pensée se dérobe ? Comment venir en aide à une personne en détresse ? Comment retrouver le mouvement du désir ?
Ces thèmes, délicatement abordés, m'ont vraiment intéressée car l'écriture est subtile et le propos sans détour : tout invite à l'empathie.
Un moment de lecture très agréable...
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Elle insiste c'est à lui qu'elle veut parler elle a choisi elle est là et " aimerait pouvoir fonctionner"
Elle inventerait un bouton reset pour "gommer son visage s'effacer"
La tristesse roule sur un chemisier rouge et un thérapeute derrière un arbre d'imaginer d'autres vies que la sienne
Des parents ont rendu invisible la petite fille à elle-même
La douleur des fleurs s'amasse et l'aplomb de se briser
les psaumes chiffonnés capitulent
Finalement les mots capturent et le gâteau de paix chuchote :
"Tu existes (...) j'écoute quand tu joues, juste de l'autre côté du mur."
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Paris, 1948. le narrateur est un psychanalyste en fin de carrière. Il a soixante-douze ans et il compte, inlassablement. Il compte le nombre d'entretiens qu'il lui reste à faire avant de partir à la retraite. Quatre-vingt-huit séances. Lorsqu'il a commencé, il était enjoué, plein d'illusions et persuadé de pouvoir faire une différence. Aujourd'hui, les patients se succèdent et lui, il décompte. Il s'ennuie et n'écoute que d'une oreille distraite, tout en pensant à l'après… quand il sera retraité, que les douleurs due à son arthrose s'amplifieront au point de l'empêcher de se déplacer avec sa simple canne, quand il sera seul, reclus dans sa maison.

Lorsqu'Agathe apparaît dans son cabinet, il est furieux. Une nouvelle patiente, quelques mois avant son départ ? C'est impensable ! Il n'aura jamais le temps de l'aider, quant à la guérir, n'y pensez même pas ! Pourtant, Agathe arrive et avec son attitude froide et distante et, pourtant, beaucoup de grâce, c'est tout le monde de ce psychanalyste au bout de rouleau qui est chamboulé. Et alors qu'elle se dévoile, expose ses émotions et ses failles au grand jour, mais toujours avec beaucoup de pudeur, ce sont toutes les certitudes du psychanalyste qui volent en éclat. Soudainement, il ne s'agit plus d'un médecin et de sa patiente qui se retrouvent dans ce cabinet parisien, mais deux êtres humains qui, au fil de leurs échanges, s'aident mutuellement.

La relation de soin peut-elle s'inverser ? Un patient peut-il, même malgré lui, aider un praticien à avancer, à panser ses blessures ? On dit que la thérapie et la vraie vie ne doivent jamais se mélanger… mais sont-elles réellement dissociables ?

Ce court récit soulève de nombreuses questions qui, en tant que patiente et en tant que soignante, me questionnent et me fascinent depuis des années… et nous montre que rien n'est figé et que tout est possible, lorsque l'on touche à l'humain.

Le premier roman d'Anne Cathrine Bomann est aussi doux et poétique qu'il est intelligent et profond, tout en oscillant délicieusement entre onirisme et réalité grâce à une prose délicate et maitrisée.
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Agathe d'Anne Cathrine Bomann est un roman d'une délicatesse absolue.
D'une sobriété infinie. D'une fragilité grandiose.
Subtile, raffiné, éthéré, il a quelque chose de la broderie. Fine, envolée. Chevillée sur la trame soignée de l'étoffe musquée.
Quelque chose de la plume de geai aussi, virevoltante dans les vagues de la brise hivernale.


C'est un roman qui pourtant, ne paye pas de mine.
Il a la blancheur de la neige et la finesse du temps qui passe.
Mais il irradie. D'une lumière opalescente. Terriblement puissante, immaculée.


Cent-soixante pages de psychanalyse. Pas bien vendeur me direz-vous !
Et pourtant. Il y a entre ces lignes plus d'intelligence et de tendresse que dans le regard du merveilleux Vieillard de Ghirlandaio (1490, conservé au Louvre).
Il y a ce je ne sais quoi capable de transformer un roman en chef d'oeuvre.
Cette grâce, cet esprit,
comme sculpté pour déplacer des montagnes.
Celles de nos angoisses et de nos peurs.
De nos doutes et de nos incapacités à vivre.


J'ai goûté chaque ligne de cette histoire,
Et aimé chacun des personnages.
Quelle n'a été ma tristesse hier soir, lorsqu'au détour d'une page, j'ai réalisé que déjà, c'était la fin. Que cet homme et cette femme qui m'étaient devenus si intimes, étaient voués à rester accrochés à la blancheur du papier.
Figés dans le marbre du roman.
Je n'ai cessé, une fois le livre terminé, de le rouvrir pour relire une page, m'imprégner d'une ligne, inspirer l'oxygène d'un paragraphe.


Alors j'imagine que s'il m'a été si douloureux de quitter Agathe d'Anne Cathrine Bomann, c'est qu'un moment ou un autre, le jeu en a sacrément valu la chandelle.
Et le fait qu'il ait déjà été traduit en une vingtaine de langues prouve que je ne suis pas la seule à en être convaincue.
Lien : https://www.mespetiteschroni..
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Ce livre, c'est un peu comme si on suivait une psychanalyse, mais pas comme patient, plutôt comme observateur. Comme si on entrait chez un psychanalyste et qu'on s'installait, écoutant et observant tout avec attention. le narrateur de ce livre a l'air tellement détaché de ses semblables qu'on peut le trouver antipathique. Mais si ce n'était qu'une carapace ? Il suffira d'une seule patiente pour changer les choses.
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