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EAN : 9782924898352
176 pages
La Peuplade (29/08/2019)
3.42/5   176 notes
Résumé :
Véritable phénomène littéraire international, Agathe nous invite à ouvrir les yeux, tout simplement.
Soixante-douze ans passés, un demi-siècle de pratique et huit cents entretiens restants avant la fermeture de son cabinet : voilà ce qu'il subsiste du parcours d'un psychanalyste en fin de carrière. Or, l'arrivée imprévue d'une ultime patiente, Agathe Zimmermann, une Allemande à l'odeur de pomme, renverse tout. Fragile et transparente comme du verre, elle a p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (50) Voir plus Ajouter une critique
3,42

sur 176 notes
A soixante-douze ans, le narrateur, psychanalyste à Paris, en est réduit à compter à rebours les consultations qui le séparent de son départ en retraite, lorsqu'une nouvelle patiente à l'accent allemand, Agathe, vient bouleverser l'ennuyeuse routine et les grises perspectives du vieux praticien. Pour la première fois, le mal de vivre épanché dans son cabinet va éveiller chez lui d'inattendus échos personnels, et la thérapie agir autant sur lui que sur sa cliente dépressive.


Sur un rythme vif, à coups de phrases sobres et dirigées vers l'essentiel, ce court roman happe d'emblée le lecteur, piquant sa curiosité et le tenant désormais sous son charme. L'histoire assène les vérités sans avoir l'air d'y toucher, révélant en quelques mots l'âme de ses personnages, avec une simplicité et une précision non dénuées de poésie. Sans pathos et toute en pudeur, elle immerge dans l'intime et l'émotion, sans même laisser le temps de s'en rendre compte. Vous vous pensiez en terrain neutre, et vous voilà soudain au bord d'un gouffre. Tout paraissait écrit, mais la vie vous entraîne pourtant encore dans l'espoir de ses incertains possibles.


Il suffisait pour cela d'une rencontre que rien ne laissait présager, entre une jeune femme incapable d'affronter sa peur de la vie, et un vieil homme insidieusement emmuré dans l'aliénante protection de la routine et de la solitude. Alors, chacun miroir de l'autre, peut-être oseront-ils quitter la berge pour enfin suivre le flux de leur existence.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Voilà un petit livre très curieux qui ne ressemble à aucun autre que je connaisse – merci à Sabine59 qui attiré mon attention sur ce récit par sa chronique.

La seule chose qui me soit rapidement venue à l'esprit c'est la série « En thérapie » diffusée sur ARTE il y a quelques temps.

Nous sommes dans la tête du personnage principal - un psychanalyste qui va prendre sa retraite dans quelques jours – avec 688 consultations à venir au début du récit. Nous sommes aussi à Montpellier, peut-être dans les années 30, mais ce récit est intemporel et la situation pourrait tout aussi bien se situer de nos jours.

La vie de ce psychanalyste est réglée comme du papier à musique : sous la houlette de Mme Surrugue, sa secrétaire qui organise son emploi du temps minutieusement, il reçoit des analysants qui semblent être là depuis des lustres, sans grand espoir de guérison, où tout simplement la perspective d'aller un peu mieux.

Sa vie serait donc plutôt marquée par l'ennui, si une nouvelle patiente ne s'était pas présentée à lui pour qu'il accepte de s'occuper de son cas. Elle s'appelle Agathe et présente a priori un dossier plutôt lourd et complexe. Comme il va prendre sa retraite bientôt, il décline dans un premier temps.
Mais celle-ci insiste auprès de Mme Surrugue et réussit à lui extorquer un premier rendez-vous … qui sera bientôt suivi de beaucoup d'autres.
Contre toute attente, l'existence morne et routinière de notre personnage principal va être bouleversée par la présence répétée d'Agathe. Insidieusement, Agathe se révèle un cas étonnant, qui pique sa curiosité et va l'entraîner là où il n'avait aucune envie de se rendre.

Pas de pathos pour autant. On suit l'analyse d'Agathe et l'hypothèse qui se forme peu à peu dans l'esprit de notre analyste pour expliquer le comportement étrange de sa patiente. Et entre les deux protagonistes que rien ne prédispose a priori à se rencontrer, une curieuse connexion va se nouer entre eux, bien malgré notre psychanalyste qui sait pertinemment qu'il ne saurait y avoir de relation personnelle avec une analysante …

On ne dira rien du final – qui n'atteindra peut-être pas le suspense de la rencontre entre la belle Mélanie Thierry et Frédéric Pierrot dans « En thérapie » - mais ce qui est certain c'est que la vie millimétrée que mène notre héros va être fortement perturbée : il suffit par exemple que Mme Surrugue prenne un congé maladie pour s'occuper de son mari malade en suppliant son employeur de passer le voir, pour que tout se dérègle…


Etonnant premier roman qui m'a laissée plutôt perplexe. Et si, pour un personnage de psychanalyste j'ai préféré la lecture de « La patience des traces » de Jeanne Benameur, « Agathe », par la sécheresse de son style qui colle au personnage, n'est pas dénuée d'un intérêt certain.
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Le moins que l'on puisse dire c'est que le psychanalyste qui nous parle ici n'attire, de prime abord, aucune sympathie de notre part.
Monsieur va bientôt avoir soixante-douze ans et a donc décidé de prendre sa retraite, une décision tout a fait légitime sans aucun doute. Il lui reste cinq mois à se rendre dans son cabinet et il entame alors le compte à rebours des consultations restantes avec soupirs, indifférence, ennui et même agacement. Il nous évoque ses douleurs articulaires, ses pensées sur le vieillissement, ses petits croquis d'oiseaux caricaturaux dont il orne les dossiers de ses patients. Enfoncé dans son vieux fauteuil en cuir, il écoute d'une oreille distraite les différentes souffrances.
Il est célibataire, entretient avec sa secrétaire, madame Surrugue, une relation routinière pleine de déférence, purement professionnelle, sans aucune profondeur humaine.
Et puis Agathe se présente, très déterminée, et force sa réticence à prendre une nouvelle patiente. L'image de son regard puissant, de sa pâleur extrême, le déstabilise.

Ce petit roman surprend par le portrait de ce thérapeute qui a passé cinquante ans de sa vie à soigner des êtres en détresse psychique mais qui, en dehors de son cabinet, n'a jamais eu un geste, ni une parole vers quiconque, y compris son voisin immédiat. Il séduit par ses interrogations sur la façon de saisir sa vie, sur les difficultés de s'y couler sans qu'elle nous échappe.
Quelques aveux, portés par une très jolie plume, ouvrent sur les difficultés de vivre et de mourir. Au début, complètement résigné et indifférent, le narrateur éprouve ensuite des émotions de plus en plus confuses. Une interrogation ressort : Y a-t-il un mode d'emploi de la vie ? On glisse alors vers des réflexions sur l'existence tout en assistant à une évolution des relations.
Qui psychanalyse qui ?

J'aurais aimé rester plus longtemps plongée dans l'écriture sobre et plaisante d'Anne Cathrine Bomann qui décrit précisément les expressions physiques et morales des personnages et qui fait planer les impuissances de chacun.
La fin arrive trop vite et laisse dans son sillage un goût de trop peu. Je suis sûre que, tout en préparant ses tasses de thé, ce thérapeute pouvait encore nous parler des incertitudes de la vie.
Le sujet de la psychanalyse d'Agathe est également passionnant et ma curiosité aurait supporté plus d'approfondissement. C'est cependant un premier roman qui invite fortement à suivre l'évolution de cette auteure danoise.
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Drôle de petit livre d'une psychologue danoise, acheté par hasard. L'action se passe dans les années trente, quarante, à Montpellier mais l'endroit importe peu, en fait.

La narration est faite à la première personne par un psychanalyste de 72 ans, qui n'a qu'une hâte: être en retraite. Il ne supporte plus ses patients, son travail. Il compte à rebours le nombre de séances qu'il doit encore effectuer. Dans cet univers terne, routinier, solitaire qui est le sien , un élément perturbateur va souffler un tourbillon de vie...

Il s'agit d'une jeune femme, Agathe, pourtant dépressive, auto-destructrice. Il avait d'abord refusé de la suivre en tant que patiente, prétextant sa prochaine cessation d'activités. Mais l'insistance d'Agathe l'a emporté.

Peu à peu, le vide de sa vie va lui apparaître, grâce à elle, et l'espoir d'être enfin lui-même se dessiner...

On peut considérer ce livre comme une fable métaphysique, un conte philosophique, ou tout autre chose,c'est en cela qu'il est atypique, intrigant. Mais le fait qu'il soit si court ne permet pas de pénétrer en profondeur dans les âmes tourmentées des personnages, de creuser leurs souffrances. C'est ce que j'ai regretté. On reste un peu en surface. Et qu'elle est sombre, l'existence du psychanalyste, avant l'éclaircie !
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« Phénomène littéraire international », dit la description. de quoi créer des attentes…

Alors non, ce n'est pas l'enthousiasme. Mais en même temps, il y a vraiment une émotion qui passe dans ce roman.
Car il me met un peu mal à l'aise, ce psychanalyste tourmenté qui tient le décompte du nombre d'entrevues qui lui restent avant la retraite.

Un homme qui n'a aucune vie à lui, pas de famille, aucun ami. Il habite depuis toujours dans le même appartement où ont vécu ses parents, aucun décor personnel, rien. Une terrible solitude ? Et pourtant, il est là à écouter et à soigner des personnes dépressives, suicidaires ou mal dans leur peau.

Et Agathe ? C'est une patiente, qui souffre depuis des années. Elle a déjà été internée, a subi des électrochocs et autres traitements barbares. Elle veut disparaître…

Alors, lire c'est parfois habiter un moment d'autres vies et pour moi, celles-ci sont aussi autres que possible, mais j'en ai vécu un instant la misère…
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critiques presse (3)
LeJournaldeQuebec
16 septembre 2019
Véritable phénomène littéraire traduit en une vingtaine de langues, Agathe, le premier roman de la psychologue danoise Anne Cathrine Bomann, raconte comment deux êtres vides et déprimés se remplissent de vie, à la rencontre de l’un et de l’autre.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Actualitte
02 septembre 2019
Psychologue et romancière danoise, Anne Cathrine Bomann nous transporte de l’autre côté du divan dans son premier roman, Agathe, publié chez La Peuplade. Habituée de la poésie, elle nous narre l’histoire d’un psychanalyste en fin de carrière, attendant la retraite comme un enfant le début des vacances scolaires.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LaPresse
27 août 2019
Intimiste, profond, touchant. Le premier roman d’Anne Cathrine Bomann, une psychologue danoise de 35 ans, nous arrive sur la pointe des pieds, sans tambour ni trompette.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (72) Voir plus Ajouter une citation
Sur le sol du côté droit du lit était installé un matelas avec un édredon et un oreiller. Sur la table de chevet à gauche, là où j’étais assis maintenant, il y avait une lampe, un verre d’eau, une cuvette et une boîte avec des bonbons à la menthe. C’étaient là les remèdes contre la mort.
— Je ne suis pas sûr du tout de la façon dont je peux vous aider, Thomas, dis-je. Je n’ai jamais aimé quelqu’un.
Mes propres mots me prirent de court, mais Thomas se contenta de répondre :
— Oui, nous n’avons pas tous cette chance. Peut-être vous sera-t-il plus facile de mourir.
— Peut-être, approuvai-je. Mais plus difficile de vivre.
Son rire était de pierre tombant sur la pierre.
— Vous avez peut-être raison, parvint-il à articuler, tandis que son rire se transformait en toux. Une vie sans amour ne vaut pas grand-chose.
Je lui souris et nous restâmes un peu en silence avant que je lui demande :
— Vous avez dit que vous aviez peur ?
— Complètement terrifié !
Il sourit de nouveau, avec les yeux cette fois.
— C’est agréable de l’avoir dit.
— Moi aussi, en fait, j’ai peur, avouai-je, mais je n’ai pas tout à fait découvert pourquoi.
— Je pense que le pire, c’est de ne plus revoir le visage de ma femme. D’aller quelque part où elle n’est pas.
Pour une raison ou une autre, je comprenais exactement ce qu’il voulait dire.
— Peut-être n’est-ce pas du tout elle que vous devez lâcher, proposai-je. Peut-être n’est-ce que tout le reste.
Je n’étais pas sûr que cela fasse sens, mais Thomas tendit la main et prit la mienne, de la même façon que l’avait fait sa femme quelques jours auparavant.
— C’est vrai, je sentis sa main se resserrer en une faible pression, elle, je ne pourrai jamais la lâcher. Le reste, peut-être.
Il relâcha ma main, se recroquevilla en un nouvel accès de toux sèche, et je lui tendis l’eau, dont il but quelques gorgées.
— J’espère que vous allez découvrir de quoi vous avez peur, dit-il d’une voix éraillée en se recouchant sur l’oreiller. Tout autre chose serait un terrible gâchis.
Je lui jetai un regard et haussai les épaules ; est-ce que cela n’avait pas été du gâchis jusqu’ici, pour la plupart ? Je lui demandai quand même :
— Comment découvre-t-on de quoi on a peur ?
— Mon expérience, dit Thomas, tandis que ses yeux se fermaient, c’est que l’on commence par ce dont on a la plus grande nostalgie.
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Je crois que la vie est à la fois bien trop courte et bien trop longue. Trop courte pour qu’on ait le temps d’apprendre comment on doit vivre. Trop longue parce que le déclin devient de plus en plus visible chaque jour qui passe.
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Sur le sol du côté droit du lit était installé un matelas avec un édredon et un oreiller. Sur la table de chevet à gauche, là où j’étais assis maintenant, il y avait une lampe, un verre d’eau, une cuvette et une boîte avec des bonbons à la menthe. C’étaient là les remèdes contre la mort.
— Je ne suis pas sûr du tout de la façon dont je peux vous aider, Thomas, dis-je. Je n’ai jamais aimé quelqu’un.
Mes propres mots me prirent de court, mais Thomas se contenta de répondre :
— Oui, nous n’avons pas tous cette chance. Peut-être vous sera-t-il plus facile de mourir.
— Peut-être, approuvai-je. Mais plus difficile de vivre.
Son rire était de pierre tombant sur la pierre.
— Vous avez peut-être raison, parvint-il à articuler, tandis que son rire se transformait en toux. Une vie sans amour ne vaut pas grand-chose.
Je lui souris et nous restâmes un peu en silence avant que je lui demande :
— Vous avez dit que vous aviez peur ?
— Complètement terrifié !
Il sourit de nouveau, avec les yeux cette fois.
— C’est agréable de l’avoir dit.
— Moi aussi, en fait, j’ai peur, avouai-je, mais je n’ai pas tout à fait découvert pourquoi.
— Je pense que le pire, c’est de ne plus revoir le visage de ma femme. D’aller quelque part où elle n’est pas.
Pour une raison ou une autre, je comprenais exactement ce qu’il voulait dire.
— Peut-être n’est-ce pas du tout elle que vous devez lâcher, proposai-je. Peut-être n’est-ce que tout le reste.
Je n’étais pas sûr que cela fasse sens, mais Thomas tendit la main et prit la mienne, de la même façon que l’avait fait sa femme quelques jours auparavant.
— C’est vrai, je sentis sa main se resserrer en une faible pression, elle, je ne pourrai jamais la lâcher. Le reste, peut-être.
Il relâcha ma main, se recroquevilla en un nouvel accès de toux sèche, et je lui tendis l’eau, dont il but quelques gorgées.
— J’espère que vous allez découvrir de quoi vous avez peur, dit-il d’une voix éraillée en se recouchant sur l’oreiller. Tout autre chose serait un terrible gâchis.
Je lui jetai un regard et haussai les épaules ; est-ce que cela n’avait pas été du gâchis jusqu’ici, pour la plupart ? Je lui demandai quand même :
— Comment découvre-t-on de quoi on a peur ?
— Mon expérience, dit Thomas, tandis que ses yeux se fermaient, c’est que l’on commence par ce dont on a la plus grande nostalgie.
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— Je crois que la vie est à la fois bien trop courte et bien trop longue. Trop courte pour qu’on ait le temps d’apprendre comment on doit vivre. Trop longue parce que le déclin devient de plus en plus visible chaque jour qui passe.

(Héliotrope, p.110)
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Pourquoi (...) n’y avait-il personne qui vous disait ce qui arrivait au corps quand on vieillissait ? Qui vous parlait des articulations douloureuses, de la peau excédante et de l’invisibilité ? Vieillir, pensai-je, pendant que l’amertume se déversait, consistait surtout à observer comment la différence entre son moi et son corps grandissait et grandissait jusqu’à ce qu’un jour on soit complètement étranger à soi-même. Qu’y avait-il là de beau ou de naturel ? Et alors que le disque se terminait et que le silence me laissait solitaire dans la pièce, vint le coup de grâce : il n’y avait aucune issue. Il me fallait vivre dans cette prison grise et traîtresse jusqu’à ce qu’elle me tue.
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