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Critique de Ana_Kronik


Un livre qui vous laisse sonné. Quel en est le personnage principal? Peut-être l'usine elle-même, monstre impitoyable dont on voit bien l'allégorie lorsque dans une scène à l'écriture sublime, le narrateur, tout à la fin, la contemple de la rue...

Car ici, sortie d'usine se comprend de diverses manières. Ce n'est pas seulement la sortie du soir, la "débauche", meilleur moment de la journée. C'est aussi la démission du narrateur, qui a réussi à la quitter. Ce sont aussi les rêves de démission -parfois réalisés, parfois brutalement suivis d'échecs- de ceux qui ont réussi à accumuler un petit pécule pour aller ouvrir un bar ou autre mise à son compte, comme on dit. La grève, petite parenthèse enchantée (la scène où les ouvriers occupant l'usine déambulent respectueux dans les bureaux de la direction est extrêmement jouissive). C'est enfin la sortie définitive de ceux qui sont morts au travail, ou quelques mois après avoir pris leur retraite.

Mais le monstre-usine, on s'en accommode aussi, comme Jonas dans le ventre de la baleine. François Bon passe en revue les ruses dérisoires, les stratégies subtiles pour s'y faire une place et y survivre. Les photos de pin-ups graffitées, scotchées autour du poste de travail. Les courses en transpalette, utilisé comme une trottinette capricieuse de 120 kilos. Se rappeler les conversations du dîner de la veille pour éviter l'ennui de l'automatisme, de ces mêmes gestes répétés à longueur de journée. Se plonger dans un livre à la pause déjeuner.

On est très loin ici de la caricature de l'ouvrier. On peut même se dire après avoir lu ce livre que l'ouvrier moyen, cela n'existe pas.
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