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Critique de Subtropiko


« Académicien, académicienne » … on imagine une certaine hauteur, voire une vraie raideur, chez ces quarante élus, – même si les femmes, comme les ecclésiastiques, sont théoriquement dispensées du bicorne, de l'épée, de l'uniforme vert – et quelque chose d'inaccessible, dans cette « immortalité ».

Rien de tel chez Dominique Bona, qui appartient cependant à l'Académie française. Une plume fluide et sensible, des portraits pleins de tendresse mais aussi de lucidité, un ton familier, une grande proximité avec ses personnages, appuyée sur une documentation quasi irréprochable sont à mettre sans hésiter au crédit de cette biographe et romancière. D'elle, j'ai lu notamment « Berthe Morisot, le secret de la femme en noir » ; « Mes vies secrètes », où elle nous présente sa famille d'élection, ses modèles ; « Colette et les siennes », chroniqué ici ; et « Clara Malraux », qui porte en sous-titre « Nous avons été deux ».

Au début, de fait, ils sont deux. Malraux, affabulateur, voleur, ingrat, génial séduit Clara, brillante, cultivée, amoureuse, confite d'admiration pour son phénomène d'époux. Puis on croise, au fil des chapitres, bien d'autres figures : des écrivains et leurs éditeurs, des politiques, des militantes, des héros… parfois des médiocres, des envieux. Clara et André ne marchent plus du même pas, mais elle n'est pas, dit-elle, « une femme qu'on protège ». Pendant l'Occupation, elle fabrique de faux papiers tout en élevant sa fille, Florence. Après son divorce, elle écrit, elle publie, toujours sous le nom de Malraux, devenu ministre. « le nom ? avait déclaré Malraux au lendemain de leur séparation. Elle ne l'a pas volé ». Plus tard, il ricanera en recevant ses lettres : « Madame Clara et ses problèmes. Panier. »

Elle peine à trouver un éditeur pour ses propres mémoires (on craint de froisser son ex-époux, solidement installé au gouvernement De Gaulle). François Nourissier lui en donne la possibilité. Grâces lui en soient rendues. À Jean-Marie Rouart (aujourd'hui « immortel », lui aussi !), elle lance : « Non, mais vous me voyez en femme de ministre ? »

On se jette dans ces cinq cents pages (en édition de poche), qu'on traverse d'un élan, sans aucune lassitude.
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