Citations sur Les partisans : Kessel et Druon, une histoire de fami.. (25)
Mon cher Joseph Kessel,
"Le Lion" est magnifique. C'est peut-être le plus beau de vos livres. Cela marche, court, s'émeut, éclate et retentit. Votre talent est très grand et vous en distribuez les fruits, largement, tout de go, sans artifices apparents de la pensée ou du style. Merci.
Croyez bien, mon cher Joseph Kessel, que je vous tiens pour un des miens, aujourd'hui autant que jamais.
Bien amicalement vôtre.
Charles de Gaulle
"Chant des partisans
Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne ?
Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c’est l’alarme.
Ce soir l’ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes.
Montez de la mine, descendez des collines, camarades !
Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades.
Ohé, les tueurs à la balle et au couteau, tuez vite !
Ohé, saboteur, attention à ton fardeau : dynamite...
C’est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères.
La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère.
Il y a des pays où les gens au creux des lits font des rêves.
Ici, nous, vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève...
Ici chacun sait ce qu’il veut, ce qu’il fait quand il passe.
Ami, si tu tombes un ami sort de l’ombre à ta place.
Demain du sang noir séchera au grand soleil sur les routes.
Chantez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute...
Ami, entends-tu ces cris sourds du pays qu’on enchaîne ?
Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
Oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh... "
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Cette Russie de Kessel, même embellie à travers les yeux de l'enfance, n'était décidément pas littéraire, confinée à des romans, à des récits, à des nouvelles qui en portaient la trace. Elle débordait sur sa vie, expliquait bien des folies, bien des extravagances. Elle l'exaltait, lui faisait du bien, en partie. Mais elle contenait en même temps, et Druon, en avait la plus claire conscience, sa part de malheur. Kessel, il n'en doutait pas, était habité par les dibbouks, ces esprits malins qui, dans la mythologie juive, pénètrent le corps et l'âme des vivants et ne les lâchent plus. Les dibbouks insinuent en vous le remord de la faute, le regret de ce qui n'est plus ou de ce qui aurait pu être, jusqu'à votre fin dernière.
De ces démons qui le terrifiaient et avaient sur lui une emprise obsédante, Jef voulait protéger Maurice. Il avait l'espoir de lui épargner ce qui avait conduit Lola (Lazare - père de Maurice) au suicide et qui le tourmentait lui-même, menaçait forcément Georges aussi, la maléfique influence qui avait toujours plané sur eux trois. Elle polluait leur esprit avec les miasmes d'un imaginaire plein de progroms, de villages incendiés, de tribus enterrées vivantes dans la neige, et de cavaliers kirghizes qui chevauchent la nuit, alors qu'ils sont morts.
page 115 -
Maurice Druon - Volupté d'être :
Voici son héroïne : "Elle choisissait bien ses amants et laissait rarement passer un homme célèbre à sa portée dans lui organiser un souvenir. Elle faisait l'amour avec la gloire, et son lit était un Panthéon."
page 298
Le jeune homme derrière lui (Kessel) pourrait être son fils. Quoique beaucoup plus mince avec des cheveux roux, un teint très pâle, marqué de traces roses par l'effort, leur ressemblance est frappante.
Ils ont le même masque aux traits sculptés, la même implantation de cheveux, drue et léonine, et puis ce regard clair, à nuance de vert chez Kessel, nettement bleu chez lui. A l'allure aussi, on leur reconnaît un semblant de parenté, car ces deux marcheurs traqués, ces fugitifs, évoquent plutôt, par leur solidité, leur manière de porter haut le regard, des seigneurs de la steppe, d'indomptables nomades. Kessel, tout en puissance, avance en écrasant le sol tandis que le jeune homme, élégant en toutes circonstances, a plutôt l'air d'un cavalier tenant par la bride un cheval imaginaire.
page 15
L’oncle Jef n’a jamais pu écrire que sous le sous le choc des évènements, dans la fièvre d’une rébellion, d’une guerre, ou d’expéditions éprouvantes au commun des mortels ― marche dans la brousse ou le désert, vols aériens dans des carlingues à ciel ouvert, traversées de mers lointaines à bord de felouques aux voiles déchirées, escapades risquées et vagabondes, il a toujours été stimulé par l’aventure. La prise de risque, le danger, les imprévus font monter dans le sang le taux d’adrénaline, ce qui est excellent pour la création romanesque.
De Germaine [Sablon], Jean Cocteau dit : « C'est un cœur qui chante.»
Lorsque son frère Jean Sablon,dans quelques années, se verra proposer la légion d'honneur, il préférera la refuser. Elégance d un chanteur mondialement célèbre, mais demeuré modeste en son coeur
"Ma sœur et mes frères sont décorés de la légion d honneur à titre militaire. je ne peux pas la recevoir au titre de la chansonnette "
Kessel (soixante-neuf ans) fréquentera peu l’Académie. Il ne participera à aucun de ses travaux. À Jean-Jacques Brochier qui l'interroge pour le Magazine littéraire : « Quand on est dans les bas-fonds de Calcutta, penser qu'au même moment il y a une séance du dictionnaire et qu'on pourrait y assister, c'est assez savoureux. »
Druon, en revanche y fera carrière. Mais pas seulement. Il a aussi trouvé à l'Académie ce qu'il cherchait le plus : une famille.
C'est, concomitante du Chant à quelques jours près, La complainte du partisan. Un peu différente, un peu semblable, et signée "Bernard", du nom de d'Astier dans la clandestinité, les paroles en sont plus douces, plus mélancoliques.