Citations sur La vie comme elle vient (19)
Comment font les autres pour oser s'embrasser ? Comment font les gens pour se dire qu'ils s'aiment ?
Je pense aux centaines de génération d'amoureux qui sont passées par là, depuis la nuit des temps. Mes parents, aussi, ont dû éprouver ça, ce vertige incroyable...Comment ont-ils pu le surmonter ? Un baiser, c'est "nature", comme dit Britt, mais franchement, ça demande infiniment plus de courage que de plonger du haut du rocher de la rivière.
Est ce cela le génie du genre humain ? Cette capacité de faire surgir de la beauté, même dans les pire situations ?
- Je roule toujours doucement ! me rétorque-t-il vivement.
Je travaille dans un garage, Mado.
Des voitures accidentées, j'en vois tous les jours ! Ca calme.
Cette remarque me cloue le bec.
Pour moi, un ouvrier mécanicien est forcément un fondu de vitesse, un dangereux chauffard macho et borné, mais Luigi n'est peut-être pas aussi crétin que je le pensais.
Aujourd'hui, Patty est toujours vulgaire, sans gêne, envahissante.
Parfois, je me demande si elle n'a pas une atrophie du cerveau,
mais ce que j'ai découvert, c'est qu'elle est d'une générosité sans limite, qu'elle a le sens de la fête, de l'humour, de la vie, et qu'elle me respecte énormément, même si je suis différente d'elle.
Alors, de mon côté, je fais des efforts. (...) Ca ne me dérange pas, après tout.
Ce qui compte, c'est la gentillesse.
Je guette sur son visage un indice (...) mais le visage de Patty reste indéchiffrable. Les piercings qui pendent à ses oreilles tintent à chaque mouvement de sa mâchoire. Tic-tac, cling, cling. Patty est une fascinante mécanique. A quoi pense-t-elle ?
Pense-t-elle seulement à quoi que ce soit ?
Je maudis la vie d'être à la fois si dure et si belle, parce que si elle n'était que dure, ce serait plus simple. On irait tous se pendre et on n'en parlerait plus. On ne sentirait pas la peau douce des bébés et cet étrange attachement qui nous enchaîne à eux malgré tout.
Et c'est à ce moment-là que je me met à pleurer. Les larmes m'inondent les joues en un rien de temps et ma poitrine se creuee de spasmes violents.
- Il est vivant, Patty! Ton bébé est vivant!
Malgré moi, mes yeux se posent sur son ventre.
Sous son tee-shirt taille XXL, on ne devine pas grand-chose.
- Six mois et demi, énonce-t-elle.
- Mais ...
Je secoue la tête. Il y a sans doute une erreur. Son ventre est à peine enflé.
Elle a pris des rondeurs, c'est vrai, mais pas tant que ça, tout de même !
- Il paraît que ca dépend des femmes, m'explique Patty. Surtout pour un premier enfant. Chez certaines, ca se voit tout de suite ; chez d'autres, c'est carrément discret. Je n'arrive plus à boutonner mes jeans, mais, avec un long pull, ca passe encore inaperçu.
A l'écouter, on pourrait croire que la vie est légère, facile, sans soucis.
Cela dit, je ne lui en veux pas. Patty se débrouille comme elle peut.
Elle travaille dur, gagne l'argent qui nous permet de manger et elle me paye le cinéma quand je le lui demande. Elle ne remplacera jamais papa et maman, mais c'est ma frangine.
Ma super-frangine.