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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ecriture délicate pour un sujet délicat : l'internement en centre psychiatrique dans les années 1950.

La première partie est constituée du journal intime d'une adolescente anorexique hospitalisée dans le centre psychiatrique Falret par sa famille et de lettres de la nièce du directeur, employée au centre, à sa meilleure amie restée au pays !

Deux visions des mêmes choses et deux âmes perdues, esseulées qui vont se rencontrer et venir en aide à un jeune autiste.

La seconde partie se déroule de nos jours. Sophie est étudiante en psychologie et prépare une thèse sur les conditions d'internement des adolescents et jeunes adultes dans les centres psychiatriques et plus particulièrement au centre Falret, fermé depuis, et auquel elle a eu accès. Elle retrouve une partie du journal de Béatrice et avec l'aide de deux frères rencontrés à cette occasion, elle va partir en quête du destin des deux jeunes filles !

Une plume simple et sobre qui traite avec délicatesse des personnalités torturées d'adolescentes en conflit avec leurs familles ! Roman très poignant par moment, très humain et réaliste, aussi est-il difficile de ne pas s'attacher à tous les personnages quelle que soit l'époque !

Seconde lecture de Cathy Bonidan qui confirme ce que j'avais ressenti avec Chambre 128.

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Il est étrange de commencer en 1956, cette fiction, « Le Parfum de l'Hellébore », qui se déroule en milieu hospitalier. L'auteur Cathy Bonidan est vannetaise. En janvier 1955 une épidémie de variole se déclare à Vannes faisant une vingtaine de morts, dont le Dr Grosse. Parmi les victimes plusieurs jeunes filles. L'épidémie sera éteinte grâce à une vaccination de masse sur toute la Bretagne.

Ces faits encore présents dans la mémoire collective soulignent que la médecine en 1956 est très éloignée de celle que nous connaissons.
En 1955 des femmes meurent encore en couche, des enfants meurent en bas âge.
Que dire de la médecine psychiatrique, on lui donnait encore le nom de la maison des Fous, nom que l'on entend parfois en 2017 pour St Avé (56).

les électrochocs sont encore pratiqués dans les années 1970.

Soigner l'autisme ou l'anorexie en 1956, et le guérir était alors aussi improbable que de gravir l'Anapurna sans oxygène. "Dans tout l'asile, on entendait des cris et des plaintes. le personnel semblait traverser les couloirs, sans but, le regard vide et sans plus d'expression que les pensionnaires. de nombreux malades se traînaient au sol et bavait sans que quiconque se soucie de les remettre debout ni de leur essuyer la bouche.p223"

Ainsi la construction du roman en deux époques, apparaît d'une grande finesse, et nous aide à bien comprendre que les premières observations empiriques, ont mis du temps à s'imposer, et que la connaissance de la maladie qui fait le cœur de l'ouvrage, n'était pas totalement explicitée en 1957.

Pour Gilles, autiste, cette lente conquête de l'autonomie a pu se faire grâce à Serge, le jardinier, qui lentement et en dehors de toute contrainte a patiemment réalisé son éducation. Une éducation assise sur les saisons, une éducation ancestrale, charnelle et terrienne. Rien ne presse, silence ça pousse lui dira Serge, ne fait aucun effort, ; dessines dans la terre, avec un râteau comme un pinceau.

Il se dégage du livre de Cathy Bonidan, une grâce, une minuscule légèreté de connivence, dans laquelle Gilles a trouvé une paix intérieure, une aisance, une gestuelle douce et simple qu'il a pu assimiler sans avoir à produire un labeur.

Pourtant comme en regard un autre drame se joue. Une enfant de treize ans, Béatrice, anorexique, était en train de sombrer, les traits se creusant, sa malice désertait son regard, pourquoi ? Son entourage ne comprend pas et aujourd'hui encore le malaise semble être prêt à frapper, ici ou là une jeune fille, face à la même stupeur des soignants.

Béatrice largement adaptée au milieu scolaire réussit ses études, lectrice elle découvre avec bonheur la littérature, mais devant son corps, devant la nourriture son esprit dévisse.

Comme gilles on retrouve Béatrice dans la deuxième partie, on apprendra son destin qui ne laissera qu'un immense point d'interrogation, pourquoi Béatrice s'est laissé glisser dans une détresse insondable.

L'itinéraire de Gilles, est essentiel, c'est l'espoir de vivre, la conquête de la liberté à travers la présence de Serge.


Dire le pourquoi de ce métier d'enseignante, c'est donner du sens à la présence, c'est effacer le trouble, ce sentiment toxique de solitude, cette gangrène inhérente à ceux qui sont tombés dans la spirale de l'anorexie.

Béatrice confrontée à son anorexie, est éprouvée par un manque de vie partagée, de reconnaissance paternelle, de capacité à s'abandonner à des gestes charnels, à son doudou. La priver de livres fut stupide l'encourager à lire dans les bras d'un autre ou d'une autre n'aurait pu que la rattacher à la vie.

« Je viens de fêter mes 14 ans. Quel bel âge, direz-vous ! Et que l'on est entouré d'une famille aimante et attentive.p101
Ce livre nous touche, la souffrance est là présente à fleur de mots.
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J'ai reçu ce roman dans le cadre de la dernière Masse Critique Babelio et je remercie les éditions De La Martinière (dont je connais surtout le catalogue jeunesse).
Ce roman est construit en deux parties avec un écart de cinq décennies à peu près.
Il débute par le récit de la vie d'une jeune femme et d'une adolescente qui se rencontrent dans l'hôpital psychiatrique dont l'oncle de la jeune femme, Anne, est directeur. Deux points de vue se croisent puisque nous lisons les lettres qu'Anne écrit à son amie Lizzie et le journal intime de l'adolescente anorexique qui s'appelle Béatrice. Toutes deux, intelligentes et aimant écrire, se retrouvent sur un banc du parc et sont intriguées par le plus jeune résident, Gilles, autiste qui ne se laisse pas approcher et ne parle pas mais semble attiré par le travail du jardinier...
La deuxième partie du roman va partir sur les traces d'Anne et de Béatrice par le biais d'une étudiante, Sophie, qui fait des recherches sur les conditions de vie dans les établissements psychiatriques des années 50.
J'ai eu un peu de mal à faire la jonction entre les deux au départ, frustrée de ne pas avoir la fin de l'histoire de Gilles, Béatrice et Anne et n'accrochant pas tellement à Sophie (bien plus aux deux frères dont elle fait connaissance et qui vont la soutenir dans sa démarche).
Mais passé ce petit passage flottant, j'ai trouvé ingénieuse cette manière de clore l'histoire en lui apportant un troisième point de vue sans oublier ce que le regard qu'elle porte sur ces personnes disparues va changer dans la vie de Sophie.
Bref, une très belle lecture (dont je ne trouve pas la couverture très appropriée du coup... alors que son titre se justifie tout à fait).
Lien : http://toutzazimuth.eklablog..
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Un journal intime fait écho à une correspondance ; une thèse devient un roman - ou vice versa - ; deux romances se ressemblent malgré l'écart des années : l'auteure jongle entre les époques et les styles. Pourtant, l'histoire se tient grâce à un fil ténu, aussi ténu que l'espoir de parents qui luttent contre d'insidieuses maladies psychologiques, et qui ne peuvent que s'en remettre à d'autres pour sauver leur enfant. Parfois la patience paye, parfois l'intelligence du coeur terrasse ces maux invisibles. Parfois, les fêlures sont plus profondes qu'elles n'y paraissent.
On est immédiatement happé par la tragédie qui se joue. Puis, en deuxième partie, le présent refait surface : dans un style plus léger, il est question de joutes amoureuses et d'aventure éditoriale.

L'auteure sait tenir notre attention en haleine en entremêlant des histoires venant de différents horizons. Au centre de ce monde, un autiste se bat dans un centre psychologique comme on aimerait en trouver plus souvent : ici la folie est patiemment repoussée dans ses retranchements, avec bienveillance.
Lien : http://partagerlecture.blogs..
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Un beau premier roman là aussi ! Une forme originale en deux parties bien différentes dans la forme et dans l'époque. Des enfants malades (anorexie, autisme) que l'on voit évoluer au sein d'un asile psychiatrique..et ceux, ou plutôt celles, qui s'interrogent sur leur maladie, sur leur prise en charge..
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L'hellébore était autrefois appelée " Herbe des fous".
Dans ce roman de Cathy Bonidan, il est question d'un établissement parisien qui, dans les années 50, accueillait des personnes malades. Certes les méthodes de soins n'étaient pas tout à fait les mêmes qu'aujourd'hui mais ici c'est le regard porté par une toute jeune femme qui nous importe. Elle s'appelle Anne, et l'établissement est dirigé par son oncle. A travers la correspondance qu'elle entretient avec son amie Lizzie, nous apprendrons à connaître Béatrice, 14 ans, qui ne s'alimente plus, Gilles , un petit garçon autiste et Serge, le jardinier taiseux et perspicace.
Et puis , bien das années plus tard, Sophie, jeune étudiante, qui, en rédigeant un mémoire, partira sur les traces de ces personnes et fera jaillir des faits vieux de plusieurs dizaines d'années.
Bien écrit, un roman qui interroge sur la maladie mentale.
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Un livre reçu qui ne m'aurait pas fait de l'oeil tout seul.
On se plonge dans l'univers d'un asile psychiatrique en 1956 à travers les yeux d'une jeune anorexique surdouée et d'une aide soignante... le livre nous entraine ensuite dans à notre époque sur les traces d'une chercheuse qui fait une thèse sur le sujet.
Un texte vivant, qui met en avant des relations intéressantes entre les personnages et l'évolution de la vision des personnes en situation de handicap notamment sur l'autisme.
Un très bon moment de lecture!
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L'histoire débute en 1956 alors que Anne, bordelaise issue d'une famille bourgeoise, est envoyée à Paris chez son oncle. Celui ci est directeur du centre Falret, pour jeunes patients souffrant de troubles psychiques importants. En dehors de la poursuite de ses études, redoublement du bac, Anne travaille au sein de l'établissement, ce qui lui permet d'observer ces enfants et adolescents enfermés dans leur monde.
Elle se lie d'amitié avec Béatrice, anorexique, et toutes deux s'intéressent à Gilles, garçon de 11 ans autiste, n'ayant pas accès à la parole et dont les crises les interpellent. Mais quand Gilles est en présence de Serge, le jardinier du centre, homme discret et peu loquace, il est plus calme et s'anime même en s'intéressant à ce qui l'entoure, les plantes, les fleurs, les arbres...
Forte de ses observations, et alors que la mutation du jeune autiste dans un hôpital psychiatrique a été décidée, Anne en fait part à son oncle...
Dans la deuxième partie du livre, soixante ans plus tard, le lecteur rencontre Sophie, étudiante en sociologie et psychologie, qui oriente sa thèse sur l'historique des soins de pédopsychiatrie et les conditions de vie des patients depuis les années 50. Durant ses recherches, au fil des rencontres et de ses découvertes, son texte va devenir un livre...

Ce roman est une fresque sociale et documentaire qui aborde divers sujets de la société du XXème siècle : les us et coutumes, l'avortement, l'émancipation des femmes, le monde de la recherche, l'évolution des thérapeutiques en psychiatrie...
Le lecteur est happé par l'histoire et ses flashbacks, touché par les personnages, admiratif devant la détermination de la jeune Anne et également celle de Sophie, qui ne reculent devant rien pour parfaire leurs connaissances.
La forme et la construction du texte ne sont pas ordinaires. Relation épistolaire, relation duel, relation d'aide, amitié, amour... émotions et sentiments le plus souvent tus, ce large panel émaille le texte. L'écriture est sobre, le rythme subtilement mené...
Bref un texte lumineux, une belle réussite que ce premier roman.





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Fin des années 50. Anne, une jeune fille considérée comme « dépravée » par sa famille, est envoyée en pénitence travailler dans le centre psychiatrique dirigé par son oncle ; elle y rencontre Béatrice, une jeune anorexique, Gilles, un enfant autiste, et Serge, un étrange jardinier. 60 ans plus tard, une étudiante s'intéressant aux conditions de vie des patients à l'époque découvre les relations qui ont existé entre ces personnages grâce à des journaux et des lettres…

Le contexte temporel a toute son importance : dans ces années-là, on ne sait pas encore grand chose ni de l'autisme (assimilé à la débilité) ni de l'anorexie, les traitements psychiatriques en sont encore à leurs tout débuts, et si l'établissement où se situe l'histoire semble avant-gardiste pour l'époque il n'a que des moyens limités. Aussi lorsqu'en l'absence de progrès et en désespoir de cause il est question de placer Gilles en asile, Anne se met en tête de lutter pour l'avenir de l'enfant, avec la coopération de plus ou moins bon gré d'un jardinier mutique – le seul à pouvoir communiquer avec l'enfant. Quant à Béatrice, qui feint l'anorexie pour échapper à sa famille, la vérité n'est sans doute pas si simple. Des décennies après, Sophie se passionne pour cette histoire avec le recul qui est le sien et cherche à tout prix à savoir ce qu'il est advenu de tous ces personnages – et nous aussi, on a tant envie de savoir que les pages se tournent toutes seules. C'est au final un premier roman très réussi qui fait la part belle à notre part d'humanité lorsque la science trouve ses limites.
Lien : https://cestquoicebazar.word..
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À découvrir en cette rentrée littéraire.
Bravo pour ce premier roman qui se lit d'une traite à la fois passionnant et intelligent.
Je comprends que ce livre ait été distingué et nominé "meilleur roman"
L'histoire se décompose en deux parties, la première se déroule dans les années cinquante et la deuxième est contemporaine.
Nous suivons au départ Anne, jeune fille de dix-huit ans, qui se retrouve exilée à Paris, nous découvrirons plus tard pour quelles raisons. Son oncle l'accueille et lui propose d'aider dans le centre psychiatrique qu'il dirige. Tous les internés ont moins de vingt ans. Deux jeunes attirent son attention : le premier est un jeune garçon autiste et la deuxième est une jeune fille qui ne s'alimente plus.
Leurs troubles sont soignés par le corps médical mais en parallèle un jeune jardinier débarque au centre et bouleverse les protocoles établis.
Une amitié va naître entre Anne et Beatrice, la jeune fille. Les échanges épistolaires entre Anne et sa meilleure amie nous donnent progressivement des informations sur la vie du centre et des internés.
C'est touchant et je me suis attachée aux personnages : Anne, Beatrice, Gilles.
La deuxième partie, cinquante ans après, nous apportera toutes les réponses sur les destinées de nos héros. Une autre jeune femme va enquêter et reconstituer le puzzle.
La première partie est particulièrement réussie, pour l'ambiance et grâce à la construction en partie épistolaire. Ensuite nous restons accrochés au récit même si la trame est plus classique.
Je salue ce premier roman qui m'a fait passer un très bon moment.
Pour les curieux, ou ceux qui comme moi ne connaissent pas ce mot, l'hellébore est une plante vivace, aussi appelée fleur de Noël et une des rares plantes à fleurir en hiver.

Un livre que je recommande à tous, message passé auprès de mon libraire.
Lien : http://www.despagesetdesiles..
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