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Citations sur Les horizons lointains : Souvenirs d'une vie d'alpini.. (8)

Nous commençons à redescendre et j'ai la pensée désagréable qu'ils essaieront d'aller au sommet le lendemain. Je suis tenté de rester bivouaquer pour les accompagner. Mais alors, en cas d'échec, une seconde tentative serait difficile à organiser. Le sens commun me dicte qu'il vaut mieux redescendre. Après tout, s'ils réussissent, nous pourrons aller au sommet le jour suivant, et s'ils échouent, nous sommes prêts pour une deuxième tentative. C'est là l'éternel dilemme : faire preuve d'altruisme − se préoccuper seulement du succès de l'expédition − ou obéir à son ambition personnelle en atteignant le sommet. Il ne s'agit là pas seulement d'être le premier au sommet, mais aussi de goûter à la victoire après tant de semaines d'efforts, de connaître ce bonheur de forcer la voie vers le sommet, de le voir progressivement se rapprocher et finalement de se tenir dessus. Être la seconde cordée à réussir ne peut jamais donner autant de satisfaction.
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En grimpant sur les pentes inférieures, je remarquai une ligne de taches de sang et comme un morceau de chair sur un morceau d'os. Je détournai le regard, effaçai cette vision de mon esprit et n'en fit aucune mention à Ian de peur de le troubler. Plus tard, il reconnut l'avoir vu, lui aussi, mais ne m'avoir rien dit et pour la même raison.
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L'un des aspects de l'escalade est la concentration intense inhérente à cette activité. Immanquablement, si vous vous trouvez sur une paroi rocheuse à trente mètres au-dessus du sol, toutes vos pensées, vos problèmes sont balayés par la nécessité d'une concentration absolue. Plus de place pour toute préoccupation autre que celle de rester en contact avec le rocher et de négocier les quelques mouvements suivants. De cette manière, l'escalade offre une échappatoire, ou peut-être vaudrait-il mieux la décrire comme l'oubli des soucis quotidiens nés des relations humaines, de l'argent ou du travail. Cette sérénité se prolonge au-delà du temps où vous grimpez et où votre vie est en jeu.
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J'étais tenaillé par une peur constante, que je n'avais jamais ressentie pendant l'ascension. Là, toute l'énergie et les pensées étaient concentrées sur le sommet à atteindre, mais maintenant, pendant la descente, c'est l'idée de survie qui domine l'esprit. Mais c'est cette peur même, qui, bannissant toute euphorie, aide à éviter les erreurs stupides, fléaux de tant de descentes et causes de tant d'accidents arrivant à de bons alpinistes.
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Ce fut à la réception d'un hôtel de Banff, au Canada, que je rencontrai Chris Bonington pour la première fois. Il avait été invité, comme moi et comme beaucoup d'autres alpinistes, à venir fêter dignement l'an 2000.
L'hôtesse d'accueil lui avait demandé :
« Sir Bonington, que puis-je pour vous ? »
[...]
« Savez-vous si, parmi les invités, certains se sont déjà organisés pour une sortie ? »
[...]
Ce personnage me réjouissait, car malgré un palmarès bien rempli, sa passion était restée intacte.
Je repensai alors à la phrase de François Mauriac :
« La passion de la montagne chez un homme, c'est d'abord son enfance qui ne veut pas mourir.»
(Préface de Catherine Destivelle)
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Il n'avait rien dit pendant plus d'une heure, mais je pouvais sentir sa tension transmise par la corde, dans la lenteur imperceptible avec laquelle elle avait avancé entre mes mains. Maintenant, les pitons ont un son métallique clair. De toute évidence, dans le fond du dièdre, il y a une bonne fissure. Une autre heure passe − il vous faut beaucoup de patience pour être alpiniste !
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Je quitte la vire et remonte la rampe, par un mur, au pied d'une dalle. Elle est lisse, sans relief, sauf... un piton planté dans une fissure à mi-hauteur. Mais impossible de l'atteindre. Ma corde pend sous moi à perte de vue. J'en pleure presque de solitude et de peur, mais je commence lentement à traverser. Ce n'est pas particulièrement difficile, mais j'ai atteint mes limites et ne réussis que de justesse à rejoindre le piton. M'y voilà cramponné, terrorisé à l'idée de lâcher la sécurité qu'il m'offre. Je crie de désespoir, mais cette fois une réponse me parvient juste au-dessus et la tête de Hamish apparaît derrière un angle du rocher.
Le souffle coupé, je lui crie :
« Lance-moi une corde »
Jamais je n'ai été aussi heureux de voir une corde descendre vers moi ! Je l'attache, traverse la dalle et escalade un dernier petit mur avant d'atteindre la terrasse. Pendant que je grimpais, j'entendais un ronflement régulier et en sortant la tête du mur... j'eus la plus merveilleuse des visions : le réchaud et dessus une gamelle pleine de thé ! Ils avaient trouvé de la glace au fond d'une fissure. Le thé était plein de gravillons et de sédiment, mais il avait un goût de nectar : c'était notre première boisson depuis trente-six heures ! N'en boire que deux gorgées pour laisser sa part à Paul me demanda un effort de volonté, mais cette goutte de thé fit toute la différence.
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Les autres étaient aussi inquiets pour nous que nous ne l'étions pour eux. Ils ne nous avaient pas vus depuis dix jours, mais ne firent aucun commentaire lorsque nous arrivâmes près des tentes. Mo, penché sur un réchaud, faisait la cuisine. Doug et Tut préparaient leurs sacs à dos, Clive repliait une des tentes. De toute évidence, ils étaient sur le départ.
"Don Morrison est mort", déclara Doug d'une voix terne.
A cause du retard de l'équipe du Latok, nous avions pensé à un accident. J'acceptai l'événement avec fatalisme. Je connaissais à peine Don, ne lui avais parlé qu'à deux occasions au camp de base. Nous avions, quant à nous, été isolés et sous tension constante ces derniers jours avec tous les dangers que nous avions courus. Ma réaction s'en ressentit. Ce n'était pas de l'insensibilité, mais plutôt l'acceptation du risque inhérent à notre activité et dont nous avions en permanence conscience. C'était une réaction similaire, je pense, à celle d'un soldat du front.
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