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Critique de ATOS


ATOS
28 novembre 2016
« L'aube des neiges. » Il y a de cela dans l'écriture de Bosco. La respiration d'un calme solitaire.
Il y a de la puissance. Pas de violence, mais de la force. Jamais de fracas, mais l'abondance d'une certitude. «  c'est là qu'on rencontre un air doux, qui sent l'eau vive et la feuille ».
C'est le roman des âmes et la bienfaisance des coeurs.
Le mas Théotime c'est la maison des saisons de l'esprit. Là où tout revient, se côtoie, se mélange, s'électrise, se frôle, se cache, se tapit, se confie, se parle, remonte et ressurgit.
C'est un peu la métaphore de la source, de la sève.
Le cheminement sous terrain des sens.
La raison, la passion, l'amour, l'amitié, l'enfance, tout est profond chez Bosco, les nuits, les étés, les regards, les silences.
Tout est sens, image, parfum, chant, ruisseau, craquement de feuilles, accueil des chaumes, poutres et tuiles, collines, arbres, de la première neige, à la dernière pluie vent, bêtes et hommes, , feux et âmes, tout est langage tout est vrille et racine, tout est lien.
Ils sont sauvages par nature, solitaires par besoin, présents par leurs gestes.
Les liens du sang de la terre et du ciel. …
Le mas Théotime est le roman le plus complexe que j'ai pu lire jusqu'à maintenant d'Henri Bosco. le plus reel, celui qui scrute le plus entièrement la coeur et l'âme humaine.
Une croix dans un coeur. Comme une marque. Une promesse, un voyage sans retour. Un adieu sans chagrin, un volet qui se referme , une porte qui s'entrouvre. On passe le jardin, et déjà ...elle nous sourit.
Comment ne pas être sus le charme de ce pays ? Ne pas se sentir infiniment proche de cette gentillesse humaine, de cette simplicité, de ces paysages où la main donne l'intelligence aux gestes qu'elle prononce ? Rien n'est facilité, mais tout est pourtant douceur. le bonheur n'est inscrit nul part, il n'est enfouit nul part. Existe t il ? ...Le printemps apportera ce que l'hiver aura su protéger.
Cela suffit pour faire naître le bien de l' été.
« Ces métairies, que tourmentent les vents d'hiver et que l'été accable, on été bâties en refuges, et, sous leurs murailles massives, on s'abrite tant bien que mal de la fureur des saisons ».
Là, les maisons tiennent au silence pour le repos des hommes. Et si l'on se tait c'est en amitié.
, Là la terre se referme sur la semence, la pluie fait éclater sa croûte légère, Une maison bonne comme le pain.
Le mas Théotime c'est un lieu, une demeure, un espace. Un espace qui s'agrandit, se cultive , se mérite, se travaille, se partage.
«  Pour aimer j'ai besoin d'abord de m'attendrir et non pas d'admirer ». C'est toute l'importance de l'émotion. le sentiment n'est rien sans l'émotion. C'est là que se trouve la vérité et là que réside la beauté. «  la justice écoute aux portes de la beauté » a écrit le poète Aimé Césaire.
Comme cela est vrai.
Et la beauté de manque pas à la plume d'Henri Bosco. Ses mots dessinent, sculptent, déroulent, déversent, entaillent, remplissent, colorient, apaisent, irradient, rayonnent, forgent , taillent, « horizonent » , « automnent » ,« vallonnent » ..
«  Après tant de jours gris, maussades, l'été brûlait entre les flancs de la campagne ; et, en brisant le sol sous l'ardeur de sa flamme, il en tirait de grandes colonnes d'air chaud qui sentaient la fournaise.Quand la brise ne souffle pas, la chaleur et son odeur fauve s'accumulent en lourdes masses et restent immobiles. Alors des profondeurs du sol, où l'argile se cuit à feu couvert, jusqu'aux hauteurs du ciel où montent, aspirées, les molécules flamboyantes des poussières, s'élève l'édifice immense de l'été » .
Le temps ne s'apprécient qu'en heures pures et les hommes en paroles justes. Lire des pages de Bosco c'est un peu connaître « des moments de bonheur en accord avec l'eau et le calme du matin d'été. » Et puisque «  l'on connaît son bonheur quand on connaît ses peines ». Alors entendre le dit de Bosco c'est un peu prendre sa part à la « consolance » du monde. Je crois que lorsqu'on aime Bosco on peu bien entendre ce qui est écrit là. On peut voir « errer sur les bords du ciel, cette lueur diffuse. »
Poésie, voilà ta flamme, poète, voilà tes mots. Encore un grand et beau roman d'Henri Bosco, un de ces romans qui vous laisse à tout jamais la douce et tendre amitié de sa lecture.

Astrid Shriqui Garain
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