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Citations sur Le mas Théotime (46)

En août, dans nos pays, un peu avant le soir, une puissante chaleur embrase les champs. Il n'y a rien de mieux à faire que de rester chez soi, au fond de la pénombre, en attendant l'heure du dîner. Ces métairies, que tourmentent les vents d'hiver et que l'été accable, ont été bâties en refuges et, sous leurs murailles massives, on s'abrite tant bien que mal de la fureur des saisons.
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Le reproche n'est point dans sa manière, qui procède par allusions générales et sous-entendus. Les allusions viennent de sa bouche et les sous-entendus de son silence. C'est un homme qu'il faut traduire. Après avoir transmis ses phrases laconiques, il se tait longtemps. Il reste alors à le comprendre et à tirer de ce silence la pensée qu'il a réservée en lui ; car ce n'est point ce qu'il vient de dire qui compte, mais l'arrière-pensée dont il ne présent qu'une ombre presque insaisissable. (p.89-90)
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Depuis dix ans j'habite le mas Théotime. Je le tiens d'un grand-oncle qui portait ce nom. Comme il est situé en pleine campagne, la chaleur l'enveloppe et, du moment que juillet monte, on n'y peut respirer avec plaisir qu'aux premières heures du jour ou bien la nuit. Encore faut-il qu'il passe un peu de brise. Alors on peut se tenir près de la source, sous le buis, car c'est là qu'on rencontre un air doux, qui sent l'eau vive et la feuille.
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Peut-être la paix est-elle plus que le bonheur...
Je ne sais. Et d'ailleurs qu'importe ? Ne suis-je pas seul, cette nuit; et pendant que la neige tombe, n'ai-je pas, devant moi, mon feu d'hiver?
Ce sont là deux signes de force : cette solitude et la flamme de décembre.
Car plus je me vois solitaire, plus j'atteins aux dons invisibles. Je comprends peu à peu le sens inexprimable des objets usuels qui m'entourent ici. Ils gagnent chaque jour du poids et prennent de la forme. Ils sont un peu plus ce qu'ils sont, là où ils le sont. À mesure qu'ils prennent corps, leur signe secret se précise, et c'est dans leur matière même que je commence à apercevoir l'âme modeste qu'ils aident à vivre. Tout me parle, dans la vieille maison de mes pères : la table, le pain, et la lampe qui nous éclaire cette nuit.
C'est la dernière lampe de ses maîtres. Ils sont morts, et moi, je vis. Je suis assis devant le feu où ils chauffaient leurs grandes jambes de laboureurs et de bergers.
C'est leur bois qui brûle dans l'âtre; et voici les mains (moins noueuses mais aussi brunes que les leurs) que je tends vers le feu, pour chauffer tout ce qui reste de leur sang.

Journal (de Pascal), 6 décembre.
(Gallimard, Nrf, 1952, p. 346)
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Elle aimait la maison.Souvent elle se tenait dans sa chambre,car la saison était devenue chaude et déjà,sur,les aires,le soleil brûlait.Pourtant elle ne descendait que rarement vers la source;elle prétendait que les eaux,même limpides,ne sont pas toujours amicales.Il est vrai qu'on ne sait jamais d'où elles viennent,quand elles jaillissent ainsi de la terre;et peut-être y-a-t-il,non loin de leur résurgence,un abyme,où des rivières souterraines alimentent de leur courant silencieux des profondeurs liquides,que nul n'a jamais explorées,et qui dorment à notre insu,noires et lourdes de menace,dans quelque caverne de la montagne?"Près des sources,disait Geneviève,on perd la raison."
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Geneviève vivait encore dans la zone des tempêtes et ne soupçonnait pas la grandeur bienfaisante des autres saisons de l'année, car, l'hiver, s'il est dur, donne de la solidité à notre coeur, et le printemps nous paie de bien des peines avant de nous livrer à ces jours de splendeur et de flammes où la puissance de l'été nous fait pénétrer dans les joies de l'exaltation et de l'amplitude.
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La pluie s'est abattue brusquement à onze heures. L'eau drue tombait par colonnes épaisses et le crépitement de ses milliers de doigts durs sur le toit faisait sauter toutes les tuiles qui cliquetaient.
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J'ai voulu m'échapper de moi, et m'élever du corps à l'âme même, car ce puissant amour me rendait fou. Mais il n'est pas de corps sans âme, ni probablement d'âme sans corps, du moins sur cette terre ; et je n'ai pu, quoique me déchirant avec sauvagerie, briser l'unité de mon être tenace.
Je suis né pour une double servitude. Il me reste maintenant à l'accepter. J'y incline ; car je ne cherche plus le bonheur, mais la paix.
Peut-être la paix est-elle plus que le bonheur.
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Elle était bien partie, je le savais, et cependant l'absence qu'elle avait laissée créait une extraordinaire présence. Partout où, la cherchant, je ne la retrouvait plus, je la voyais surgir du vide matériel, pour prendre corps ; et plus je découvrais de points d'où elle était absente, plus sa présence se multipliait. Je ne la voyais nulle part et elle était partout ; cependant je ne pouvais plus l'atteindre. Si elle n'avait pas disparu, elle s'était rendue inaccessible.
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Car j'ai un coeur comme tout le monde ; et si personne ne s'en préoccupe, ici, où je vis seul, il faut pourtant que j'aime, moi aussi, malgré ma solitude, et que je trouve au moins quelques fleurs des champs inutiles pour calmer, peu ou prou, ce besoin d'aimer (chapitre I - page 35).
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