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EAN : 9782070361687
448 pages
Gallimard (23/08/1972)
4.1/5   221 notes
Résumé :
Quelquefois, tapi sous la haie d'aubépine, je l'épiais, surtout le matin, à l'heure où les enfants sont le plus légers. J'étais ému de la voir courir çà et là, sans but apparent. Jamais elle ne regardait de mon côté. Quelquefois, essoufflée par l'ardeur de sa course, elle s'arrêtait, haletante, à deux pas de ma cachette. Et alors je la voyais bien, car je pouvais la regarder à loisir. Elle avait de grandes jambes nues, griffées par les ronces, deux yeux verts très f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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Je suis encore tout remué par cette histoire, le mas Théotime, un de mes coups de coeur de cette année. Et ce, pour plusieurs raisons. D'abord, il y a ce charme du sud de la France, de la Provence, comme on le retrouve dans les histoires de Giono ou Pagnol. Ces petits villages charmants, les exploitations agricoles avec leurs propriétaires et leurs métayers, puis les étendues sauvages aux alentours, le tout parfois soumis aux intempéries et à la rudesse du climat, les étés chauds et les hivers difficiles. Et ces gens qui travaillent la terre, la cultivent, la civilisent, ils en sont orgueilleusement fiers et ils en gardent jalousement chaque parcelle, comme s'il s'agissait de leur vie. Et l'auteur Henri Bosco réussit merveilleusement bien à glorifier cette existence sans occulter les aspects moins positifs. Isolement, dur labeur, chicanes de voisins.

En effet, le protagoniste Pascal Dérivat se retrouve en possession de plusieurs métairies, dont le fameux mas Théotime du titre (qu'il tient d'un grand-oncle du même nom). C'est un homme du pays, doté d'« une sagesse assez rustique », esseulé sur ses terre, qui aime les travaux des champs, mais cultivé aussi, aimant herboriser. Il mène une vie rangée et paisible, en bonne harmonie avec ses fermiers, les Alibert, honnêtes et travailleurs, qui « étaient modelés aux exigences de la terre » (p. 30)

Puis, un jour, sa (distante) cousine fait irruption chez lui et dans sa vie. « Je connaissais assez Geneviève pour craindre que son irruption dans ce monde bien équilibré n'y apportât un dérèglement dont nous aurions bientôt tous à souffrir. » (p. 30) Il y a bien quelque chose entre eux, une vieille histoire, un malaise certain mais une connivence qui se transforme rapidement en une attirance, des sentiments. Mais la jeune femme est mariée et l'intrigue se déroule à une autre époque, où ces choses sont importantes. Mais on se plait à l'oublier et à espérer des moments heureux. On y croit. « Dans ce paysage se forme le rêve lui-même […] » (p. 68). Est-ce le début d'une histoire d'amour? Non, du moins, pas un roman d'amour conventionnel ni à l'eau de rose. Chaque fois qu'ils semblent se rapprocher – et certains de ces moments sont magnifiques, comme dans l'ermitage à Mitocombe – quelque chose survient et les sépare à nouveau.

Au même moment, les difficultés avec un voisin chicaneur, le vieux Clodius (un parent lui aussi, un cousin) prennent un tournant pour le pire. Avare, mesquin, calculateur, c'est le genre de voisin que personne ne souhaite et qui peut causer bien des problèmes. Peut-être même une vengeance? Sa malveillance ajoute une dimension supplémentaire au roman, l'empêche de s'enliser dans une histoire romantique mielleuse. Plutôt, le conflit escalade rapidement, créant une atmosphère lourde. Les voisins s'espionnent. Mais c'est tout de même l'occasion de découvrir d'autres pans de ce paysage magnifique, le vieux sentier, la montagne, les pâturages, etc.

L'auteur Henri Bosco nous amène là où il le veut, réussissant constamment à surprendre ses lecteurs. Cette alternance entre moments doux et précieux, oniriques – après tout, la glorification du travail des champs s'y prête beaucoup – et d'autres, intenses et pesant, était parfois déstabilisante mais c'est ce qui peut rendre une oeuvre originale et réussie, s'éloignant des sentiers battus et prévisible. du moins, c'est mon avis. La plénitude, la passion refoulée de Pascal, je les ressentais. Mais il en allait de même de son inquiétude, de son angoisse. Je partageais tout! Même l'oppression. Il faut dire que, avec un homme romanesque comme lui, avec une propension à la réflexion, à l'introspection, il était très facile de se placer dans la peau de ce personnage.

Le rythme de ce roman était plutôt lent mais, étrangement, cela ne m'a pas dérangé du tout. En effet, une certaine lenteur convient à ce genre d'histoire qui doit se laisser développer précieusement. Un rythme effréné aurait été affreux et ça aurait été passer à côté de l'essentiel. L'intrigue est une chose, mais l'univers l'est tout autant et, pour bien le saisir, il faut vivre au gré des saisons, de la nature. Et elle sait se montrer généreuse.

Henri Bosco, c'est un des chantres de la Provence. Ses mots, simples et recherchés à la fois, visent toujours juste. Ils arrivaient à créer des images, des impressions, des sensations. J'avais l'impression d'y être, de côtoyer Pascal, Geneviève et tous les autres. de participer aux travaux des champs, de me promener sur des sentiers, de me reposer dans un hamac au clair de lune, etc. Les descriptions sont nombreuses mais jamais chargées. Elles sont intégrées judicieusement à l'histoire, se mêlent à l'action, aux souvenirs, aux sentiments que ressentent les personnages. Tout est si bien entremêlé pour former une oeuvre magistrale. Ceci dit, Bosco ne fait pas que décrire, il se transforme en poète à l'occasion et sa plume originale et innovatrice offre de jolis jeux de mots. « Une nuit qu'il faisait très chaud et qu'il lunait doucement […] » (p. 40)

Je me répète : le mas Théotime est un de mes coups de coeur de l'année et il me tarde de lire d'autres romans de Bosco.
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Véritable Brontë de la Provence, Bosco nous livre un texte d'une grande beauté dans sa simplicité et sa profonde inspiration romantique.
Comme dans un roman de Brontë on sent le romantisme exacerbé doublé d'un amour infini de la terre.
Bosco est le chantre des collines, des champs des bois de sa Provence comme Emilly Brontë nous faisait intimement partager son amour de la lande.
Il nous fait passer l'amour viscéral de la terre.
Le texte est toujours clair, d'une simplicité recherchée mais jamais simpliste.
Quelques notions morales ont bien sur un peu vieilli mais je les souhaiterais toujours actuelles.
Le calme règne malgrés la rudesse de la nature et la rudesse des sentiments.
Comme dans tout le mouvement romantique l'amour contrarié est de rigueur et sa beautè n'en est que magnifiée

La vie paisible de Pascal Dérivat, le narrateur, la sagesse qu'il doit à sa terre sont un moment bouleversées par le séjour au mas Théotime de sa cousine, Geneviève, créature étrange et passionnée, qui déchaîne plus d'un orage et qui, dit-on, est dotée d'un mystérieux pouvoir sur les animaux. Ce roman, qui fleure bon le terroir, est aussi le plus célèbre de Bosco.

Le sage et calme Pascal Dérivat voit sa vie bouleversée par l'arrivée de sa cousine Geneviève.
Entouré de fermiers peu loquaces, mais dévoués, les Aliberts, il est en but aux persécutions de son cousin Clodius.
Homme simple, rustique, amoureux des plantes, il a pourtant du sang Clodius dans les veines... Sa cousine arrive sans crier gare, à la suite d'errances déplorables.
Cultivé, érudit, mais s'adonnant aux travaux des champs, avec sérieux, Pascal voit sa tranquillité menacée par son amour, amour impossible.
Les puissance de la terre s'expriment aussi dans ce roman, ou la force des collines irrite parfois les nerfs...
Pascal se trouve alors dans une situation qui peut difficilement se prolonger.
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« L'aube des neiges. » Il y a de cela dans l'écriture de Bosco. La respiration d'un calme solitaire.
Il y a de la puissance. Pas de violence, mais de la force. Jamais de fracas, mais l'abondance d'une certitude. «  c'est là qu'on rencontre un air doux, qui sent l'eau vive et la feuille ».
C'est le roman des âmes et la bienfaisance des coeurs.
Le mas Théotime c'est la maison des saisons de l'esprit. Là où tout revient, se côtoie, se mélange, s'électrise, se frôle, se cache, se tapit, se confie, se parle, remonte et ressurgit.
C'est un peu la métaphore de la source, de la sève.
Le cheminement sous terrain des sens.
La raison, la passion, l'amour, l'amitié, l'enfance, tout est profond chez Bosco, les nuits, les étés, les regards, les silences.
Tout est sens, image, parfum, chant, ruisseau, craquement de feuilles, accueil des chaumes, poutres et tuiles, collines, arbres, de la première neige, à la dernière pluie vent, bêtes et hommes, , feux et âmes, tout est langage tout est vrille et racine, tout est lien.
Ils sont sauvages par nature, solitaires par besoin, présents par leurs gestes.
Les liens du sang de la terre et du ciel. …
Le mas Théotime est le roman le plus complexe que j'ai pu lire jusqu'à maintenant d'Henri Bosco. le plus reel, celui qui scrute le plus entièrement la coeur et l'âme humaine.
Une croix dans un coeur. Comme une marque. Une promesse, un voyage sans retour. Un adieu sans chagrin, un volet qui se referme , une porte qui s'entrouvre. On passe le jardin, et déjà ...elle nous sourit.
Comment ne pas être sus le charme de ce pays ? Ne pas se sentir infiniment proche de cette gentillesse humaine, de cette simplicité, de ces paysages où la main donne l'intelligence aux gestes qu'elle prononce ? Rien n'est facilité, mais tout est pourtant douceur. le bonheur n'est inscrit nul part, il n'est enfouit nul part. Existe t il ? ...Le printemps apportera ce que l'hiver aura su protéger.
Cela suffit pour faire naître le bien de l' été.
« Ces métairies, que tourmentent les vents d'hiver et que l'été accable, on été bâties en refuges, et, sous leurs murailles massives, on s'abrite tant bien que mal de la fureur des saisons ».
Là, les maisons tiennent au silence pour le repos des hommes. Et si l'on se tait c'est en amitié.
, Là la terre se referme sur la semence, la pluie fait éclater sa croûte légère, Une maison bonne comme le pain.
Le mas Théotime c'est un lieu, une demeure, un espace. Un espace qui s'agrandit, se cultive , se mérite, se travaille, se partage.
«  Pour aimer j'ai besoin d'abord de m'attendrir et non pas d'admirer ». C'est toute l'importance de l'émotion. le sentiment n'est rien sans l'émotion. C'est là que se trouve la vérité et là que réside la beauté. «  la justice écoute aux portes de la beauté » a écrit le poète Aimé Césaire.
Comme cela est vrai.
Et la beauté de manque pas à la plume d'Henri Bosco. Ses mots dessinent, sculptent, déroulent, déversent, entaillent, remplissent, colorient, apaisent, irradient, rayonnent, forgent , taillent, « horizonent » , « automnent » ,« vallonnent » ..
«  Après tant de jours gris, maussades, l'été brûlait entre les flancs de la campagne ; et, en brisant le sol sous l'ardeur de sa flamme, il en tirait de grandes colonnes d'air chaud qui sentaient la fournaise.Quand la brise ne souffle pas, la chaleur et son odeur fauve s'accumulent en lourdes masses et restent immobiles. Alors des profondeurs du sol, où l'argile se cuit à feu couvert, jusqu'aux hauteurs du ciel où montent, aspirées, les molécules flamboyantes des poussières, s'élève l'édifice immense de l'été » .
Le temps ne s'apprécient qu'en heures pures et les hommes en paroles justes. Lire des pages de Bosco c'est un peu connaître « des moments de bonheur en accord avec l'eau et le calme du matin d'été. » Et puisque «  l'on connaît son bonheur quand on connaît ses peines ». Alors entendre le dit de Bosco c'est un peu prendre sa part à la « consolance » du monde. Je crois que lorsqu'on aime Bosco on peu bien entendre ce qui est écrit là. On peut voir « errer sur les bords du ciel, cette lueur diffuse. »
Poésie, voilà ta flamme, poète, voilà tes mots. Encore un grand et beau roman d'Henri Bosco, un de ces romans qui vous laisse à tout jamais la douce et tendre amitié de sa lecture.

Astrid Shriqui Garain
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Le hasard des lectures sur Babelio m'a fait découvrir une superbe analyse de ce roman. Et celle-ci m'a ramené soudainement au souvenir de la première lecture de ce livre, le roman qui m'a fait passer de la Bibliothèque Verte et des Bob Morane à une autre littérature qui ne m'a plus quitté depuis. Je n'avais certes pas tout compris, j'étais notamment trop jeune pour saisir les méandres des tourments amoureux.

Je suis revenu à ce roman, avec la crainte que le souvenir magique d'il y a plus de 60 ans ne laisse place à la déception.
J'ai retrouvé les sensations puissantes et troubles d'autrefois. Et mieux saisi toute la richesse et la complexité de ce roman fort, semeur d'énigmes, qui parle de la terre et de l'amour.

Il parle, il faut le dire, d'un monde rural qui n'est plus, où l'on fauche les blés à la faux, où l'on vanne dans de grands paniers, où l'on écrase les grains à la meule de pierre entraînée par un cheval, etc..Un monde sans mécanisation, sans engrais chimiques , sans obsession du rendement, et, bien sur, sans radio, ni télé, ni internet, ni smartphone.
Et puis aussi, un temps où le propriétaire était respecté comme un seigneur, avait le pouvoir sur ses métayers, au point que ces derniers le consultent sur le choix de la fille à marier à leur fils, où la femme est soumise à son mari.

Pascal Dérivat, qui a fait de « bonnes études », sans doute d'agronomie, vit au Mas Théotime, hérité de son grand-oncle, sur une terre provençale, qu'il cultive avec des métayers, les Alibert, le « vieil Alibert » dont on ne saura jamais le prénom, sa femme Marthe et ses deux enfants, Françoise et Jean.
Leur vie rude s'écoule lentement au rythme des saisons, avec une parole rare, une vie un peu agrémentée par le loisir de l'herborisation auquel Pascal s'adonne, une vie perturbée seulement par le voisin et cousin Clodius, un homme malveillant, un peu dément, qui néglige son domaine, et leur fait de multiples tracasseries.

Mais voilà que s'invite chez lui, Geneviève, une cousine avec laquelle il a eu des rapports compliqués dans son enfance, faits d'amour et de détestation.
La vie calme de Pascal et de ses métayers va être bouleversée par cette femme étrange et fantasque, aux pouvoirs parfois mystérieux comme celui de parler à une harde de sangliers, un moment qui m'avait tant impressionné lors de ma lecture de jeunesse.

La présence de Geneviève sera le moteur de l'histoire, à la fois celle des tourments amoureux, merveilleusement décrits, et celle des événements dramatiques qui se produiront sur le domaine, je ne les dévoilerai pas, je laisse au futur lecteur le plaisir de la découverte.

Mais l'intrigue ne serait rien sans la façon dont l'auteur la situe dans cette terre de Provence, soumise au rythme des saisons, où la nature n'est pas aimable, mais puissante, bénéfique ou maléfique, où les arbres, les champs, les monts, les bâtisses, les animaux et les hommes sont chargés de mystères, voire de sortilèges.
Bosco nous fait ressentir ce lien charnel avec cette nature, qui se manifeste au diapason des sentiments et des évènements, tel cette chaleur ensoleillée qui accompagne l'éclosion du sentiment amoureux, ou cet orage contemporain des événements dramatiques, orage qui ne cesse de menacer et qui finira par éclater.
Il nous fait aussi ressentir les méandres des sentiments amoureux, la difficile frontière entre l'affection et la passion, l'amour platonique et la sensualité.

Un autre aspect que je n'avais pas saisi autrefois, c'est la puissance des bâtisses et leur rôle symbolique dans l'histoire. Avant tout le mas Théotime, un être vivant, véritable personnage du roman, une demeure immense aux multiples recoins, Et un refuge quasi maternel pour Pascal qui s'y cache dans une chambre située sous les toits, le lieu où se cristallisera la relation amoureuse entre Pascal et Geneviève, le lieu aussi où Pascal cachera l'assassin de Clodius, le lieu où tout se noue et se dénoue. Et autant Théotime est accordé au tempérament de Pascal, autant la petite demeure de Micolombe, dont Pascal fait don à Geneviève, est accordée à l'exaltation de cette dernière. D'ailleurs Pascal ne dit-il pas « on s'exalte à Micolombe » alors que dans le mas Théotime « L'âme se contient ».
Et puis, il y a cette chapelle Saint-Jean, lieu mystérieux et mystique, pleine de signes telle cette croix plantée dans une rose en forme de coeur, qui troublera d'abord Geneviève puis plus tard Françoise. Et La Jassine, cette maison délabrée et maléfique du cousin Clodius, que les Alibert laveront et en quelque sorte purifieront avant que le fils Jean puisse l'occuper.

Enfin, la magie de ce livre, que j'ai retrouvée intacte, tient aussi à tous ces éléments mystérieux, non expliqués de prime abord, et dont on devine parfois le sens, ainsi l'image laissée à la Chapelle Saint-Jean préfigure-t-elle sans doute, le destin futur de Geneviève qui entrera au Couvent des Visitandines puis partira en Orient. Mais que signifient ces motifs sur les bannières de mariage? Et cette terre inculte que Pascal parcourt et qu'il fait découvrir à Françoise? Et cette source étrange près de Théotime, et aussi ce bois rempli d'oiseaux où va se réfugier Pascal? C'est beaucoup plus riche et complexe que je m'imaginais, et je pense ne pas avoir tout saisi, mais c'est ce qui fait toute la poésie de ce livre.

Pour terminer, il y a l'écriture si belle, si lente, méditative, comme accordée à la vie dans ce coin de Provence, et aux sentiments de celles et ceux qui y vivent.

Une très belle redécouverte de ce roman, je m'aperçois que c'est le seul roman de Bosco que j'ai jamais lu, et qui m'invite à en lire au moins un autre, je pense à Malicroix.
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Mon livre préféré d'Henri Bosco que j'ai lu il y a bien longtemps et dont je ne conserve à vrai dire qu'un vague souvenir de l'intrigue tout en introspection. Je Après toutes ces années passées, je n'ai conservé de la lecture du "Mas Théotime" que le bruit du vent dans les arbres, les nombreux parfums des plantes et de la terre, les couleurs du soleil, la nuit vaste et remplie de recoins, etc. Jamais (ou alors à quelques rares occasions) je n'ai autant ralenti le rythme de ma lecture pour pouvoir m'imprégner un peu plus des parfums, de la chaleur, des sons, des couleurs de la Provence.
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Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
Cette situation eût peut-être porté les fruits que j'en attendais, si un événement, qui me prit à l'improviste, n'eût rallumé sa flamme. Il se produisit le lendemain de Pâques, qui, cette année-là, tombait le 25 avril, et, par conséquent, trois mois, jour pour jour, avant l'aventure qui fait le sujet de ce récit. Je reçus une lettre.
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Peut-être la paix est-elle plus que le bonheur...
Je ne sais. Et d'ailleurs qu'importe ? Ne suis-je pas seul, cette nuit; et pendant que la neige tombe, n'ai-je pas, devant moi, mon feu d'hiver?
Ce sont là deux signes de force : cette solitude et la flamme de décembre.
Car plus je me vois solitaire, plus j'atteins aux dons invisibles. Je comprends peu à peu le sens inexprimable des objets usuels qui m'entourent ici. Ils gagnent chaque jour du poids et prennent de la forme. Ils sont un peu plus ce qu'ils sont, là où ils le sont. À mesure qu'ils prennent corps, leur signe secret se précise, et c'est dans leur matière même que je commence à apercevoir l'âme modeste qu'ils aident à vivre. Tout me parle, dans la vieille maison de mes pères : la table, le pain, et la lampe qui nous éclaire cette nuit.
C'est la dernière lampe de ses maîtres. Ils sont morts, et moi, je vis. Je suis assis devant le feu où ils chauffaient leurs grandes jambes de laboureurs et de bergers.
C'est leur bois qui brûle dans l'âtre; et voici les mains (moins noueuses mais aussi brunes que les leurs) que je tends vers le feu, pour chauffer tout ce qui reste de leur sang.

Journal (de Pascal), 6 décembre.
(Gallimard, Nrf, 1952, p. 346)
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En août, dans nos pays, un peu avant le soir, une puissante chaleur embrase les champs. Il n'y a rien de mieux à faire que de rester chez soi, au fond de la pénombre, en attendant l'heure du dîner. Ces métairies, que tourmentent les vents d'hiver et que l'été accable, ont été bâties en refuges et, sous leurs murailles massives, on s'abrite tant bien que mal de la fureur des saisons.
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Elle aimait la maison.Souvent elle se tenait dans sa chambre,car la saison était devenue chaude et déjà,sur,les aires,le soleil brûlait.Pourtant elle ne descendait que rarement vers la source;elle prétendait que les eaux,même limpides,ne sont pas toujours amicales.Il est vrai qu'on ne sait jamais d'où elles viennent,quand elles jaillissent ainsi de la terre;et peut-être y-a-t-il,non loin de leur résurgence,un abyme,où des rivières souterraines alimentent de leur courant silencieux des profondeurs liquides,que nul n'a jamais explorées,et qui dorment à notre insu,noires et lourdes de menace,dans quelque caverne de la montagne?"Près des sources,disait Geneviève,on perd la raison."
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Le reproche n'est point dans sa manière, qui procède par allusions générales et sous-entendus. Les allusions viennent de sa bouche et les sous-entendus de son silence. C'est un homme qu'il faut traduire. Après avoir transmis ses phrases laconiques, il se tait longtemps. Il reste alors à le comprendre et à tirer de ce silence la pensée qu'il a réservée en lui ; car ce n'est point ce qu'il vient de dire qui compte, mais l'arrière-pensée dont il ne présent qu'une ombre presque insaisissable. (p.89-90)
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