AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782867141942
127 pages
Pardès (02/12/1999)
4.2/5   5 notes
Résumé :

Aleister Crowley (1875-1947) :" La loi du plus fort est notre loi et le bonheur du monde." "Fais ce que tu veux sera toute la loi." "Tu n'as nul droit que de faire ton vouloir. Fais cela et nul autre dira nenni." " Chaque homme et chaque femme est une étoile." Ce "Qui suis-je ?" Crowley présente un homme à multiples facettes : alpiniste et joueur d'échecs de renom, poète reconnu, grand voya... >Voir plus
Que lire après Quis suis-je ? Aleister CrowleyVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Présenté un temps comme "l'homme le plus malfaisant de Grande-Bretagne", surnommé "The beast" (en référence à l' Antéchrist), Aleister Crowley, fut d'abord un personnage d'une grande complexité.
Christian Bouchet, parvient à démêler l'écheveau de cette personnalité à multiples facettes, dans cet ouvrage, doté en outre d'une bonne iconographie, dont de nombreuses photos de Crowley à différentes périodes de sa vie.
Né en 1875, Crowley, fils d'un brasseur, élevé dans une foi chrétienne très stricte, se passionna très jeune pour la spiritualité.
Pratiquant l'alpinisme, grand voyageur, il se rapprocha vite de divers courants occultes tels que la société "Golden Dawn".
Mais le caractère de Crowley, le poussa vite a fondé sa propre religion.
C'est dés lors, que sa réputation devint sulfureuse, son culte mêlant magie noire, orgie sexuelle et usage de stupéfiants.
A sa mort en 1947, sa légende veut qu'il lança une malédiction sur le médecin qui refusa de lui prescrire sa drogue, et que ce dernier en mourut...
Crowley reste un personnage intrigant, qui n'a pas manqué d'inspirer bon nombre d'artistes, en particulier dans le milieu du rock.
Ps : Pour l'anecdote, le chanteur Bruce Dickinson du groupe Iron Maiden, a réalisé en 2008 le film "The chemical wedding", mettant en scène Aleister Crowley, incarné par l'acteur John Schrapnel.
666 the number of the beast !
Commenter  J’apprécie          160
Crowley, Qui-Suis-je ? Christian Bouchet, Pardès 1999.

Ce travail, issu de la thèse en doctorat d'ethnologie de l'auteur, est particulièrement claire et concise. La vie de Crowley est traitée rapidement, Christian Bouchet mettant surtout l'accent sur les pérégrinations de Crowley dans une multitude de sociétés initiatiques plutôt que de s'appesantir sur ses frasques sexuelles qui ont défrayé la chronique de l'époque. L'intérêt du travail est certainement dans le second chapitre où le système magique de Crowley est décortiqué avec précision. Un système qui se caractérise par un but ultime qui est l'atteinte d'un état où l'homme et Dieu ne sont plus qu'un. Il rejoint ici les grands mystiques, cherchant à s'élever d'initiation en initiation, de sephira en sephira, afin d'accéder au grand tout, l'Ain Soph.
La démarche suivie se veut scientifique : Nos conceptions les plus pures sont symbolisées par les mathématiques. Dieu est le grand arithméticien, Dieu est le grand géomètre. Donc, il vaut mieux se préparer à le comprendre en soumettant nos esprits à cette démarche (in Magie en théorie et pratique). Crowley avait présenté son Livre de la Loi comme ayant été dicté par un esprit, Aiwas. Il reconnaîtra ultérieurement que ce n'était rien d'autre que l'expression de son moi inconscient.
L'étude de l'oeuvre de Crowley montre que celui-ci a mené de concert une magie cérémonielle classique avec tout son « appareillage » et une pratique tournée sur soi et très proche du yoga. le but du rituel est d'avoir un contact avec une manifestation divine invoquée qui peut être son ange gardien. Pour arriver à la « fusion », et surtout dans la pratique personnelle, il conseille l'utilisation de diverses techniques : soit de nature psycho-mentales (yoga, visualisation, récitation de mantras…), soit par l'usage du sexe ou de la drogue.
Décrié de son vivant et rejeté par les milieux intellectuels, Crowley suscitera après sa mort un fort intérêt. de nombreux ordres et conventicules se réclameront de sa « Magick » alors que la culture populaire des années 60 l'adoptera en musique, au cinéma, voire en psycho-thérapie avec Israël Regardie et le sulfureux Timothy Leary. Il est vrai que nous étions alors entrés dans « un Nouvel Éon », celui des hippies, des Angry Young Men, de la Beat Generation, de la libération sexuelle et de la banalisation des drogues douces. Un terreau favorable à la résurgence de « la Grande Bête ».

On trouve dans les travaux de Crowley des approches très « wilsoniennes » : La sur-conscience est un phénomène naturel ; l'excitation sexuelle est une forme dégradée de l'extase divine.
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Personnage hors du commun, marginal dans un milieu marginal, Crowley ne mérite toutefois pas l’opprobre dont la commune renommée le couvre. Il faut avoir conscience que, s’il est actuellement discrédité dans les pays francophones, cela est plutôt dû à l’effet de biographes peu scrupuleux de la vérité et plus avides d’écrire des ouvrages à scandales susceptibles de leur rapporter des droits d’auteur, que des biographies travaillées et mesurées. S’il fut un gnostique et un occultiste, Crowley ne fut jamais un sataniste ; s’il fut un don Juan bisexuel, il ne fut pas le débauché que l’on décrit avec complaisance ; si ses sympathies politiques allèrent vers une forme réactionnaire de la monarchie, il ne fut jamais le partisan du nazisme que certains écrivaillons dénoncent ; etc. En fait, pour la plupart de ses contemporains, Crowley était un anglais un peu original mais que l’on pouvait fréquenter, et l’on peut sans mal le comparer, dans une certaine mesure, à Gurdjieff. Ainsi ne craignirent point de s’afficher avec Crowley des artistes comme Auguste Rodin, des écrivains comme Marcel Schwob, Fernando Pessoa, Somerset Maugham, Henri Miller, Pierre Benoit ou André Farrère, des hommes politiques comme l’allemand Thaelmann ou l’anglais Driberg, etc.

Même s’il attira autour de lui comme disciples des individus lui ressemblant d’une manière plus ou moins prononcée : intellectuels brillants mais coupés des réalités, mystiques mais érotomanes, ascètes mais amateurs de paradis artificiels, sa pensée est profonde et tranche avec la médiocrité de la plupart des « maîtres de sagesse » ou des occultistes de l’époque. Si on la compare à celle de Krishnamurti ou de Blavatski, il va sans dire que leurs thèses font pâle figure à côté de la pensée crowleyenne. (pp. 77-78)
Commenter  J’apprécie          20
La magie de Crowley pourrait aussi être définie comme une gnose, une forme de mysticisme, d’illuminisme ou comme une technique de réalisation spirituelle. Elle se caractérise en effet par un but ultime qui est l’atteinte d’un état où l’homme et Dieu ne sont plus qu’un.

Sans expliquer ou développer cette idée, Aleister Crowley affirme que l’homme est un Dieu qui s’ignore, et que seul le travail magique peut lui permettre de découvrir cet état. Ainsi, dans son autobiographie, définissant l’œuvre que lui ont confiée les « supérieurs inconnus », il écrit :

« Je devais rédiger un traité de méthodes par lesquelles l’homme peut atteindre la divinité »,

idée qu’il confirme dans La Magie en théorie et en pratique :

« Par Dieu, j’entendis ici l’identité idéale au plus profond d’un homme. […] Il n’y a qu’une seule définition principale de l’objet de tout rituel magique, c’est l’union du microcosme avec le macrocosme. Le rituel suprême et complet est par conséquent l’invocation du Saint Ange Gardien, ou en langage mystique l’union avec Dieu. »

On ne peut s’empêcher de remarquer que l’homme qualifié par certains de pervers, démoniaque ou sataniste, rejoint ici les grands mystiques et que le sens de ses paroles n’est pas différent des écrits d’hommes aussi dissemblables qu’Angelus Silesius (« Homme, ne reste donc pas homme. Il faut monter le plus haut qu’on le peut. Chez Dieu, il n’y aura que les Dieux de reçus »), Novalis (« Enfants de Dieu, germes divins nous sommes. Un jour nous serons ce que notre père est »), Louis Cattiaux (« Tous les mystères se réduisent à une terrifiante et admirable réalité : Dieu en nous, nous en Dieu »), Julius Evola (« L’homme est un Dieu qui ne sait pas qu’il est tel, et c’est uniquement ce non savoir qui fait l’homme ») ou Nicolas Berdiaev (« Dieu prend naissance dans l’homme et l’homme prend naissance en Dieu. Découvrir jusqu’au bout l’homme signifie découvrir Dieu »). (p. 32)
Commenter  J’apprécie          10
De retour à Paris pour l’hiver 1902, il est introduit dans les milieux artistiques et il devient l’ami de Marcel Schwob, de Somerset Maugham et d’Auguste Rodin, dont les statues lui inspirent le recueil Rodin in Rime. Crowley revoit Mathers, le Grand Maître de la G.D., mais les deux hommes ne s’entendent plus guère et Crowley va se désintéresser de la magie durant deux années.

Il faut dire qu’il est amoureux et qu’il va épouser le 12 août 1903, Rose Kelly. Commence alors un voyage de noces qui va durer sept mois et mener le couple à Paris, Naples, Ceylan et Le Caire.

Au Caire, Rose présente soudain des signes de médiumnité et de clairvoyance, et invite son mari à invoquer un dieu qu’elle reconnaît sur une stèle au Boulak Museum comme Horus, sous la forme de Ra-Hoor-Khuit. Or, sur le catalogue du musée, la stèle porte le numéro 666, celui de la Bête de l’Apocalypse de Saint Jean !... Surpris et incrédule, le Laird of Boleskine s’exécute et les 8, 9 et 10 avril une entité du nom d’Aiwass lui dicte un livre, le Liber Legis qui annonce l’avènement d’un nouvel éon. Aleister Crowley n’est pas séduit par cette révélation et écrit dans ses Confessions : « Je protestais contre ce livre avec toute mon âme. Il choquait complètement mon bouddhisme. J’étais âprement opposé aux principes du livre sur presque tous les points de moralité. Le troisième chapitre me semblait gratuitement atroce. Mon âme était attristée par la peine universelle et voulait sauver l’humanité, et la formule magique dénonçait la pitié comme condamnable, proclamait la guerre admirable, et dans presque toutes ses autres propositions provoquait chez moi une totale répulsion ». Malgré cela, il diffuse une circulaire annonçant la naissance du nouvel éon, écrit à Mathers une lettre pour l’informer qu’il a été choisi par les chefs secrets pour le remplacer, effectue quelques rituels magiques avec son épouse, et finalement cesse toute pratique. (pp. 19-20)
Commenter  J’apprécie          00

Video de Christian Bouchet (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christian Bouchet
Christian Bouchet à la conférence "Contre le monde postmoderne" en 2011
autres livres classés : sciences occultesVoir plus


Lecteurs (12) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1726 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}