L'Arrache-mots

Le terme arrache-mots désigne quelqu'un qui intériorise tellement sa lecture à voix haute que les phrases se décollent des pages. Grâce à la puissance de son imaginaire, elles peuvent se transformer en décors ou en silhouettes mouvantes.

En croisant les univers, en inventant ce que les mots ne disent pas. Rêve les blancs entre les lignes, déploie tes propres histoires et tes propres visions.

Tu serais condamnée à vivre à jamais dans tes mondes intérieurs et tu ne verrais plus rien de la beauté du réel.

L’évolution d'Ulysse avait orienté son esprit vers un monument de la littérature : L'Odyssée d'Homère.
C'était ainsi, un livre en appelait toujours un deuxième, puis un troisième ! Il suffisait parfois d'un mot pour déclencher l'engrenage infini des belles-lettres. Les écrivains se répondaient entre les époques, ils vous guidaient les uns vers les autres en dépit des siècles, leurs œuvres traversant le temps plus aisément, plus magiquement que les exploits guerriers, les châteaux ou la gloire des empereurs.

— Garde-toi bien de la voracité ! N'absorbe jamais l'encre des mots arrachés! À la longue, tu deviendrais comme moi un vieux singe soiffard et aveugle.
Il désigna ses paupières tombantes et poursuivit d'un ton lugubre :

— Tu serais condamnée à vivre à jamais dans tes mondes intérieurs et tu ne verrais plus rien de la beauté du réel. M'entends-tu, petite fille ?
Iliade acquiesça sans bien comprendre son avertissement.
Elle demanda de sa petite voix :
— Et comment travailler mon imagination ?
— En croisant les univers, en inventant ce que les mots ne disent pas. Rêve les blancs entre les lignes, déploie tes propres histoires et tes propres visions.

— L'envol des mots était un vol et la lecture orale un plaisir coupable. Point à la ligne.

- Marions nous ce soir !
Le sourcil droit d'Adil Tarlyn s'arqua. Elle ajouta : "S’il-vous plaît" pour adoucir le ton autoritaire q'elle avait adopté

- Vous m'avez lancé un traité de botanique à la figure ?
- De botanique ?
Il sortit les ouvres in intégrales de Racine de son sinistre manteau noir. Elle soupira et pensa très fort que ,en plus d'être un goujat, cet homme était aussi profondément inculte

Elle l'entraîna à l'intérieur, dans la salle des pas perdus. La conteuse fut alors saisie par la couleur grise : le bois terne du mobilier, les carreaux argentés du sol, les perruques poivre et sel des magistrats, les plafonds hauts et gris. (...)
- Pourquoi tout est gris ?
- En matière de justice, rien n'est jamais blanc ou noir ! souffla Virginia.

Toute lecture est une représentation. Je donne mon propre sens à ce que je dis.