Citations sur La Voyeuse interdite (39)
Il me roua de coups et dit :
« Fille, foutre, femme, fornication, faiblesse, flétrissures, commencent par la même lettre »
…Ce furent ses derniers mots.
Zohr est en guerre contre sa nature, pourriture pour notre père, honte pour notre fautive mère, c’est elle la traîtresse qui pousse Zohr toujours plus loin dans ses sacrifices, ses artifices et ses dissimulations grotesques.
Un message ? Oui. Descendez de vos tanières, ne perdons plus notre temps et le leur, désorientons avec courage le cours de la tradition, nos mœurs et leurs valeurs, arrachons rideaux et voiles pour joindre nos corps !
... Que pouvaient-elles comprendre à ma tristesse? Je la vis seule, je la ballade comme un fardeau et parfois même elle me tient au chaud.
« Le corps est le pire des traitres, sans demander l’avis de l’intéressé, il livre bêtement à des yeux étrangers des indices irréfutables : âge, sexe, féconde pas féconde ? Pubère, il m »a rendue inapprochable, dans le royaume des hommes je suis la souillure, sur l’échiquier des dames, le pion en attente caché derrière une reine hautaine qui choisira seule le bon moment de se déplacer. »
« Nous, filles, étions sa douleur, nos visages, nos corps lui rappelaient sa faiblesse, notre sexe, son sexe amputé, et si elle avait toujours l’air triste c’est parce qu’elle savait l’absurdité de notre existence à part qui nous éloignait un peu plus des hommes et de nos semblables »
« Il roulait, il rebondissait, se cognait contre les formes qu’il avait lui-même rendues inhumaines, sa tête enfouie sous une aisselle où pendait une dentelle rousse, s’inventait un corps plus désirable et moins fatigant. Plein d’envies inassouvies, il se vengeait sur le ventre de ma mère en lui administrant des coups violents et réguliers avec une arme cachée dont il était le seul détenteur. »
Aujourd'hui : adverbe désignant le jour où on est. Définition risible quand aujourd'hui n'est pas un repère mais un simple rappel d'hier, identique à avant-hier et à demain.
Comment ne pas s'ennuyer dans un pays musulman quand on est une fille musulmane ?
Tout d'abord, ignorer le temps, il ne passe pas, il trépasse, cacher pendules et montres, sabliers et métronomes, agendas et calendriers, prendre en compte les choses et uniquement les choses en oubliant que de l'autre côté de la mer, des adolescents marchent main dans la main sans un Dieu ni un père pour entraver leur route, puis, cultiver l'imagination qui vous déportera dans un autre temps à l'ombre d'un arbre fécond, celui de la création, si elle ne suffit pas, prendre alors appui sur la rue, du haut de votre fenêtre, mais là, si vos mots ne vous soutiennent pas, vous cognerez contre l'horreur d'une réalité peu séduisante.
Ma maison est le temple de l'austérité. La tendresse, la joie, ou la pitié sont scalpées par le regard inquisiteur de mon père et la haine de ma mère. Les rares éclats de rire ou de désespoir s'en vont vite rejoindre derrière un meuble les poussières du quotidien ; là, entre le bois et le plâtre, se meurent nos tentatives d'émotion. Je n'ose parler d'amour. Invention insensé, miasme importé d'Occident, illusion mensongère, perversion de la jeunesse !