C’est le Sahara. Et c’est plus vaste que tout. Ce n’est plus la terre, ce n’est plus l’univers. Ce n’est plus la vie. Plus la vie telle que je la connais. C’est la vie haute. C’est la lumière. Et c’est après la lumière.
Je fantasme sur ce que je n’ai plus, sur ce que je n’ai jamais possédé.
L’écriture n’apaise pas, c’est le feu sur le feu.
L’écriture agit comme un élixir, son geste m’apaise, me rend heureuse.
Je souffre de ma propre homophobie. Je me méprise moi-même quand je me moque des couples de filles enlacés sur les banquettes, la piste de danse, dans la rue pour les plus courageuses. Je leur en veux de s’afficher ainsi. Elles risquent de me compromettre si je reste près d’elles.
J'y ai appris la violence et la soumission. Il me suffit de fermer les yeux pour que ressurgisse le décor qui abritait mes nuits et de tendre la main pour saisir la main de celle que j’étais. Je n’ai pas perdu ma jeunesse, je viens d’elle et elle m’annonçait.
(...) Les femmes ne plaisantent pas avec l'amour, c'est tout de suite à la vie, à la mort, parce que l'enjeu dépasse le simple fait d'aimer: quand on a trouvé, on est sauvée.
La France c'est le vêtement que je porte, l'Algérie c'est ma peau livrée au soleil et aux tempêtes.
Je lis que des hommes et des femmes tombent malades de ne pouvoir vivre leur homosexualité. C'est très dangereux de réprimer ses désirs. Cela peut conduire à la folie et à d'autres formes de violence. C'est comme si on détournait le sens du sang dans son corps, comme si on l'inversait.
L'histoire des vies s'impose à moi comme une multitude de questions sans réponses, de doutes, d'ombres, de peurs et de fantasmes, je peux tout imaginer au sujet de notre famille Aschpiel, l'Europe Centrale, les voyages, la clandestinité, les camps peut-être, tout est dissimulé et tu, non par honte, mais par peur.