AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,29

sur 71 notes
5
3 avis
4
8 avis
3
12 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« D'une pièce à l'autre, il n'y avait plus qu'un homme prénommé Charles. Un vieux chevalier occupé à traquer les derniers vestiges de son règne, les traces de cette autorité qui traînait encore sur les murs, sous les tapis et les objets qu'il avait possédés. »
Cet homme, c'est Charles Quint, empereur romain germanique régnant sur plusieurs royaumes, duchés et provinces depuis plus d'une vingtaine d'années. En octobre 1556, il s'arrache à son empire en organisant son abdication en faveur de son frère Ferdinand et de son fils Philippe, pour les territoires espagnols. En route pour le monastère de Yuste en Estrémadure, où il souhaite terminer ses jours dans le recueillement et le rachat de ses péchés, Charles emporte avec lui, en plus d'une suite d'une centaine de serviteurs, une étrange horloge noire qui, au lieu de donner l'heure, laisse entrevoir des secrets liés à l'astronomie. Un objet peu orthodoxe dans un lieu tel qu'un monastère soumis aux lois de l'Inquisition. L'ancien empereur, subjugué et envoûté, fera tout pour en percer le mystère, avant de quitter le monde pour toujours.
Une ambiance feutrée règne dans les pages de ce roman historique superbement bien écrit. On suit au plus près les réflexions d'un monarque vieillissant et malade qui, de son lit à baldaquin ou dans sa chaise à porteur, finit de régler ses comptes avec son long règne. C'est un exercice de style réussi que de faire revivre aussi précisément et consciencieusement la fin de vie d'un empereur aussi illustre. J'ai été charmée par le ton et par le propos qui se situe au-delà des batailles et des conquêtes relatées par l'Histoire. Un roman qui se savoure lentement…
Commenter  J’apprécie          200
1555, l'empereur Charles Quint qui est alors à la tête d'un immense empire (le saint empire romain germanique) voit sa santé décliner. Il est las, fatigué de l'exercice du pouvoir et il décide de se retirer, d'abdiquer en faveur de son fils Philippe et de son frère Ferdinand. Pendant ce long processus d'abdication Charles n'aspire plus qu'à une chose, se retirer dans un monastère isolé à Yuste en Estrémadure.

Il partira de Bruxelles, entouré seulement de ses serviteurs les plus proches et de son horloger Giovanni. Car l'empereur a la passion de l'horlogerie et des horloges dont il possède une fabuleuse collection qu'il emportera avec lui dans sa retraite. Il est particulièrement intrigué par l'une d'entre elles qui, on ne sait comment, a trouvé son chemin jusqu'à lui. Il essaiera sans relâche d'en trouver le mystérieux et insaisissable inventeur, un moine qui semble poursuivi par l'inquisition.

Voici un roman historique captivant qui aborde les dernières années d'un des plus puissants empereurs d'Europe, sur sa longue renonciation aux charges de l'empire mais aussi aux honneurs. Un personnage historique à qui l'autrice redonne vie avec pour toile de fond un empire qui commence à s'effriter et une inquisition puissante, inquiétante, qui combat la réforme pour son plus grand profit en n'hésitant pas à s'attaquer aux personnages les plus puissants. C'est un roman à l'écriture classique qui se saisit d'un sujet original en y ajoutant une note de mystère avec cette horloge astronomique sombrement étrange où les planètes ne semblent pas à leur place.
Commenter  J’apprécie          200
En 1555 l'empereur Charles Quint décide d'abdiquer et de se retirer dans un monastère en Estrémadure. Procédure unique, exceptionnelle dans l'Histoire. Charles doit inventer le cérémonial, dompter les réticences de son entourage qui ne comprend pas cet acte singulier.

L'empereur est usé par les batailles et la difficulté de conserver l'unité du Saint Empire romain germanique, un empire immense qui s'étend jusqu'aux Amériques et auquel il a imposé un temps unique dans toutes les provinces.

Le temps. La grande obsession de l'empereur qui possède une collection d'horloges extraordinaires et dont l'un des fonctionnaires occupe la fonction de garde-temps.

Le titre du roman est racoleur, le secret de l'empereur, la raison intime de son abdication, nous ne les connaîtrons jamais, ils appartiennent pour toujours au secret de l'âme du plus puissant personnage de son temps. Ce qui nous est restitué en revanche – et magnifiquement – par Amélie de Bourbon Parme, c'est une atmosphère, un temps qui nous est irréductiblement étranger, le XVIe siècle. La toute-puissance de l'Église catholique est menacée par les troubles provoqués par les protestants et son bras armé de l'Inquisition frappe à tour de bras, à tous les échelons de la société ; même l'empereur n'est pas à l'abri.

Ce qui nous est montré dans ce livre et qui est universel, est la façon de se déposséder de ce qui a été l'essentiel de sa vie à l'approche de la mort. Se dépouiller du pouvoir, de la richesse quand la souffrance rappelle d'une manière lancinante que le temps est compté.

Charles Quint se dépouille de tout, sauf de ses plus précieuses horloges, parce que la mesure du temps est la dernière passion qui le rattache à la vie terrestre. Les horloges sont d'ailleurs décrites comme « des provisions d'éternité ».

Quelqu'un a déposé une mystérieuse horloge noire chez l'Empereur. Horloge étrange dont le mécanisme résiste à l'horloger de l'Empereur et à l'Empereur lui-même. Ce symbole d'une façon de penser hérétique qui ne met pas la terre au centre du monde, va devenir le moteur de ce livre fort bien construit qui réussit le tour de force de rendre palpitant une intrigue ténue.

L'écriture n'a pu se mettre au diapason de l'époque, impossible dans ce bouillonnement qui n'a pas encore abouti au français moderne ; alors le XVIIe siècle vient à la rescousse, siècle d'or de l'écriture à son apogée de pureté, et les descriptions d'Amélie de Bourbon Parme prend des accents De La Rochefoucauld ou de la Bruyère lors du portrait d'un horloger :

L'homme avait beaucoup vieilli, comme si les heures passées à régler des pièces minuscules permettant de mesurer le temps s'étaient multipliées entre elles. Il avait perdu la plupart de ses cheveux et son crâne presque entièrement dégarni ressemblait à une capitulation.

Ou celui d'un des religieux qui attend l'empereur sur le quai sous une pluie battante :

Un homme de haute taille au costume si sombre qu'il semblait attendre la mort de quelqu'un. (…) Une sorte de naufrage sur terre ferme, d'engloutissement à marée basse.

L'écriture magnifie le dépouillement de l'empereur, la difficulté de tout quitter alors que tout s'y oppose :

Depuis qu'ils avaient quitté Gand par le canal de Zélande à bord du navire El Espiritu Santo, ils s'étaient arrêtés à Zuitbourg pour attendre des vents favorables. Mais rien depuis deux semaines. Pas un souffle, pas une ride, pas un signe à l'horizon sur la mer tendue comme une toile. Il y avait dans cette absence de vent un acharnement de l'air, l'obstination d'un vide plus périlleux qu'une tempête. Un oubli du ciel laissant passer les jours sans rien attendre de retour. (..) le ciel n'était plus qu'un immense précipice, un gouffre en hauteur dans lequel la retraite de l'empereur pouvait tomber.

Malgré son argument extrêmement précis, l'annonce en 1555 de son abdication par l'empereur Charles Quint, le secret de l'empereur n'est pas un roman historique mais une fresque intime et universelle sur le renoncement.
Lien : http://nicole-giroud.fr
Commenter  J’apprécie          20
Amélie de Bourbon Parme s'intéresse à un cas rare dans l'Histoire, un empereur ayant abdiqué pour préparer la fin de sa vie terrestre et spirituelle. La passion impériale pour l'horlogerie permet à l'autrice de replacer certains épisodes marquants de sa vie et de son règne (son inimitié pour François Ier par exemple). Mais rapidement le véritable intérêt de la lecture se trouve dans les portraits de cour. Autour de Charles Quint, gravitent de nombreux serviteurs, flatteurs, fiers et déboussolés par la décision de l'empereur de rompre l'équilibre. Ils ne comprennent pas toujours, perdent le sel de leurs vies. Ces instants consacrés à la Cour sont très forts. Les descriptions de la disparition du pouvoir sont très réussies car elles évoquent autant l'aspect politique que sensible. Au milieu de ces serviteurs, l'empereur est figure intouchable qui baisse la garde au fur et à mesure. Amélie de Bourbon Parme dresse un portrait très simple du souverain le replaçant dans le cadre du pouvoir et ensuite du monastère. le changemebt de cadre transforme la passion de l'horlogerie en véritable obsession perçue comme une lubie par les serviteurs de l'empereur et comme un affront à Dieu par les moines. Collectionner les horloges, c'est défier Dieu. Ce thème, fil conducteur du roman, est très intéressant mais donne à l'ensemble une narration inégale. L'horlogerie s'épuise un peu vite comme fil narratif mais le livre est vraiment habité par les personnages, détenteurs d'un pouvoir que l'empereur décide de leur enlever. Ces êtres de pouvoir donnent une sorte de sincérité au roman. Là où le thème du temps donne lieu à des passages parfois artificiels et des réflexions convenues, la vie de cour et la chute – quoique voulue – du pouvoir sont développés très précisément, avec beaucoup de fluidité.
Lien : https://tourneurdepages.word..
Commenter  J’apprécie          10
Voila un livre bien plaisant. Evidemment, A.de Bourbon Parme n'est pas Walter Scott: elle n'a pas réécrit Quentin Durward. Mais elle s'est "attaquée" à Charles Quint, ce qui n'est pas rien. Et le résultat est plutôt bon. On accompagne cet homme, à la fois l'empereur puissant, qui a consacré 35 années de sa vie à étendre son empire, à guerroyer contre le roi de France, pour un morceau d'Italie, ou pour récupérer la Bourgogne (il était petit-fils de Charles le Téméraire), et aussi l'homme malade, las, qui après avoir perdu son meilleur ennemi - François 1°- a finalement décidé de se retirer du monde et d'abdiquer de sa situation apparemment si enviable. Nous ne sommes plus en présence d'un empereur, mais d'un homme, simple, bon, généreux, sans orgueil, attentif aux autres: c'est ce qui est le plus intéressant dans ce livre, que cette proximité avec laquelle on nous place en compagnie d'un homme presque comme les autres, qui redescend à la hauteur de tout un chacun. Il n'était pas réellement vieux: 55 ans seulement! Mais il a fait un choix aussi étonnant, alors, que logique, vu d'aujourd'hui. Sa retraite en Estrémadure durera moins de trois ans, car il mourra dès sa 58° année, c'est-à-dire en 1558. Ces composantes du livre nous comblent, et nous suffisent. Aussi, si nous devions critiquer ce travail, nous dirions que s'il est intéressant et amusant d'avoir fait de notre illustre personnage un collectionneur un peu maniaque d'horloges et de mouvements mécaniques, était-il bien utile d'assortir cela de mystères plus ou moins clairs, portant sur ces horloges, leurs pouvoirs, leurs possibles maléfices (?), et les intentions peut-être malignes (et pourquoi cela?) de ceux qui pouvaient les concevoir et les fabriquer?
Commenter  J’apprécie          10
En 1555, l'empereur Charles Quint annonce son abdication, fatigué par des années de pouvoir et affaibli par une goutte tenace. Un an plus tard, il quitte le palais des ducs de Brabant à Bruxelles pour le monastère de Yuste en Espagne. Dans ses bagages, l'objet de toutes ses passions : sa collection d'horloges. Arrivé dans sa villa et libéré de sa couronne impériale, Charles Quint aspire enfin au calme et au recueillement. Il a maintenant tout le loisir de choyer ses précieuses reliques du temps. Pourtant, son esprit est tourmenté... Est-ce à cause de ses responsabilités d'empereur dont il n'est pas si simple de se dégager ? A moins que ce ne soit cette mystérieuse horloge noire...
A travers ce roman, l'auteure plonge ses lecteurs dans un univers où horloges, pendulettes et sabliers ornent le récit qui prend parfois des allures de conte fantastique. Elle peint le portrait d'un homme dont l'obsession à vouloir percer les secrets du temps a conduit à sa perte. Comme pour nous rappeler que "Le temps est un joueur avide, qui gagne sans tricher, à tout coup ! C'est la loi." (Baudelaire). Un roman historique intéressant et très bien écrit !
Commenter  J’apprécie          00
Accompagner Charles Quint durant ses dernières années des Pays-Bas à un monastère espagnol m'a beaucoup plu ! le style de l'auteur est très soigné et le rôle important des horloges n'est pas pesant.
Je regrette simplement l'absence de dialogues entre l'Empereur et ses frères et soeurs à qui il avait délégué une large partie de son autorité. La relation très ambiguë à la François I est travaillée : je ne m'y attendais pas.
Commenter  J’apprécie          00
Ce livre est dans mes envies de lectu­res depuis un an. Comme toutes les blogueu­ses amies, je suis parfois prise aux pièges de toutes mes solli­ci­ta­tions et il me faut du temps pour parve­nir à réali­ser mes projets. Ce roman histo­ri­que en demande juste­ment du temps et de la concen­tra­tion, il ne se lit pas en quel­ques soirée. Il s'agit d'ailleurs de cela, du temps qui passe et de la lente arri­vée de la mort qui rend, enfin, tous les hommes égaux. L'empereur Char­les Quint est l'homme le plus puis­sant du monde quand en 1255, il abdi­que et renonce à tous ses titres pour se reti­rer dans le monas­tère de Yuste ou il mourra en 1258.Pour une fois, je peux racon­ter la fin sans crainte de frois­ser mes anti-​divulgâcheuses préfé­rées. Char­les Quint meurt et son empire s'écroule. Il est réduit à sa condi­tion humaine et attend la mort sans peur mais dévoré par une passion, celle des horlo­ges qui sont à l'époque un concen­tré de progrès tech­no­lo­gi­ques.Elles ne servent pas seule­ment à dire l'heure (contrai­re­ment à celle où j'ai posé ce roman pour ma photo !) mais à décrire le monde avec, évidem­ment, la terre créa­tion divine au centre d'un univers fermé. Pour­tant un certain Coper­nic avait depuis plus de 50 ans écorné cette belle théo­rie qui conve­nait si bien aux esprits rétro­gra­des tenant de l'obscurantisme catho­li­que soute­nus par l'horrible inqui­si­tion. Dans un rythme très lent qui accom­pa­gne chaque dégra­da­tion d'un homme qui va mourir, cette auteure nous permet de parta­ger les pensées de Char­les Quint. Et puisqu'il fallait bien un suspens, c'est la passion pour les horlo­ges astro­no­mi­ques qui va pour ce roman, intro­duire une possi­bi­lité de fissure dans la recher­che du calme olym­pien avant la mort : Char­les Quint percera-​t-​il le secret de cette dernière horloge astro­no­mi­que ? et que veut dire cette phrase « Sol numquam deci­den­tis » inscrite dans le fond du boitier de l'horloge noire qui l'inquiète tant ? Est ce que le soleil ne se couche jamais sur l'empire de Char­les Quint ? ou ne se couche-​t-​il jamais ?
Lien : http://luocine.fr/?p=8086
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (124) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3191 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}