"N'aie pas honte de tes larmes, ma chérie. À la longue, elles emportent les chagrins. "
Il était impossible pour les gendarmes de contenir les exaltés qui, l'écume à la bouche, maniaient la matraque ou les pierres dans le but de tuer. La vue et l'odeur du sang les excitaient. Frédéric avait déjà connu cette atmosphère à l'île des Pins, au moment de la révolte des Kanaks. (page 210)
Elle parlait de son époux comme l'eût fait d'un enfant. De nouveau, Noémie se demanda si leur couple avait été heureux. Marie Mistral paraissait si triste ! (page 295).
« Ne laisse jamais un homme décider de ce qui est bon ou non pour toi ».
« Ce serait trop facile si les individus étaient soit tout blancs, soit tout noirs. Nombre de communards étaient animés d'un idéal, d'autres n'étaient que de vulgaires crapules. Il y a eu de regrettables excès de part et d'autre. À présent, il est temps de faire table rase du passé. »
Il est très difficile, voire impossible, de faire mettre bas une jument camargue dans une écurie. La naissance a lieu sans témoin, sans assistance.
Frédéric savait qu'il ne devait pas baisser sa garde. Il avait connu des hommes semblables à Jourdan, là-bas, dans ce pays dont il ne voulait même plus prononcer le nom. C'était toujours la même histoire. Ils commençaient par jauger la capacité de résistance de l'adversaire. Jeune et en bonne santé à son arrivée, il avait dû jouer des poings pour se faire respecter.
Les époux sont les meilleurs ennemis des femmes romancières ! ».
C'était l'une des premières leçons qu'il lui avait données : respecter autrui, jusque dans ses différences. On ne l'avait pas fait dans sa prime enfance. Mais il ne voulait plus évoquer ce genre de souvenir.
Vivre en plein air le grisait. Chevaucher au petit matin, alors que l'aube blanchissait, lui procurait un plaisir intense. Il aurait aimé pouvoir l'expliquer à Noémie mais il gardait au fond de lui la crainte d'être un jour trahi. Donner le moins possible barre sur lui, se défier de tous constituaient pour lui autant d'impératifs. Une règle de survie apprise là-bas...
Passionnée de chevaux et de littérature, Noémie rêvait d'écrire. Il n'y avait pas de place dans sa vie pour un mari quel qu'il soit. Elle aimait César, son cheval, mais aussi Sirius, son berger d'Écosse, offert par son père quelques semaines avant sa disparition. Quatre ans auparavant, à treize ans, Noémie avait perdu ses parents qu'elle adorait. Un accident de train, survenu en Italie, où elle devait les rejoindre une dizaine de jours plus tard.
Sous le choc, l'adolescente avait cru perdre la raison. L'amour de ses grands-parents paternels l'avait sauvée.
Elle avait considéré avec condescendance la jeune personne de dix-sept ans que son fils avait eu le front d'épouser sans même lui demander son avis. Jolie, certes, mais Althéa Valade se défiait des femmes trop belles. Elle n'avait pas oublié les bonnes fortunes de son défunt époux, qui séduisait jusqu'aux petites bonnes.