AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,73

sur 22 notes
5
1 avis
4
4 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Madame, je suis étudiant, je ne suis pas juif, et je peux vous aider à passer les barrages : ils ne demandent pas leurs papiers aux femmes accompagnées. Voulez-vous ? ..."
C'est l'une des accroches auxquelles Roger Boussinot a réfléchi en ce matin du 16 juillet 1942 afin d'essayer de sauver ne serait-ce qu'une personne de la grande rafle en cours sous Paris désignée par le nom de code "Vent printanier" mais que L Histoire a retenu sous celui de "Rafle du Vel d'Hiv".

Parce que l'une de ses connaissances est venu chez lui en ce matin du 16 juillet 1942 et lui a demandé de l'aider, Roger Boussinot décide d'ajourner son départ pour la maison familiale.
Sa mission est d'essayer de sauver un maximum de gens possibles, femmes et enfants notamment, arrêtés en cette journée du 16 juillet 1942 par la police française pour le motif qu'ils sont juifs, et pour cela les faire passer sur la rive gauche en leur faisant franchir les guichets du métro Louvre.
En se préparant, Roger Boussinot envisage différentes phrases qu'il pourra dire pour essayer de convaincre les gens de le le suivre, lui, un parfait inconnu : "La démarche est très simple. Avec un enfant, ce serait plus compliqué : un enfant ne suit pas n'importe qui, à moins qu'il n'ait conscience du danger réel. Je commencerais alors par : "Ecoute, petit ...", mais je n'ai aucune chance s'il n'a pas au moins une dizaine d'années."
Pour lui, "Il me semble que cela serait le plus dur : demander d'enlever l'étoile. Prononcer le mot juif, aussi. C'est-à-dire faire remarquer ce qui pour certains est aujourd'hui une tare, une marque, presque une infirmité."
Mais le plus difficile, ce sera tout cela, mais par dessus tout d'aborder les gens dans la rue, de les mettre en confiance, de leur expliquer ce qui est en train de se passer et qu'il ne faut surtout pas rentrer chez soi, surtout pas se fier à la police française.

Roger Boussinot revient avec "Les guichets du Louvre" sur sa propre histoire qui a croisé celle de la grande Histoire en ce jour de juillet 1942.
De façon très pudique, il raconte cette journée, la façon dont il l'a vécue, et quels sont les sentiments qui l'ont habité tout au long de cette journée et en fonction des évènements qui la jalonneront.
Il sera tenté de tout laisser tomber vers le milieu de la journée, puis il se ressaisira.
Quand enfin il réussira à convaincre une jeune fille de rester avec lui, il n'en pourra plus à la fin de journée : "Eh bien oui, je me l'avouais : qu'elle s'en aille maintenant où elle voudra, qu'elle me laisse. J'en ai marre. Marre d'elle. Marre de décider, de marcher, de discuter, d'avoir peur. Marre de la chaleur, de la police, de me trouver encore à Paris, de n'être pas à l'aise dans ma peau. Marre des Juifs ...", mais il le précisera lui-même : "N'oubliez pas combien nous étions jeunes.", comme si quiconque pourrait lui jeter la pierre d'avoir eu de telles pensées.
C'est l'une des forces de ce témoignage, la franchise de Roger Boussinot.
Il n'a pas peur de mettre des mots sur les pensées qui lui ont traversé l'esprit en ce jour et cela rend cette lecture encore plus humaine et ne fait jamais perdre à l'esprit du lecteur que le narrateur est un homme, un simple homme qui ce jour-là a essayé de faire quelque chose, d'agir au nom d'un idéal.

J'ai apprécié la lecture de ce témoignage qui offre une nouvelle vision sur la première journée de cette rafle.
Ce livre a un petit quelque chose de bien particulier, de bien à lui, sans doute parce qu'il a été écrit par une personne ayant vécu l'évènement de l'intérieur, mais pas avec les yeux de personne victime de cette rafle ou de policier, simplement avec les yeux d'un jeune étudiant qui s'est un peu trouvé malgré lui emmené dans le tourbillon de cette grande rafle.
Le style narratif n'a rien de particulier, il s'agit d'un récit et à aucun moment il n'est possible au lecteur de penser le contraire, puisque l'auteur intervient régulièrement, faisant ainsi part de ses sentiments au moment de la rédaction de son propre vécu.
Il a sans doute eu du mal à coucher sur papier son récit et il ne s'en cache pas.
Tout comme il a eu du mal ce jour-là à aborder des inconnu(e)s dans la rue, car il était à l'époque un jeune homme timide, pas forcément très sûr de lui, et il se retrouvait à devoir trouver en quelques instants les mots nécessaires pour convaincre une personne de le suivre et résumer la criticité de la situation.
A noter la note en post scriptum, très intéressante, de Roger Boussinot qui revient sur la genèse de ce récit et qui rappelle les différentes censures auxquelles a été soumise son histoire : tout d'abord la sienne, celle de revenir sur ce tragique évènement; celle de l'Histoire qui pendant près de deux décennies ne voudra entendre parler de rien; et enfin celle des maisons d'édition pour rééditer cet ouvrage.
Je précise d'ailleurs à cet effet que cela faisait longtemps que j'attendais la réédition de ce livre et je commençais à ne plus trop y croire.
J'ai énormément de mal à concevoir qu'une maison d'édition ne veuille rééditer un récit d'une telle qualité et d'une telle importance.

J'attendais depuis longtemps de pouvoir enfin lire "Les guichets du Louvre", le témoignage de Roger Boussinot sur son action en cette journée du 16 juillet 1942.
Son récit offre une vision nouvelle et intéressante de cet évènement tout en restant très pudique, une vraie réussite et un témoignage rare qu'il est utile de connaître, de lire et de faire connaître.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
Commenter  J’apprécie          60
Alors qu'il s'apprête à regagner Bordeaux pour les vacances, un jeune étudiant parisien accepte une mission confiée par Favard, une vague connaissance. D'après celui-ci, en ce 16 juillet 1942, la police française a décidé d'arrêter massivement les juifs dans quelques quartiers de la rive gauche. Il doit tenter d'en sauver quelques-uns, tout faire pour les emmener passer la journée sur l'autre rive de la Seine, les éloigner pour leur éviter l'arrestation.

Dès son arrivée dans le quartier qui lui a été assigné, l'étudiant est témoin des arrestations mais il ne sait comment aborder les personnes qu'il veut sauver, tellement peu sûr de lui qu'il se sent incapable de les convaincre du danger qui les menace et de l'aide qu'il peut apporter.

Puis, il rencontre une jeune fille, d'un âge voisin du sien et cette proximité lui donne plus d'assurance et d'autorité. Grâce à elle, il a l'occasion d'entrer chez des gens, qui prévenus par la police, ont préparé leurs valise et attendent qu'on vienne les chercher. Après qu'elle a accepté d'enlever son étoile jaune, il tente de la persuader de passer la Seine, d'aller au delà des guichets du Louvre.
Ce récit de Roger Boussinot est un témoignage précieux sur cette journée de la rafle du Vel d'hiv, vue avec les yeux naïfs d'un jeune homme, qui n'a pas immédiatement compris l'importance de l'évènement. Par la suite, son témoignage eut à subir plusieurs censures. D'abord la difficulté pour lui de retracer ce qu'il avait vécu, puis la première publication dans les années 60, alors qu'il était surtout question dans ces années-là d'oublier certains épisodes de l'occupation et enfin la chute dans l'oubli, alors que l'éditeur refusait de rééditer ce livre, malgré l'intérêt que commençait à susciter cette période.
Commenter  J’apprécie          40
Je tiens tout d'abord à remercier les Editions Gaïa et Babelio pour son opération Masse critique qui m'a permis de recevoir cette nouvelle édition des Guichets du Louvre et de faire une belle et poignante lecture.

L'histoire que rapporte Roger Boussinot se déroule le 16 juillet 1942. C'est un témoignage de sa propre expérience qu'il nous raconte lors de cette date très importante de l'Histoire celle de la Rafle du Vélodrome d'Hiver. Il n'est pas Juif mais pourtant il a pris le parti d'agir ce jour-là d'une manière très remarquable.

de par sa manière d'écrire, le lecteur a l'impression d'accompagner notre jeune narrateur, de parcourir les rues en sa compagnie sous cette chaleur de juillet dans ce stress permanent de ne pas réussir à réaliser la mission qu'il s'est donné. La multitude de détails du décor, de ces sentiments ne fait que rendre plus intense cette impression de nous sentir présent à cette période de l'histoire. La découverte du quotidien parisien sous l'Occupation aussi bien pour un « Français » que la population étiquetée « juive », de la traque des Juifs en cette journée par la police française, des réactions de la population parisienne face à cette rafle, le lecteur est véritablement au contact de tout ce qui a composé cette journée et l'ensemble de cette guerre.

La plume de Roger Boussinot est sincère, quelque peu hésitante au début où on y trouve des passages commentant le fait d'avoir choisi tels évènements à raconter plutôt que de les passer sous silence puis sa plume s'envole et nous ne trouvons plus ce genre de passage. J'ai eu le sentiment qu'il était plus à l'aise, qu'il formulait ses pensées de manière plus directe, ou que ses souvenirs étaient plus clairs à force de coucher sur papier son vécu.

Son livre sera aussi le moyen de nous rappeler la foule de pensées, questions qui lui sont passées par la tête ce jour-là, en notre compagnie, il aborde ce qui le met en colère, ce qui lui pèse, ce qu'il a besoin de dire, de comprendre concernant cette atteinte perpétuelle à ce peuple juif depuis le début de cette guerre.

Ce livre sera aussi les récits « éphémères » de plusieurs « vies juives » que la Rafle attrapera. Chacun est poignant, déchirant, on aurait aimé qu'il en soit autrement et on est impuissant tout comme le narrateur.

Cette lecture en plus d'être poignante et révélatrice de faits mal connus, elle permet une fois de plus de prouver que des témoignages comme celui-ci sont importants pour connaître l'ensemble des facettes qui constituent notre Histoire qui ne doivent pas tomber dans l'oubli. Des pires comme des meilleurs comme le prouve bien le paradoxe entre cette mission de cette journée de juillet qui se voulait bienfaisante et « la fin de ce livre qui dénonce un problème historique avec cette adresse aux Guichets du Louvre ».

Pour finir je vous conseille, vous adolescents aux plus âgés, de lire ce récit où se livre Roger Boussinot l'espace d'une journée.

Lien : http://inspireretpartager.wo..
Commenter  J’apprécie          40
Voilà encore un auteur qui doit être davantage lu.
J'avais eu une agréable surprise en lisant : Le sixieme sens (4 étoiles)
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (68) Voir plus



Quiz Voir plus

QUIZ LIBRE (titres à compléter)

John Irving : "Liberté pour les ......................"

ours
buveurs d'eau

12 questions
289 lecteurs ont répondu
Thèmes : roman , littérature , témoignageCréer un quiz sur ce livre

{* *}