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3,9

sur 1601 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un roman du terroir, mais tellement bien écrit. La vie dans un coin paumé des Cévennes, avec ses histoires de village, ses secrets.
Mais c'est aussi écrit sous forme d'un polar avec ses évènements étranges qui semblent se passer, ou pas... Une ambiance s'installe au fil des pages.
C'est le premier roman de Franck Bouysse que je découvre et je ne suis pas déçue. L'écriture est addictive, on tourne les pages pour savoir ce qu'il va se passer, s'il va même se passer quelque chose...?!!
Tout est dans le non-dit, dans les suspicions, dans cette solitude de vie... C'est tellement bien retranscrit par l'auteur qu'on ressent cette ambiance lourde d'un hiver à la campagne, perdu au milieu de nulle part.
Une sacrée belle découverte.
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L'hiver, la neige, le froid. Une ferme isolée. Gus et son chien à l'intérieur. Solitude d'une vie où son histoire est lourde de conséquences. Père et mère, mouais... Gus vit seul maintenant dans cette ferme. Les travaux de la ferme rythment ses journées. Il ne s'en plaint pas d'ailleurs. C'est sa vie. Il enfile ses sabots, siffle son chien, prend une masse. Il a une clôture à refaire au fin fond du jardin de son palais, la ferme des Doges.

Il rentre se réchauffer, regarde la café chauffer sur la gazinière. Café bouillu, café foutu disait sa mémé. Alors, il garde les yeux rivés sur la casserole. Brûlant, il l'aime, sans sucre aussi. Une goutte de gnôle, dedans pour aromatiser. Ou pour oublier ce genre de vie solitaire où son seul voisin est encore plus vieux que lui survit dans les mêmes conditions à quelques temps de sa ferme.

Gus enfile ses sabots, siffle son chien, prend sa carabine. Il grimpe sur une grosse branche et scrute le ciel. A la recherche d'une grive à déplumer pour ce soir. Il n'a pas appuyé encore sur la gâchette qu'il entend un coup de feu. La ferme du vieux, Abel. Il s'avance difficilement dans la neige fraîche et observe le silence alentours. Il ne voit personne, des traces de sang frais par contre tâchent la blancheur immaculée de cette neige. Il rentre chez lui. Après tout, les affaires des autres ne sont pas ses affaires. de toute façon il n'a rien à dire. Gus et Abel ne parlent pas pour rien dire, les amabilités ce sont pas le genre de la maison, quelques coups de mains, pour réparer une clôture, ramasser les foins ou soigner les bêtes, un point c'est tout. Et le silence règne.

Et voilà que commence l'atmosphère pesante de ce huis-clos silencieux et sombre en terres cévenoles. du polar rural bien de chez nous qui brûle le gosier de son tord-boyau maison. Il faut entrer dedans, penser à mettre des bûches dans le foyer de la cheminée, ne pas détourner les yeux de son café. Dommage. Je vais en décevoir, - oui, toi qui a lu ce livre et qui a adoré, ne te retourne pas je parle bien de toi, lecteur anonyme - ce polar a toutes les qualités requises, je suis resté un peu en dehors de cette ferme, j'ai pas réussi à me plonger dans cette terre sauvage, est-ce parce que je ne connais pas les Cévennes. En plus l'abbé Pierre vient de mourir, ça plombe d'entrée l'ambiance. Et les témoins de Jéhovah qui s'amènent... Un grain de sable dirait-on dans le désert, ici ça serait plutôt un flocon de neige, qui vient enrayer la mécanique de la vie, et qui entraîne un enchaînement d'événements où le Diable semble s'en mêler. Sombre et sans espoir. Et le silence se tut.
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Gus et Abel vivent solitaires dans leurs fermes, aux Doges, dans les Cévennes. Quelques centaines de mètres et une vingtaine années les séparent. Deux décennies qui ont porté une vieille inimitié entre les deux familles, mais que les deux hommes ont réussi à surmonter.
Un jour de janvier, au lendemain du décès de l'abbé Pierre, Gus décide d'aller chasser sous la neige les grives qu'il a repérées dans un petit bois. Mais lorsqu'il entend des cris étranges près de la ferme de son ami, il renonce, puis découvre des traces de sang.
Les événements vont alors s'enchainer...

Deuxième roman de Franck Bouysse que je lis. Je n'avais pas été convaincu par le premier, Glaise (lire ma chronique ici). Celui-ci m'a beaucoup plus plu !
Les deux romans ont beaucoup de traits communs. L'écriture, pour commencer, fluide, riche et dynamique, sans fioriture inutile, et qui a peut-être gagné en truculence. L'environnement ensuite : des terres de montagne, fertilisées par la sueur de ceux qui les travaillent. Enfin, des personnages entiers, peu enclins à l'introspection et qui se réalisent dans l'action.
La différence réside dans l'histoire qui nous est racontée. Je l'avais trouvée assez insipide et convenue dans Glaise ; elle a beaucoup gagné en profondeur, en rebondissements et en suspense dans Grossir le ciel.
Une écriture singulière et un beau roman de terroir.


Lien : http://michelgiraud.fr/2022/..
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Grossir le ciel raconte la vie de deux paysans pauvres et solitaires qui vivent un peu en marge de notre monde, loin des villes, loin des gens mais aussi loin des tracteurs modernes ou de l'agriculture productiviste ou bio.

Leur vie se concentre sur leur terre, leur chien, leurs vaches, la nature, la chasse, une petite discussion entre voisins devant un coup de rouge ou un reportage à la télé. Ils ne sont pas malheureux, ni bêtes, ils ont du coeur et savent apprécier leur vie; ils sont juste anachroniques et le savent. Même les habitants du village d'à côté les regardent comme des bêtes curieuses...

C'est ça que j'ai retenu et aimé dans Grossir le ciel, plus que l'histoire des coups de feu ou des secrets de famille : la philosophie toute simple (mais pas simpliste) de Gus, son amour pour son chien Mars, son refus de céder aux puissants.
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C'est bien ma chance, pour une fois que je lis un roman estampillé « Policier » par le Livre de Poche, il n'y a pas l'ombre d'un képi ou d'un gros inspecteur à l'horizon.
Décevant ? Non.
En fait, je n'y ai pas perdu au change.
C'est un roman noir, noir des idées, noir des images avec du gris dedans, gris du ciel en hiver et des pierres des Cévennes, et puis du blanc aussi, blanc du vide de vies, de solitude et d'isolement.
Par touches rugueuses, l'auteur pour plus de nuances et de complexité a tout de même décoché de la couleur :
Du rouge sombre de sang, du vert morne de peur, du bleu à l'âme et du jaune d'oeuf. « Les oeufs roulèrent du plateau et s'écrasèrent par terre, faisant comme deux soleils éclatés. »
Je ne vous dirai rien de Gus et d'Abel, il faut que leurs secrets demeurent tant que vous-mêmes ne les aurez pas débusqués car les phrases de Franck Bouysse se dégustent et se sirotent comme un vieux marc dans un divan.
L'objectif n'est pas de savoir mais de découvrir, comme pour certains voyages, le but n'est pas d'arriver mais de faire le chemin.
Emprunter ce chemin boueux et torturé c'est s'immiscer dans des existences austères et meurtries qui, avant de grossir le ciel, ont magnifié la terre.
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Une fois n'est pas coutume j'ai envie de laisser la parole au héros pour vous parler de ce livre. Gus, on t'écoute :

Ben voilà ce que je voulais dire c'est que j'ai comme ma petite idée que ce livre là c'est pas tant que ça un polar parce que sûr qu'il s'y passe de drôles de choses mais c'est pas comme d'habitude enfin moi je trouve pas.
D'abord vous pouvez toujours chercher le policier dans ce truc, y en a pas c'est simple. Alors c'est sûr qu'il y a un mystère oui pour ça il y en a même plus d'un ; mais faut pas croire que ce soit si simple que dans les polars à 5 euros qu'on achète au tabac du coin. Non, cette histoire c'est bien autre chose, c'est mon histoire et c'est pas rien de le dire, parce que mon histoire c'est pas de la roupie de sansonnet. J'habite un coin paumé au fin fond des Cévennes alors j'ai pas beaucoup d'amis et on croise pas grand monde dans le coin, mais si vous voulez tout savoir, moi c'est ça qui me plaît. Moi et mon chien, on est bien. Sauf qu'un jour voilà t'y pas que je me mêle des histoires de mon voisin le plus proche, Abel, c'est son nom, on cause parfois tous les deux. Je l'aime bien au fond. Mais tout ce que je peux vous dire c'est que jamais j'aurais du fourrer mon nez où fallait pas parce qu'ici c'est comme partout, les oiseaux de proie c'est pas ça qui manque.
Et pis si après ça vous croyez encore que mon histoire c'est de la flicaille et de l'enquête à gogo vous vous fourrez sacrément le doigt dans l'oeil. La vérité c'est que mon histoire c'est tout comme dans la vraie vie et Franck, il la décrit sacrément bien ma vie, avec ce petit goût de dépôt au fond du verre de rouge et qui reste sur la langue. Et pour sûr aussi qu'il aime les Cévennes ce gars là, parce que j'ai jamais vu de si belles descriptions de mon petit coin de paradis, enfin quand je dis paradis, faut me comprendre, dès fois le paradis c'est l'enfer.
Je peux rien dire de plus pour vous convaincre et si ça vous va pas c'est du pareil au même, mais je vous garantis que si vous lisez mon histoire vous le regretterez pas.
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S'y il a une évidence dans ce roman de Franck Bouysse c'est le style. Parfaitement mené, on devient très vite l'ombre de Gus, comme lui on s'interroge, on s'angoisse. Tous les minis évènements renforcent cette inquiétude. Qu'est ce qui cloche à ce point qui vous conforte dans votre peur.
Chez Bouysse ces personnages sont des taiseux, bien décidés à ne pas se faire emmerder dans leur vie routinière et solitaire. Bouysse glisse tel le petit poucet des indices qui renforce une forme de paranoïa. C'est drôlement efficace et difficile à lâcher. Dommage peut-être que la fin soit en deçà de l'impression que laisse le roman. Un roman noir de belle facture quand même.
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J'ai pourtant eu du mal à y entrer dans cet univers de taiseux : des comparaisons à foison parfois tirées par les cheveux, des dialogues ennuyeux dignes de taciturnes qui se mettent à causer, un style au rythme saccadé, sans réelle originalité à mes yeux. A deux doigts d'arrêter, que j'étais. Mais c'était le premier tiers, à peu près. Parce que pour le reste, l'alchimie singulière entre un lecteur et son livre a déboulé, sans explication réelle, mais avec une bonne dose de subjectivité.
Le miracle tient à l'atmosphère de cette histoire, mystérieuse à souhait, où la neige des Cévennes se teinte d'hémoglobine, s'incruste du sceau de présences invisibles, ou de traces de pneumatiques. Sans oublier l'abbé Pierre, dont on se demande en quoi le décès va bien pouvoir susciter l'intérêt, dans cet univers protestant où les « suceurs de bible » ne sont pas bienvenus. Une histoire d'amitié sordide entre voisins célibataires, Gus et Abel, compagnons idéaux de la gente canine, rejetons de famille malheureuse, ou délétère. Avec une fin pour le moins palpitante.
Bien m'a pris donc de ne pas m'en séparer de cette lecture, d'avoir pu mettre de côté mes priorités, pour me laisser enfin emporter.
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Je suis un peu sonnée : je ne trouve pas les mots.
Je déplore de ne pas être capable d'analyser le style de l'écrit.
Car enfin, un tout juste quinquagénaire seul dans sa ferme avec son chien et ses bêtes, laid de surcroît, un septuagénaire seul dans une autre ferme, avec son chien et ses vaches, le tout dans les Cévennes, dans des conditions pas faciles, faciles, on pourrait penser que ce n'est pas très porteur.
Et pourtant !!!!!!!!!!!!!!! Une question de talent.
Je suis sous un choc littéraire !!!!!!

Si je n'ai mis que quatre étoiles, c'est à cause de quelques réserves que je tais pour ne rien révéler du contenu.

C'est un livre qui se lit, qui se vit.
Pour reprendre la formule d'une amie blogueuse: " je ne l'ai pas lu, je l'ai vécu."
Cet auteur est une révélation pour moi.
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Ma mère aurait sans doute aimé ce livre et aurait certainement dit : "C'est dur."
Pas dans le sens où la lecture est compliquée mais plutôt dans le sens où l'histoire se révèle si âpre qu'elle ne convient pas forcément au jeune public et encore moins aux âmes sensibles.

Une histoire rude comme un hiver dans les Cévennes.

Ma mère, qui aimait les romans du terroir parce que sans doute ils lui rappelaient ses origines paysannes, aurait apprécié ce roman.

Parce que ce n'est pas seulement un roman rural, parce que ce n'est pas non plus qu'un polar, parce que ce n'est certainement pas qu'un roman noir...
C'est aussi parce que c'est un roman qui nous dit que parfois la rusticité s'apparente à la pudeur, que parfois la brutalité côtoie aussi l'affection, que parfois la solitude s'accompagne d'amitié et que les secrets aussi lourds soient ils à porter finissent toujours par resurgir...
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