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EAN : 9782253245322
288 pages
Le Livre de Poche (10/01/2024)
  Existe en édition audio
3.77/5   998 notes
Résumé :
Harry, romancier en panne d'inspiration, achète sur un coup de tête une ferme à l'écart d'un village perdu. C'est l'hiver. La neige et le silence recouvrent tout. Les conditions semblent idéales pour se remettre au travail. Mais Harry se sent vite épié, en proie à un malaise devant les événements étranges qui se produisent.
Et si l'inspiration n'était qu'une manière d'accueillir les fantômes ?

Un suspense métaphysique somptueusement orchestré o... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (245) Voir plus Ajouter une critique
3,77

sur 998 notes
Quel bonheur de renouer avec la plume magistrale de Franck Bouysse. Ses lignes sont merveilleuses, comme une rivière bercée par un champ de poésie.

Dans L'homme peuplé, l'auteur nous offre un roman polyphonique où s'entremêlent passé et présent. Deux hommes solitaires : Harry, écrivain en panne d'inspiration jette son dévolu sur une maison délabrée recluse au milieu de nulle part. Caleb, jeune homme solitaire élevé par une mère rigide et tenancier de pouvoirs de guérisseur tel un sorcier.

On va suivre ici la vie chahutée de ces deux êtres car la maison d'Harry résonne aux sons des murmures des fantômes.

Il faut s'appeler Franck Bouysse, écrivain hors pair pour écrire un roman puzzle qui voyage dans le temps et dans la mémoire des gens sans nous égarer une seule seconde. Quel délice de se pourlécher de la prose habitée de l'auteur. Un véritable tour de force cette promenade au coeur de ce que la littérature française offre de plus précieux. Des mots nectars qui roulent et caressent et viennent butiner nos papilles.

Roman d'atmosphère nourri d'une magnifique plume onirique. J'ai frisé le coup de coeur sans cette fin trop nébuleuse à mon goût.
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Sortez les doudounes.
Dans les romans de Franck Bouysse, la météo est encore plus pourrie que dans un polar scandinave. Avec lui, pas de changement climatique. Vous lisez trois pages et les nappes phréatiques transforment les champs en pédiluves jusqu'à la prochaine canicule. Un Fjord pour le dessert.
Quoi ? Si je n'ai retenu de ce roman à la nature austère que la neige, le froid, les sols gelés et les cols roulés ? Non, mais à force de me faire culpabiliser de passer la Toussaint en bermuda, le climat Bouyssien méritait ce petit bulletin météo et m'a fait forte impression.
Son style aussi, comme d'habitude. Ses personnages ont le moral en dessous des normales saisonnières mais l'auteur n'écrit pas avec des moufles. D'un livre à l'autre, on sent que l'écrivain a trouvé sa voie. La phrase est âpre, en harmonie totale avec l'écosystème du récit.
Ecrasé par le succès de son premier roman, l'Aube noire, oxymore d'une folle gaieté, un écrivain s'isole dans une ferme isolée pour humer l'inspiration. Des terres recouvertes de neige pour vaincre le syndrome de la page blanche, c'est un concept.
Ses contacts avec le réel vont se limiter à des coups de fil à son père malade et à son éditeur plus zen qu'un moine tibétain dans la queue d'une station-service. Il va aussi de temps en temps prendre un café dans le seul commerce du village voisin, tenu par une jeune femme au charme mystérieux mais avare de confidences. Pas le genre à étaler sa vie dans les réseaux sociaux, la demoiselle.
L'écrivain, qui se prénomme Harry, a pour unique voisin Caleb, sauvage propriétaire de la ferme d'à côté. Un vrai filon de célibataires besogneux pour "l'amour est dans le pré" ce coin. Caleb est un peu sourcier et un peu guérisseur aussi mais il réserve son don aux animaux, par animosité pour sa propre espèce. En résumé, pas de fête des voisins en perspective avec taboulé à volonté. Ils se sentent, s'observent, s'épient mais ne se croisent jamais. Chacun son chapitre, à tour de rôle dans une polyphonie de deux solitudes qui labourent les souvenirs.
L'homme vit avec ses fantômes et l'écrivain avec ses personnages. Quand l'homme est écrivain, les deux se mélangent un peu comme des siamois. Franck Bouysse interroge avec virtuosité le processus de création littéraire: fréquentation assidue de démons intérieurs, imprégnation des lieux, poids de la mémoire, accompagnement de certaines musiques et influence des lectures passées.
Dans cet Homme peuplé (par qui ? c'est le mystère), l'auteur ne sert pas l'histoire toute faite au lecteur. Ce dernier est mis à contribution. Il n'y a pas de mode d'emploi et c'est tant mieux. Un roman, ce n'est pas un meuble Ikea. Il m'a fait cogiter le bougre. Sa confiance m'honore et il est agréable de ne pas être pris pour un imbécile mais je suis à peu près certain d'être passé à côté de certaines idées et références. Il me faudra une seconde lecture.
Ce récit hanté de l'intérieur fait vraiment perdre à ses personnages et au lecteur les notions de temps et d'espace. le temps de l'écriture est coincé entre la réalité et la fiction. Et si la quatrième dimension était le territoire de l'imagination ?
Au final, il m'a quand même manqué un peu de romanesque pour prendre le même plaisir de lecture qu'avec « Né d'aucune femme » et « Buveurs de vent » mais j'ai été vraiment impressionné par l'ambition de ce texte.
Je lui tire mon bonnet.

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Franck Bouysse fait partie de mes auteurs préférés c'est avec un immense plaisir que j'ai lu son dernier roman. Jusqu'à la page 100 environ je me disais c'est excellent mais ce n'est pas un de ses meilleurs écrits. Franck Bouysse tel un magicien qu'il est m'a alors prise par la main et m'a entraînée en dansant dans l'histoire, j'ai été totalement grisée et captivée par les rebondissements et les événements me délectant à chaque page davantage de ce délicieux breuvage. Un coup de coeur pour ce nouveau roman. L'ambiance du livre est très mystérieuse et magique, le style parfait. Je vous recommande vivement la lecture de L'Homme peuplé. Bravo à Franck Bouysse qui a l'art et la manière d'écrire des romans inoubliables. Un roman de cette rentrée littéraire à savourer.
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« Les mots seuls ne fabriquent pas d'émotion sincère, c'est l'émotion qui doit précéder l'apparition des mots ».

Qu'a donc vécu Franck Bouysse pour, dans chacun de ses livres, de manière presque obsessionnelle, nous emporter ainsi et nous faire frémir sur les territoires sauvages d'une ruralité particulièrement âpre ?
La plume de l'auteur est une plume d'oiseau survolant cette étendue, effleurant les bas instincts des hommes dans leurs fatalités familiales, emportant leurs râles, leurs secrets et leurs souffrances. Caressant leur agonie solitaire. Une plume de corbeau, nuit noire, non pas brillante mais mat, voire terne, pensons-nous de prime abord. Elle nous entraine en effet dans un récit sombre et envoutant, mélancolique, mystérieux, une plume angoissante qui pactise avec la crainte, avec le diable semble-t-il par moment. Une plume engourdie de neige et de silence au poids suffocant. Une plume qui cherche son chemin à travers la brume, espérant des trouées de compréhension sur une page vaporeuse aux dimensions sans repères connus, au temps suspendu, une plume qui cherche son fil jusqu'au Minotaure pour en percer les secrets. Et nous de frissonner en entendant la plume croasser sur le papier que l'on devine jauni, humide, peut-être déjà ensemencé de moisissures. Un roman d'atmosphère assurément frôlant le fantastique.

« le silence revient. L'inquiétude se diffuse dans son corps, tenace. Avec le brouillard qui l'enveloppe, le paysage tout entier semble se replier autour de lui, comme pour isoler un parasite, l'enfermer dans une gangue».

C'est une plume de mésange bleue en réalité, comprenons-nous peu à peu, la noirceur annonciatrice d'une forme de printemps. Un printemps poétique. Qui chante l'amour malgré tout. Qui transforme en poésie les sortilèges de ces espaces inquiétants. C'est une plume d'une beauté sidérante ciselant chaque ligne, chaque mot, chaque image offerte. Qui met du coeur à l'ouvrage à magnifier les petites gens, à honorer les invisibles, à rendre une certaine dignité à ces personnes que nous considérons comme étant différentes. Quelques lignes suffisent pour reconnaitre la plume de Franck Buysse. Il y a du bleu dans son regard noir.

« Au printemps, les fleurs d'aubépine ennuageaient la combe et les inflorescences de pissenlit formaient des étoiles dans un ciel de verdure ».

« La lune apparait comme une énorme orbite évidée et de minuscules paillettes scintillent sur la peau métissée de la nuit ».


Harry est un écrivain ayant rencontré un grand succès après la parution de son premier livre, « L'aube noire ». Depuis quelques années, comme cela arrive lorsque le public et la critique attendent le fameux deuxième livre, il est en panne d'inspiration et décide, sur un coup de tête, d'acheter une ferme à l'écart dans un village paumé ayant pour seul commerce une petite épicerie tenue par la belle Sofia. La maison, qui a été vidée très rapidement, dont il reste encore tous les meubles, est remplie de souvenirs, d'odeurs rances. Il semble à l'écrivain que c'est le seul moyen de couper, de se retrouver et d'écrire.
Nous sommes en hiver, il fait très froid, la neige et le silence recouvrent tout. Harry se sent cependant épié, voire visité quand il s'absente, et entend constamment du bruit provenant de la ferme voisine habitée par un certain Caleb.
Des événements étranges se produisent. Si Harry les redoute dans un premier temps, il va comprendre peu à peu que les accepter peut être une source d'inspiration précisément. le récit est polyphonique et donne la parole tout à tour à Harry puis à ce fameux voisin, Caleb, jeune homme misanthrope qui a été élevé par une mère particulièrement austère, rigide, qui lui a inculqué le dégout des autres et surtout celle des femmes. La mère et le fils ont des pouvoirs : ils trouvent l'eau, guérissent les animaux…

C'est une histoire vraiment haletante, une trame qui se construit peu à peu, qui interroge également de façon passionnante sur le processus de création littéraire. En revanche, je suis assez étonnée : pourtant peu habituée aux intrigues de thriller ou aux enquêtes policières, je n'ai pas eu l'effet surprise escompté tout à la fin, ayant deviné avant, plus ou moins, la chute finale, chute devinée mais dont il me reste pourtant des zones d'ombre…Comme si quelque chose m'échappait dans l'imbrication des pièces du puzzle. Il m'est d'avis que je suis passée à côté de quelques éléments, il me faudra sans doute revenir un jour sur cette fin, relire sans doute le livre…Franck Bouysse le dit lui-même :

« Les grands livres ont ce pouvoir-là, de modifier la trajectoire du lecteur à chaque lecture, de maitriser le temps en déployant l'espace, de faire en sorte que rien ne s'est véritablement produit, qu'à tout moment peuvent surgir de nouvelles montagnes et de nouveaux abysses. le temps révolu n'est dès lors plus une succession de moments déjà vécus, mais une suite insoupçonné de rapports au monde ».


Cette réserve ne nuit aucunement à l'aura de ce livre, à l'ambiance distillée, à la gageure d'écriture, à la poésie extatique, à la symbolique de cette image d'homme peuplé, merveilleusement bien trouvée… Ce livre est une aube noire, sombre certes mais chargé de la promesse du jour à venir…
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Dans l'espoir de renouer avec l'inspiration loin de son existence parasitée de primo-romancier à succès, le narrateur Harry se rend acquéreur, sans même l'avoir visité, d'un corps de ferme isolé, à proximité d'un village perdu du centre de la France. Mais sa retraite en ces lieux aux contours effacés par la neige et le brouillard est bien vite troublée par un malaise de plus en plus envahissant, alors qu'accueilli avec défiance par les quelques gens du cru, il se sent épié par son plus proche voisin, un marginal que tous semblent craindre et qui, sans qu'il l'ait jamais rencontré, fait planer l'ombre d'une présence inquiétante jusqu'au plus secret de sa vieille maison.


Poursuivant son investissement des thèmes qui lui sont chers et reflètent ses obsessions profondes, Franck Bouysse nous livre sans doute ici l'un de ses romans les plus aboutis, fruit d'une maturité littéraire en tout point éblouissante. D'une plume plus que jamais au sommet de sa splendeur stylistique, renouvelant à chaque phrase le bonheur extatique du lecteur, il nous entraîne dans un jeu de miroirs, un caléidoscope où se fondent les composantes de toujours de son oeuvre pour, en un complexe et délicat cheminement, finir par s'agencer en une nouvelle création qui laisse béat d'admiration.


Ainsi, au fil d'une tension mêlée de doutes, d'inquiétudes et d'interrogations qui tiennent le lecteur en haleine dans ce qui ressemble à un thriller rural, réalité et fiction, passé et présent, fusionnent peu à peu en un nouvel alliage pour laisser éclore... un roman, dans un tourbillon que l'on comprend né du plus profond de l'être, du vécu et des émotions de l'écrivain. Car Harry, confiné dans cette maison encore suintante de la vie de ses anciens propriétaires, prenant pour lui l'hostilité qu'il perçoit au village sans réaliser qu'elle renvoie en fait à une histoire qui lui est étrangère mais qui soulève en lui des échos inattendus, sent sourdre d'irrépressibles images et émotions qui s'incarnent en l'on ne sait plus s'ils sont de vrais fantômes ou la projection de son imagination. le fait est que par une subtile alchimie, tout s'entremêle pour donner naissance à l'oeuvre littéraire, celle d'Harry en même temps que celle de Franck Bouysse.


L'on reste sans voix devant tant de maîtrise et de virtuosité, alors que l'auteur mène la noirceur rurale qui fait son thème de prédilection jusqu'aux frontières du fantastique pour, au final, nous tendre un miroir de son oeuvre et de son travail d'écrivain. Si Harry n'est pas un double de l'auteur, il est une créature de ses éternelles obsessions, celles qui, comme l'ont ressenti Proust ou Cendrars, vous font toujours réinventer le même livre. Après son précédent ouvrage Fenêtre sur terre, dont la poésie venait offrir quelques échappées sur cette intimité profonde reflétée notamment par la maison corrézienne de l'écrivain dont l'acquisition d'Harry semble aussi une émanation plus ou moins distordue, les réflexions, qu'au-delà de sa portée romanesque ce dernier ouvrage propose, élargissent avec intelligence la portée d'une écriture où l'artiste cherche inlassablement son essentiel. Déjà, son roman Vagabond explorait lui aussi cette puissante alchimie de la création, alors qu'un musicien blessé au plus profond de lui-même peuplait son désespoir d'on ne sait plus si c'était une femme devenue musique ou une musique devenue femme.


Ce livre peuplé des fantômes de Franck Bouysse n'a pas fini de vous habiter longtemps après sa lecture, vous éblouissant bien au-delà du coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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critiques presse (2)
RadioFranceInternationale
22 septembre 2022
Franck Bouysse revient avec un nouveau roman envoûtant aux mystères presque métaphysiques. Un livre sur la création qui plonge le lecteur dans une atmosphère silencieuse, inquiétante, remplie de souvenirs et de présences.
Lire la critique sur le site : RadioFranceInternationale
LeSoir
29 août 2022
Un romancier s’isole à la campagne, en quête d’inspiration. Gare : dans une ferme proche, l’un de ses personnages le guette déjà.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (286) Voir plus Ajouter une citation
Plus tard, d'autres essences endémiques sortiront de terre, en lieu et place, et les hommes qui la fouleront s'interrogeront sur la présence de l'arbre de couleur d'os aux multiples scarifications. Ils en déduiront que la nature reprend ses droits, sans même réaliser que le droit est une invention humaine, et que le drame de ce mot est de n'avoir pas de véritable contraire dans leur esprit, si ce n'est, parfois, dans l'effondrement éphémère de leur pensée.
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- Un évènement dont on se souvient sans l'avoir vécu ne serait que le révélateur d'un rêve enfoui, selon vous ?

- Les images que nous attrapons dans la réalité nous permettent d'en fabriquer d'autres en rêve, qui parfois rencontrent une nouvelle réalité. Je pense que c'est plus ou moins comme ça que ça fonctionne.

-Moi, je crois que plusieurs vies sont nécessaires pour accomplir une mission qui nous dépasse.
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Son regard dérive d'une photo à l'autre. Ses pensées se nourrissent des paysages. L'idée que pour l'étranger, ce pays ne se vit sûrement pas, qu'il se rêve d'abord. Que pour avoir accès à la réalité, il lui faut traverser la brume, un miroir vaporeux débouchant sur une dimension sans repères connus, suivre le fil jusqu'au Minotaure ou la Reine de cœur.
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Il a terminé le livre, mais le livre n'en a pas fini avec lui
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Le grenier apparaît à Harry comme une boîte renfermant des souvenirs plus ou moins bien rangés à l'intérieur d'une mémoire à laquelle il n'a pas accès.
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Videos de Franck Bouysse (92) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Franck Bouysse
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