Deux érables champêtres étendaient leurs phalanges ligneuses par-dessus le mur d'enceinte pointillé de touffes de joubarbes et de polypodes.
Elias jetait parfois un coup d'oeil sur le côté pour accrocher le profil gracieux de la jeune fille à la potence de son désir, se disant que la beauté humaine avait désormais un nom, un prénom -- ses yeux étaient capables de l'emprisonner dans un seul regard -- et que c'était suffisant à cet instant précis.
Ils traversèrent des lambeaux de brume, semblables aux tentacules démesurés d'une pieuvre albinos s'enroulant autour des arbres.
La première truite sauvage qu'il attraperait, il la garderait et la ferait cuire pour Suzanne, avec un peu de gros sel, un filet d'huile d'olive et quelques brins de ciboulette.
Un homme, c'est fait pour marcher en avant, fils, à son rythme, pas pour reculer... c'est fait pour ça, un homme.
Ils n’oublieraient jamais ce dont était capable un être humain, ce qui pouvait le définir hors du champ paisible des grandes plaines sauvages qu’ils avaient eu le tort de croire éternelles.
- Tout paraît si simple avec toi.
- C'est parce que la vie est simple. Ce sont les hommes qui sont compliqués. Ils se tortillent en attendant la mort et ils oublient bien souvent de vivre.
Les femmes demeuraient une énigme et il n'était pas prêt à la résoudre de sitôt.
(p.187)
Le passé des gens leur appartient, et s'ils t'en parlent pas c'est qu'ils ont une bonne raison de pas le faire, c'est à personne de les y forcer... ce qui compte, c'est ce que les gens sont, pas ce qu'ils ont été...
« Il t'arrivera jamais rien tant que je serai là. » Papa Tulssa répéta souvent cette phrase, après leur rencontre avec le loup. Plus il vieillissait, plus on décelait une dose d'inquiétude dans sa voix, une hésitation passagère, comme quand on dit une chose à quelqu'un dans l'idée de s'en convaincre avant d'essayer de convaincre l'autre. Quand on n'est pas sûr d'être en mesure de tenir une telle promesse, mais qu'on sait qu'on fera tout pour.
(p.33)