Gamins, notre mère nous offrait une bande dessinée à chacun à mon frère et à moi. Comme il était l'aîné, il avait hérité de Tintin et d'Astérix et Obélix; et moi des Schtroumpfs et de Lucky Luke. du fait de cette répartition, je n'ai jamais été un grand fan du reporter belge ni des gaulois moustachus*. Certes, un jour, j'ai tué la mère - au passage, on ne tue jamais la mère mais toujours le père - en décidant des bandes dessinées que je lirai désormais : mon premier choix fut fort et fondateur avec Blake & Mortimer,… et, ce faisant, j'ai moins lu les Schtroumpfs et Lucky Luke.
Récemment, j'ai lu l'hommage de Bonhomme à Lucky Luke : une très belle pioche. Récemment encore, j'ai lu La terre promise de Jul qui m'avait été offert : une succession de gags dont certains pas toujours des plus heureux ; une lecture dispensable.
Aussi, quand mon libraire spécialisé en bandes dessinées m'a conseillé la lecture de
Jolly Jumper ne répond plus de
Bouzard je n'ai pas hésité. À part les planches dans l'atelier mastodonte, je n'avais jamais rien lu de
Bouzard auparavant.
Autant le dire tout de suite, le scénario est aussi épais qu'une feuille de papier à rouler... Oups, aussi épais qu'une brindille puisque Lucky Luke ne fume plus depuis bien longtemps -
Bouzard reprend ce gag comme Bonhomme. À tel point qu'à la fin, on ne sait toujours pas pour
quoi Jolly Jumper ne répond pas. Cette absence de scénario ne m'a pas posé de problème** et la lecture de cet hommage à Lucky Luke a été des plus plaisantes. On retrouve une partie du canon des aventures de Lucky Luke : Jolly Jumper qui ne répond plus donc, les Dalton dont Ma (Dalton), le pénitencier, l'évasion (organisée) des Dalton, Phil Defer, …
Bouzard utilise pour mieux les détourner les codes de la série : le rapport à l'ombre est des plus intéressants - en quatrième de couverture, on lit ainsi que Lucky Luke est « L'homme qui a eu l'idée de tirer su son ombre » et voit Lucky Luke ; la confusion dans le pénitencier autour de Lucky Luke que personne ne reconnaît ; la revanche du duel avec Phil Defer ; Joe qui n'arrive pas à tuer Lucky Luke alors qu'il en a l'occasion - comme le dit un de ses frères « T'as perdu ton mojo, Joe » …
Côté graphisme, c'est rudimentaire, « à la
Trondheim » en quelque sorte. Mais cela n'est pas gênant pour qui aime ce style -
Mildiou de
Trondheim est une des meilleures bandes dessinées que j'ai lues alors que la technique de
Trondheim est assez rudimentaire.
Au final, une lecture intéressante, un bel hommage à Morris et une belle parodie.
* Et l'on sait ce que Ludwig von 88 pensait des moustachus.
** Cela pourrait en poser à d'autres.