Critique tomes 1, 2 et 3
Après moult éclats de rire ponctués d'irrépressibles « mais-qu'il-est-con ! », les zygomatiques ravis et les commissures des lèvres scotchées aux lobes d'oreilles, je referme, pantois, le dernier tome d'Autobiography of me too : il est vraiment trop facile le gars
Bouzard !
Sous des atours structurés (planches systématiquement découpées en gaufriers de 3 cases par 4), son autobiographie respire le « sans filet ». Une improvisation nimbée d'un ersatz de dilettantisme qui frise néanmoins l'excellence. D'ailleurs, ce n'est pas réellement une autobio. Plutôt une parodie ou une autofiction qui mélange les mises en scène décalées d'un quotidien ordinaire avec des anecdotes de comptoir, des aventurettes fantasmées ou encore des délires exquisement surréalistes (les X-men qui débarquent dans le Poitou !?...).
L'amateur de récit intimiste et d'introspection psychologique passera son chemin. Ici, il n'y a pas véritablement matière à faire phosphorer le ciboulot. Mais alors, qu'est-ce qu'on se marre ! La moindre banalité finit par déraper pour fournir le prétexte à drôlerie. Un humour foutraque qui navigue de temps en temps vers le puéril ou le carrément débile, mais laisse deviner et savourer une certaine finesse voire un semblant de poésie dans ses énormités.
Et c'est tellement bien construit. La narration possède un rythme discret, un tempo insidieux qui se montre efficace et très réjouissant. En partie imputable à la mise en page, c'est avant tout la ponctuation fournie par les dialogues qui génère cette sensation. Un sens inné de la précision pour poser un silence ou déclencher une réplique qui tue. le dessin, lui, est tout simplement remarquable. Comment deux ou trois coups de crayon si spontanés, par instants presque négligés, peuvent-ils aboutir à un tel résultat ? Une ligne impulsive, intuitive et libérée qui donne du mouvement et de la vie. Quel verbiage graphique ! Quelle virtuosité !
Bouzard se ballade dans la gamme des émotions et de l'expressivité. Les tronches et les attitudes sont si bien retranscrites que chaque situation induit une identification instantanée et donc un plaisir décuplé. Chapeau Maestro !
Désopilant et inspiré. Quel talent !