Les Insoumis, Tome 2 : Le chemin de la vérité
Je fus incapable de bouger, je ne pouvait fuir.
Mes mains restèrent dans mes poches, les siennes contre ses flancs. Nous ne nous touchions pas, pas vraiment. Il posa sa tête sur mon épaule, son haleine franchissant les couches de vêtement et chauffant ma peau. Il glissa un doigt sous un des passants de mon jean et m'attira plus près de lui. Son nez effleura mon cou, ma joue. Je fermais les yeux quand il appuya son front contre le mien.
- Regarde-moi ! répéta-il.
- Ne fais pas ça, soufflais-je.
- Je ne comprends pas ce qui m'arrive, murmura-t-il. J'ai l'impression de perdre la tête ; c'est comme si ton visage était gravé dans mon coeur, mais je ne me souviens pas quand et je ne comprends pas pourquoi, pourtant la plaie est là et refuse de guérir. Et tu ne me regardes même pas.
Telles étaient désormais les relations entre les gens. On ne fait rien pour les autres si on n'y trouve pas son compte.
Quand on se retrouve sans rien - sans argent, sans emploi, sans logement -, il ne reste que l'espoir et même ça, c'est une denrée rare.
On ne peut pas raisonner avec des gens aveuglés par la fureur.
[...] il était impossible de distinguer la colère de la peur. Elles se nourrissaient l'une de l'autre.
- Tu roules lentement parceque tu ne sais pas où tu vas ou parce que tu espères qu'on sautera en marche ?
Si un coeur peut-être brisé une fois, il ne devrait plus être capable de l'être une autre fois.
- Ho ! intervint Vida d'une voix aiguë, à l'intérieur de la tente. Vous ne pouvez pas la fermer et revenir vous coucher ? On a déjà entendu cette dispute cent fois et il n'est pas cinq heures du matin !
Jude tenta de la faire taire, mais c'était trop tard.
- Tu... tu... je ne peux pas, bredouilla Chubs, trop furieux pour construire une phrase. Viens ici. Tout de suite !
- Viens me chercher mon grand , répondit-elle. Je sais que je n'ai pas ce qu'il faut la où il faut, mais on pourra s'arranger.
- Un cerveau en état de marche, par exemple ? cria-t-il.
- Fermez-la et embrassez-vous, marmonna Vida. J'essaie de dormir.
- Miss Vida, dit Liam, t'a-t-on déjà dit que tu es la chantilly sur la glace à la vanille de la vie ?
- On t'a déjà dit que tu avais la tête en forme de crayon ?
Je l'ai regardé, mon esprit vidé par la confusion.
-C'est terrifiant-TERRIFIANT- de rencontrer une inconnue et de ressentir quelque chose pour elle, quelque chose de si intense que ça fait arrêter les battements de ton cœur et que tu n'as AUCUNE bases sur ça. Aucun contexte. Les sentiments sont là, et c'est comme s'ils te lacéraient la poitrine, comme s'ils avaient besoin de sortir.
Même maintenant, même quand je ne fais que te REGARDER, je me sens comme s'ils me broyaient, comme s'ils me broyaient par la puissance de mon désir, de mon besoin d'être avec toi, de l'intensité de l'amour que j'éprouve pour toi. Mais tu n'est même pas désolée; Tu t'attendais juste à ce que je sois d'accord avec le fait que tu m'as arraché ta vie et l'as jeté loin de la mienne.