Le mythe arthurien vu du côté des femmes, tel est le sujet d'un récit attribué à Morgane la Fée, prêtresse d'Avalon et demi-soeur d'Arthur…
Et ce récit risque bel et bien de déconcerter les habitués du cycle arthurien, tant il est différent des multiples interprétations que l'on a pu lire et voir depuis plusieurs décennies. Sans même parler de Morgane elle-même, qui n'est pas ici un être si maléfique que cela, Arthur et ses chevaliers passent, sous la plume de
Marion Zimmer BRADLEY, au second plan de l'intrigue. C'est ainsi que les batailles bien connues des habitués sont tout simplement passées sous silence et ne sont évoquées qu'au grès de conversations ou d'autres évènements beaucoup moins guerriers.
Car le thème principal du roman est avant tout une évocation de l'Histoire de la Grande-Bretagne, d'une époque où l'Empire romain tentait d'imposer la nouvelle religion chrétienne face à l'antique culte celtique de la Déesse-Mère, défendue par les druides et Viviane, la grande prêtresse de l'Ile Sacrée d'Avalon. Bien sûr, derrière cette querelle d'Eglises, c'est la société elle-même qui est en jeu, la condition des hommes et, surtout, celle des femmes dans un monde éminemment masculin.
On l'aura compris, dans Les Dames du lac, l'action guerrière fait place nette à la psychologie des personnages. Celle-ci est servie par une écriture de grande qualité, toujours précise et parfaitement rythmée, prouvant par-là même qu'il n'est pas forcément besoin de batailles épiques pour passionner le lecteur.
Notons enfin que Les Dames du lac a donné lieu à quatre autres tomes (Le Secret d'Avalon,
La Colline du dernier adieu, La Prêtresse d'Avalon et
Les Ancêtres d'Avalon) et que leur intrigue se situe en amont de celle qui est présentée ici. Les Dames du lac et Les brumes d'Avalon ne constituant initialement qu'un seul volume (Pygmalion sévissait déjà au milieu des années quatre-vingt…), ils sont donc indissociables mais se suffisent à eux-mêmes. Et de la meilleure des manières qui soit !