Notre crime est l'histoire terrible d'un homme que le mensonge a contraint a une vie de solitude.
Pour ne pas briser le coeur de son père qui rêve de le voir devenir avocat, Azed feint pendant plusieurs années de suivre des cours de droit. Mais plutôt que de se rendre à Assas, il erre seul dans les rues de la capitale. Englué dans un piège dont il n'arrive pas à se dépêtrer, il souffre. Jusqu'à ce que s'effondre l'édifice de ses mensonges. Il doit alors fuir… mais pas sans avoir eu la tentation de commettre un geste fatal qui aurait pu définitivement bousiller sa vie.
Cette histoire peut paraître bien banale mais Emile Brami sait la rendre particulièrement passionnante et émouvante grâce à la construction astucieuse de son roman.
Avant de raconter l'histoire d'Azed, l'auteur évoque assez longuement les raisons, vraies ou fausses, qui l'ont poussé à écrire cette histoire, parle de lui et de son travail d'écriture. Puis, il donne la parole à Abraham Zeitoun, surnommé Azed (d'après ses initiales) qui fait le récit son parcours chaotique. Pour terminer, une lettre de la soeur d'Azed vient donner un tout autre éclairage sur ce jeu de dupes, le rendant encore plus poignant. Et peu importe que cette affaire soit réelle ou non.
Notre crime ne traite pas que du mensonge mais aborde plus largement le thème de l'exil. Ou plutôt du voyage sans retour possible dans sa propre vie, sa famille et son pays natal.
J'ai longtemps hésité avant de me décider à lire ce livre tant la sinistre photo de couverture me rebutait en me laissant imaginer une écriture obscure, voire hermétique. Mais je me trompais et j'ai été plus qu'agréablement surprise. Je ne peux que vous conseiller de découvrir, vous aussi, pourquoi ce roman s'intitule Notre crime.
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Je ne t'apprendrais pas Emile, que l'histoire des fils commence bien avant eux, avec celle de leur père.
On peut très facilement raconter l'histoire d'un menteur, il suffit que ça soit un autre menteur qui le fasse.
Un spectacle prodigieux, drôle et grinçant. Denis Lavant... habité!