Voyage chez les Yeux-Pâles

Aujourd’hui, il n’y a pas beaucoup de « cornes noires ». Les Yeux-Pâles tuent Wa-dau-ta Tang-ga pour les peaux, pas pour manger. Nous, Wha-zha-zhi, avons besoin du bison. Pour la viande, pour la graisse, pour la peau qui fait des boucliers, pour les os qui font des couteaux. Pour faire les vêtements, pour les cordes, des arcs, pour faire le feu, pour couvrir le « tipi » pendant les campagnes de chasse.
-... pour faire les cheveux des poupées des petites filles, ajouta Soleil Sacré en dévoilant ses belles dents blanches.
[...]
- Avec son estomac, nos pères faisaient des chaudrons, avec ses sabots de la colle, avec sa queue des chasses- mouches. Il y a des hivers et des hivers, les « cornes noires » étaient nombreux comme les étoiles, comme les feuilles sur l’arbre. Quand ils faisaient trembler la terre avec leurs sabots, alors les guerriers allaient à la chasse, alors les femmes prenaient les couteaux à découper. Les Bouches-Poilues tuent les bisons avec leur bâtons- à -feu. Des centaines et des centaines. Et ils les laissaient pourrir dans l’herbe...

... ces longues semaines de navigation, de marcher droit sans ce remuement incessant de l’Océan, de courir sans se heurter à un bastingage ou un rouleau de cordages. De fouler le sol de ce royaume dont ils répétaient le nom comme un mantra - France, France ! -

« Ils n’y a rien de barbare et de sauvage dans cette nation [...], sinon que chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage. »
- Michel de Montaigne (1533-1592)

« Les Indiens ont survécu à notre volonté de les anéantir et, depuis que le courant s’est inversé, ils ont même tenu en respect les bonnes intentions que nous leur manifestions car elles pouvaient s’avérer encore plus funestes. - John Steinbeck (America and Americans)

Cette histoire nous emporte loin de notre quotidien, de notre époque, on y entend le bruit des plaines, de la mer, des ruelles du vieux Paris, des routes et des palais de France, on y entend aussi des battements de cœur, pour traverser des moments d’obscurité et de lumière, des moments d’espoirs et de magie. Au point qu’à Montauban un bout de terre est devenu indien, tandis qu’en terre indienne d’imprimait à jamais le visage de la France.

- Marc Levy

L’histoire de ces Indiens osages traversant le grand océan pour venir rencontrer le Roi de France est avant tout une aventure, dans toute la noblesse du terme. Une errance riche de rebondissements, de coups fourrés, de rencontres, de tableaux sur les travers de l’homme.

Ma femme descend de la tribu des Indiens hurons, lorsqu’elle tisse ses cheveux en natte, ses origines se révèlent comme une évidence, mais de ce sang indien nous ignorons tant de subtilités.
La culture des Indiens d’Amérique nous fascine. Peuples capables d’une sagesse admirable et d’une férocité extrême, peuples aventuriers fusionnant avec la nature, respectueux de la Terre mère, vivante et nourricière.

Une histoire d’amour, d’amitié, de fraternité, de séduction, d’illusions et de désillusions, de couardise et de courage, une histoire sur ce que l’homme porte en lui de plus beau et de plus terrible à la fois.
Cette histoire débute il y a deux siècles et pourtant reste si contemporaine.

Oui, je proclame que vous, Indiens d'Amérique, devez être regardés comme des êtres humains dont le corps et l'âme sont semblables aux nôtres. Pour autant, je ne suis pas totalement convaincu que vous soyez fait pour la civilisation, pour ce que j'appellerais les délices de la vie sociale.
Ou je dirais plutôt que la civilisation, peut-être, n'est pas faite pour vous, et je redoute que celle-ci finisse par vous tuer. Oui, c'est inévitable, les Blancs vont s'avancer, couper les arbres de vos bois, faire fuir votre gibier, et votre race, peu à peu, s'éteindra après que votre langue, vos danses auront été interdites. Oui, le monde moderne frappe déjà à votre porte. Mais êtes-vous prêts à l'accueillir ?

Hormis leur peau cuivrée et leurs extravagantes tenues, ces Osages ne sont pas finalement pas très différent des Européens; je les trouve même mieux conformés que nombre Blancs.