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EAN : 9782749925967
362 pages
Michel Lafon (05/11/2015)
4.44/5   9 notes
Résumé :
L'incroyable errance de six Indiens dans la France du XIXe siècle.

1827. Six Indiens osages venus de leur Missouri natal débarquent au Havre avec armes, plumes et bagages. Ils veulent voir comment vivent ceux qu'ils nomment les "Yeux-Pâles". L'accueil est délirant : on s'arrache les "sauvages" – quatre guerriers et deux femmes. Les voilà à Rouen, et à Paris où le roi Charles X les reçoit. Ils sont exhibés dans les théâtres, des artistes font leur port... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Un très grand merci aux Éditions Michel Lafon et Camille de m'avoir envoyé ce roman, dans le cadre de notre partenariat. C'est vrai, je lis peu d'histoires basées sur des faits réels, mais j'avais envie de me faire une idée sur la question. D'autant plus que je n'avais jamais entendu parler de cet événement qui avait fait grand bruit à l'époque.

Dans ce livre, Philippe Brassart retrace le périple de six Indiens issus du peuple osage au XIXème siècle. Leur voyage les amène au Havre, en France, avec dans l'idée de rencontrer le Grand-Père Blanc (le roi de France) et surtout de découvrir la culture occidentale. de déconvenue en déconvenue et de découvertes en surprises, les osages vont traverser bien des endroits et surtout croiser bien des visages. Ils connaîtront un succès sans précédent où les gens les traiteront en prince et en princesse, et seront aussi exhibés comme des bêtes curieuses dans une foire aux monstres. Sur des terres froides et sans coeur, l'auteur nous dépeint notre propre culture, à travers les yeux de six prétendus sauvages.

Si je m'étais seulement attendue à ce charivari d'émotions, à ce bouleversement… le voyage chez les Yeux-Pâles ne m'a pas laissée indifférente, on peut le dire ! Ma lecture a été aussi grisante que stupéfiante. J'ai été sidérée par le genre humain, celui que l'on cultive dans notre société qui se veut idéale.

Mais commençons d'abord par les Indiens. Au nombre de six, on apprend progressivement à les connaître, à saisir leurs tempéraments et je ne vais pas vous mentir : ils m'ont touchée en plein coeur. Ils sont déconcertants dans leur façon de voir le monde et s'arrêtent sur des choses qui nous, occidentaux, nous semblent parfaitement normales. Ils remettent en question des principes auxquels on n'avait jamais réfléchi et démontent des théories avec une candeur désarmante. Ces Amérindiens communient avec la nature et ont appris à aimer la vie comme elle est, sans chercher à bouleverser son sens. Ils forment un contraste monumental avec les Français qui croisent leur route.

C'est là que je vais être un peu moins calme. J'ai tout bonnement été écoeurée (et encore, le mot est faible) par la suffisance des Français. Lorsque les osages arrivent sur leur terre, ils sont traités avec suffisance, sont raillés par les journalistes et font l'objet de nombreux quolibets. Les osages cherchent sincèrement à comprendre leur mode de vie, mais leurs croyances et leur manière de considérer le monde ne sont écoutées que d'une oreille distraite. Alors qu'ils sont splendides dans leur simplicité.

Au lieu de saisir la beauté qu'ils dégagent, la plupart des Français, les rapaces en puissance, essaient de surfer sur cette vague de célébrité afin de se remplir les fouilles. Et comme il fallait s'y attendre, l'engouement qu'ils finissent par engendrer s'estompe, au point que ses “sauvages” deviennent des indésirables. C'est là qu'on se pose deux minutes et qu'on se dit : “Mais c'est quoi notre problème, à nous les occidentaux” ? D'où vient cette prétendue supériorité qui nous donne le droit de malmener de simples visiteurs, venus de contrées lointaines, aux coutumes fascinantes, au mode de vie qui force le respect… Quand on voit que les premiers temps, ces gens-là défrayent la chronique et puis quelques mois plus tard… plus rien, on est en droit de se poser des questions sur cet égoïsme à grande échelle.

Je ne m'attendais pas à être autant passionnée par le sujet, à vrai dire. Ce livre m'a permis d'apprendre énormément de choses, j'ai emmagasiné des histoires passionnantes et j'ai adoré ces six osages qui étaient très touchants. Leur bonté n'est pas feinte, leur naïveté, elle, ne s'arrête qu'aux portes de cette société qui bouge trop vite. En réalité, ce sont eux qui ont tout compris. Ils s'émerveillent d'un rien et nous émerveille, nous aussi.

Et même si on se sent bien souvent en colère pour eux, avec des désirs de revanche, il n'empêche que certaines personnes bien intentionnées peuvent arriver là où on ne les attend pas. À travers cette histoire, Philippe Brassart redonne espoir en le genre humain. Merci pour ça, car ça m'a vraiment pris aux tripes.

En résumé, le voyage chez les Yeux-Pâles est un carton plein ! C'est un roman qui s'inscrit dans une réalité pas toujours rose, mais qui nous prend tout entier et nous empêche de le lâcher. Grâce à cette histoire, j'ai appris un nombre incalculable de choses et j'ai été conquise du début à la fin. Ne laissez pas ce roman vous passer sous le nez, derrière cette couverture un peu austère se cache un véritable bûcher ardent !

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Un roman difficile à juger, le sujet est grandement inspiré d'une histoire vraie et les émotions véhiculées sont fortes et dures la fois. Un roman qu'il convient de lire pour se rappeler le malheureux passé de ces amérindiens qui n'ont rien demandé si ce n'est de vivre en harmonie avec Dame Nature, pour l'histoire de France et de l'Europe du XIXème, enfin pour les thèmes évoqués toujours d'actualité : l'intolérance, la différence, le choc des cultures qui rend malveillant qui au XIXème était assez « violent » et, qui aujourd'hui encore résonne dans notre société. Bref, un roman complet qui ne laissera personne indifférent, par ailleurs Philippe Brassart a fait un énorme travail de recherches et rend, avec beaucoup d'humanité, cette histoire criante de réalisme.

Le voyage chez les Yeux-Pâles raconte l'itinéraire dramatique de six amérindiens sur l'ancien continent. Alors que les Français viennent de vendre la Louisiane aux Etats unis d'Amérique, les Amérindiens sont peu à peu dépouillés de leur territoire. C'est ainsi que les Osages, nostalgiques de la présence française, décident d'aller rencontrer le « Grand – Père blanc », c'est à dire le roi de France, pour leur exposer leur situation et ainsi requérir son aide. Accompagné du Capitaine Delaunay et de leur traducteur Paul Dubois, Petit Chef, Femme Faucon, Grand Soldat, Esprit Noir, Soleil sacrée et Jeune Soldat entament alors un voyage parsemé de découvertes merveilleuses mais surtout rempli d'embûches et de déceptions.

Le roman présente une grande richesse. Une richesse historique pour commencer car aussi intimiste soit le voyage des ces « peaux rouges », leur périple voit la traversée entre autre du royaume de France et la rencontre de certains français historiquement connus dont le roi de l'époque, Charles X, ainsi que d'autres pays de l'Europe de l'Est. On suit par ailleurs de loin leur colonisation, les Français désertant la Louisiane marquant le début de la fin, les colons envahisseurs et destructeurs, les leurres coloniales, les « robes noires », missionnaires d'une religion imposée, la déchéance petit à petit de tout une culture dont il ne reste plus grand chose aujourd'hui. Un rafraîchissement historique nécessaire pour ne pas oublier.

Une richesse émotionnelle, et cette facette prend une certaine ampleur au fil de la lecture. Comment ne pas se sentir honteux face aux réactions du peuple français face à la venue de ces « sauvages du nouveau monde », d'abord curieuse, intéressée puis rapidement hostile et déconcertante. Comment ne pas ressentir d'empathie face à ce peuple autochtone qui prône le respect de la nature, qui jouit de son territoire en osmose avec la faune, qui se voit dépouiller de leur culture, de leur croyance sous prétexte qu'elle soit jugée différente ou archaïque ? Une grande part du roman et du voyage de ces six êtres humains, certes un peu innocents et naïfs à la manière d'un enfant qui découvre le monde mais surtout curieux et très intéressés par la vie des Blancs, est révoltante. Au début adulés, accueillis plus ou moins chaleureusement, ils font les premières pages des gazettes, ils rapportent alors on les exhibe, on profite de leur innocence, de leur non connaissance de la langue et de la culture du pays, on les gâte afin d'éteindre leur méfiance. Les Indiens en voient de toutes les couleurs, sont traités comme des bêtes de foires, des parias, sont abandonnés, seuls en plein hiver rigoureux, et malgré cela font montre d'une rage et d'un entêtement à toutes épreuves, les six amérindiens sont le parfait reflet d'un courage et d'une volonté impressionnante. Ils rencontreront des personnages européens, sensibles à leur histoire, sensibles à ce qui arrive à ce peuple aussi simple que merveilleux, des personnages qui leur apporteront leur aide et qui quelque part redonne un peu d'espoir.

Si personnellement, je devais retenir un seul des six personnages mis en scène, ce serait Soleil Sacrée, un personnage féminin, fort, intelligent, obstinée, qui n'a pas la langue dans sa poche et qui vivra certainement les épreuves les plus obscures. Un personnage vraiment très attachant.

Philippe Brassart réussit ce tour de force d'ouvrir les yeux sur l'intolérance de l'époque malheureusement toujours d'actualité, d'émouvoir sans susciter une once de pitié, de raconter des faits historiques sans longueurs et ennui et surtout d'écrire avec beaucoup de simplicité le rude voyage de ces six Osages chez les Yeux – Pâles. Un vrai plaisir à lire !

En bref, ce roman est un tourment émotionnel et un reflet historique de l'époque du XIXème à travers l'épopée européenne de six amérindiens Osages malmenés alors qu'ils étaient seulement curieux de connaître une autre culture.

Je remercie les éditions Michel Lafon et plus particulièrement Camille pour m'avoir une nouvelle fois fait confiance dans le cadre d'un partenariat.
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Je vais commencer par remercier les éditions Michel lafon de m'avoir permis de découvrir ce livre qui change de ce que je peux lire d'habitude, avec lequel j'ai beaucoup voyagé et continué de découvrir un peuple qui me fascine.

Nous voilà partis pour le 17ème siècle, en compagnie de six indiens de la tribu des Osages. Ceux ci sont authentiques et honnêtes, ils voyagent loin de leurs terres afin de rencontrer celui qu'ils nomment le "grand père blanc" (le roi) de France. Ces guerriers et ces femmes sont des personnes innocentes et vraies. Elles vont découvrir un univers qui leur est inconnu et malheureusement tout ne se passera pas aussi bien qu'ils l'auraient pensé. Car aucun d'eux n'a prévu de servir d'objet, d'être exhibé à la vue de tous, de voir un tas de monde se moquer de leur apparence, leurs vêtements, leurs coutumes.

Les français, et d'autres populations ne voient pas en ces gens des hommes, mais des sauvages. Et le chaperon des indiens, un moyen de se faire beaucoup d'argent. Quelle cruelle désillusion pour les représentants de ce peuple... Surtout que tout ira de mal en pis... Rentreront ils un jour chez eux ? Comment ? Est ce que certains français auront une réelle affection pour eux ? Tant de questions vont finir par se poser pour nos héros perdu dans ce milieu si hostile.

***

Que d'émotions et d'aventure dans ce roman ! J'ai ragé contre les français de l'époque, contre le manque d'humanité qui existe encore aujourd'hui... C'est vraiment dur de voir ce peuple innocent et sincère se faire embarquer dans ce qu'ils n'ont pas voulu, les voir souffrir à cause de l'argent. Des bêtes de foire, voilà ce qu'ils étaient. Paradoxalement, leurs valeurs à eux sont aussi mises en avant et ravivent nos sourires. Prendre soin des personnes agées, ne pas manquer de respect, faire attention à la terre... et tant d'autres petites choses par lesquelles il est facile de se dire que ces hommes sont bels et bien nos égaux, peu importe leur provenance, leurs coutumes et le reste...

J'ai lu de magnifiques leçons de vie, j'ai vécu leurs joies ainsi que leurs peines. J'ai pu m'imaginer le courage qu'il leur a fallu, et ce qu'ils ont pu pensé de nous, de ce qui était appelé, "civilisation". Ils avaient beaucoup à apprendre à notre société mais très rares sont ceux qui leur ont porté attention.

***

Le véritable point fort de ce livre, c'est également qu'il est inspiré de faits réels. En effet, l'auteur est journaliste et nous présente un voyage qui a existé, en compagnie de personnages qui ont réellement vécu. Bien sur certains se sont rajoutés, tout comme des faits, mais régulièrement tout au long de la lectures, des notes nous présentent des détails véridiques sur tel ou tel événement.

Ainsi ces hommes et femmes ne sont pas seulement fiction mais aussi réalité et cela donne une autre dimension à l'histoire.Car on nous demande d'accepter ce que nos ancêtres ont pu faire ou penser, de regarder que même chez nous tout n'est pas toujours rose et que parfois on ferait mieux de réfléchir avant de prendre une décision ou de juger une personne. L'auteur nous incite ainsi à réfléchir, et à apprendre du passé.

***

Je pense qu'un tel roman, poignant et réaliste ne peut que nous toucher. Je le conseille à toute personne qui souhaite se renseigner sur les amérindiens où comment ils ont pu être traités. Il est facile de s'immerger dans l'histoire et de s'attacher aux personnages. Vous ne serez pas déçus de ce petit retour en arrière, troublant et touchant à la fois.
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Tout d'abord, je ne regrette pas d'avoir pris en ma possession ce libre dont dès le premier regard, j'ai tout de suite su que je devais le lire, au moins l'acheter. de plus, le prix était très bas, étant donné que je l'ai acheté dans un magasin du style Troc. Ensuite, le fait que le bouquin traite des Amérindiens m'intéresse énormément, me fascine et dont je pourrais passer des heures à étudier sur les différentes tribus amérindiennes. de plus, je planifie de reprendre mes études au Canada à Montréal, dans le domaine incroyable qu'est l'anthropologie en y ajoutant des études autochtones du Monde et du Canada.
Ce livre décrit de nombreux faits réels, est très bien construit et en plus, est accessible à tous. Son style d'écriture est clair et assez simple.
De plus, les périples de ses six Osages, remplis notre âme et nos pensées de divers émotions. Pour ma part, l'émotion dominant est le sentiment de révolte. J'ai aussi eu beaucoup d'amitié, de reconnaissance envers ces Osages. le plus souvent, je voulais rentrer dans l'histoire pour avoir la possibilité de les aider et de dénoncer Paul Dubois et David Delaunay dès les premières pages.
Pour finir, ce roman que je considère comme un roman historique pour son histoire vraie, me donne une grande envie d'en savoir plus et d'apprendre plus sur nos amis Amérindiens, leurs histoires, leurs cultures, leurs langues... Et surtout les aider pour l'avenir de leurs racines, de leurs pensées, de leur vision du Monde et de notre Terre Mère, et de leurs croyances admirables.

Seul mauvais point que je peux faire remarquer est le fait que le livre traite seulement du voyage des Yeux-Pâles en Europe et qu'on n'a pas un récit, même un petit paragraphe plus ou moins de leurs vies dans la tribu, ou au moins leur départ, leurs préparations pour l'Ancien Monde. On commence la lecture directement lors de leur arrivée sur le Vieux Continent.
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Le Voyage chez les Yeux-Pâles a été une belle découverte. Une lecture aussi passionnante qu'intéressante pour cette partie de l'Histoire que l'on découvre ou redécouvre. le choc des cultures, la mentalité des européens ont toutefois rendu le livre terrible et triste.

J'ai toujours été fascinée par les indiens d'Amérique mais aussi très touchée et en colère pour ces tribus où les us et coutumes ont été piétinés. Les occidentaux n'ont pas apporté à ces humains, très proches de la nature, ce qu'il fallait. Trop de malheurs, trop de mauvaises choses.

Le voyage chez les Yeux-Pâles c'est donc l'histoire de 6 amérindiens, les Osages, qui décident d'aller rencontrer leur Grand-Père Blanc, en France. 4 hommes, 2 femmes. Un voyage bouleversant, des rencontres importantes aussi belles que désastreuses. L'auteur nous offre une palette de personnalités qui ont vécu dans l'Europe du XIXème siècle. Philippe Brassart a fait un formidable travail de recherche et sa culture est riche !

Ce n'est cependant pas un livre très dynamique, certains passages peuvent paraître longs. Mais là n'est pas le but. Je pense qu'il faut retenir de cette histoire les erreurs passées pour ne plus jamais les reproduire. Heureusement, les mentalités évoluent. Tiré d'une histoire vraie, il faut se plonger dans ce livre pour ne pas oublier les épreuves de ces courageux indiens, comme celles d'autres tribus. Ne jamais oublier comment ils ont été traités comme des sauvages, comme des moins que rien. Ridiculisés et moqués par les curieux.

Le Voyage chez les Yeux-Pâles est un livre que je recommande pour tous les passionnés d'histoire.
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Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
Les Blancs, les Robes-Noires en particulier qui les abrutissaient de prêches, voulaient faire d'eux des fermiers; ils étaient dans l'erreur : pour toujours, les premiers occupants de l'Amérique seraient des chasseurs, à l’affût, humant le vent lissant dans le ciel, écoutant les arbres.
-Les Blancs n'écoutent pas, avaient coutume de dire Petit Chef. Ils n'ont jamais écouté les Wah-zha-zhi; ils n'écoutent pas les voix du vent, des rivières. Ils ne savent que détruire. La Terre est "maka", sacrée, elle est notre Mère. Tout ce qui arrive à la Terre arrive aux Fils de la Terre. Nous Wah-zha-zhi, prenons du bois mort pour le feu; les Blancs arrachent les arbres, qui vivent, chantent, souffrent, meurent; ils n'entendent pas les arbres qui leur disent: " Ne me blesse pas."
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- Tout ceci réjouit notre cœur, mais quand allons-nous voir le Grand-Père blanc?
-Bientôt, bientôt, affirma leur cicérone, c'est l'affaire de quelques jours. Une semaine peut-être. Vous attendez depuis des années alors, qu'est-ce qu'une semaine ou deux de plus?
Venu de Paris, un reporter du Corsaire " journal des spectacles, de la littérature, des arts et des modes", suivait tous les déplacements des Osages. Dans les colonnes de son quotidien, il s'indigna : "Objets de la curiosité générale, ils sont accablés d'invitations; mais malheureusement, on leur a enlevé ce qu'ils offraient de plus extraordinaire, la vue de leur costume indien. Depuis quelques jours, on a eu la mauvaise idée de les affubler de longues redingotes bleues et de pantalons qui les rendent tout à fait ridicule."
Le but de ce voyage en France était obscur. Un Chef. L'Osage le regarda droit dans les yeux, comme s'il sondait son âme, et lui dit, index levé : " C'est une très longue histoire."
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Au départ de La Nouvelle-Orléans, Petit Chef, planté sur le quai harangua l'Océan.
-Toi, la Grande Puante, crois-tu nous faire peur?
Non ! Nous sommes partis de notre village pour aller voir nos frères les Français et tous les peuples de l'autre côté du Grand Lac Salé ; la mort seule peut nous empêcher de faire ce voyage.
Pour faire bonne mesure, il adressa ensuite au Grand Esprit une prière:
- ô toi qui as créé ce Grand Lac, qui nous as créés, nous tes enfants, fais en sorte que ces eaux demeurent paisibles et que nous puissions les franchir en toute sécurité.
Solennel, il jeta une pincée de tabac dans les eaux brunes. Puis rien ne retenait les six Osages en Amérique.
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Esprit Noir lui raconta qu'en voyant les premiers chevaux, les Osages avaient cru que le Grand Esprit, dans sa magnanimité, leur faisait don de grands chiens pour tirer plus aisément les lourds chargements lors de leurs déplacements saisonniers. Oui, c'était cela leur vie d'avant : les tipis démontés, le travoi mis en place, deux perches, une peau tendue et l'on entassait dessus les effets, la nourriture, les marmites, les enfants, les vieillards; aidées des chevaux, les femmes tiraient le tout. Sur le lieu de la chasse, l'on remontait les tipis, s'installant de nouveau. C'était une vie d'hommes libres; elle convenait à Esprit Noir.
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Qu'allaient-ils faire à présent ? Si toutes les tribus s'étaient unies face à l'envahisseur au lieu de s'entre-déchirer sous le moindre prétexte, si elles avaient emprunté ensemble le sentier de la guerre quand il en était temps, peut-être auraient-elles pu chasser les Yeux-Pâles.
Maintenant, il est trop tard : le mauvais rêve de Grand Soldats'accomplirait. Dans tout le pays les hommes blancs viendraient en masse, à bord de leurs chariots, précédés par d'autres hommes avec leurs longs couteaux au bout de leurs bâtons-à-feu. Des Indiens courageux résisteraient, se battraient, il y aurait des combats sanglants, des morts, des scalps arrachés, mais les Blancs finiraient par l'emporter. Leur sort était scellé, les menaces, déjà se précisaient. Leur existence d'hommes libres allait prendre fin.Ils n'auraient plus le droit de parler leur langue. Des bruits couraient, insistants, dont on leur avait fait part à Saint Louis: les Indiens seraient contraints, tous, hommes, femmes, enfants, vieillards, de quitter leurs villages pour s'installer plus loi, en un endroit où ils seraient parqués comme du bétail. Dans combien de lunes ? On l'ignorait. On parlait beaucoup, aussi, ce cheval-de-fer qui allait traverser en tous sens les terres des hommes rouges.
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Découvrez l'interview de Philippe Brassart, l'auteur du roman le voyage chez les Yeux-Pâles, préfacé par Marc Levy.
http://www.michel-lafon.fr/livre/1657-Le_voyage_chez_les_Yeux_Pales.html
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